j'ai en vue la tactique existante, celle qui doit être suivie d'après le règlement du parti?.
Un autre délégué, Schulze, de Magdebourg, dit: ?Moi aussi, je désapprouve la politique de Vollmar, mais celui-ci n'a pourtant rien dit d'autre, à mon avis, que ce qui a été fait par toute la fraction?. Et Auerbach, de Berlin, ajoute: ?La fa?on d'agir des membres du Reichstag conduit nécessairement à la tactique de Vollmar?.
Et le docteur Schonlank s'écrie: ?Les discours de Vollmar à Munich eussent été mieux à leur place dans la bouche d'un membre de la ?Volkspartei? que dans celle d'un démocrate-socialiste... à la suite d'un événement imprévu, la chute de Bismarck, Vollmar désire une transformation complète de tendance dans notre mouvement, et non seulement un changement de tactique: il veut remplacer la conception révolutionnaire, suivant laquelle l'oppression actuelle de la classe ouvrière ne pourra être supprimée qu'après une transformation radicale de la production, par un parti ouvrier à l'eau de rose, petit-bourgeois, et il veut que nous nous contentions de ces faibles concessions!?
Auer est du même avis, lorsqu'il dit: ?Vollmar s'est incontestablement prononcé, dans son discours comme dans sa brochure, pour la nécessité d'un changement de la tactique suivie jusqu'ici!? Et après le second discours de Vollmar, Bebel déclare fort justement ?qu'il n'est pas possible d'admettre ce que Vollmar prétend aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il n'ait jamais eu l'idée de proposer une nouvelle ligne de conduite. S'il s'agissait de maintenir l'ancienne, tous ces discours eussent été superflus?. Il voit que Vollmar veut justement le contraire, car ?la réalisation complète de notre programme c'est la chose principale et le reste n'a qu'une importance secondaire?. Il nous importe peu de savoir où nous en sommes au sujet de certaines concessions au moment où nous croyons pouvoir obtenir le tout. Vollmar au contraire déclare le but final comme n'ayant pour l'instant qu'une importance secondaire et comme but principal les revendications directes et immédiatement praticables. _Ceci constitue une telle antithèse de principes, qu'il n'est guère possible d'en concevoir une plus catégorique, et c'est du devoir du Congrès de la résoudre..._?
Avec des discours comme ceux de Vollmar, jamais une démocratie socialiste ne serait née. De semblables idées mènent au socialisme national-libéral, c'est-à-dire à l'introduction de la tactique nationale-libérale dans le parti démocratique socialiste. Bebel donne même une explication de l'évolution de Vollmar en l'attribuant à ses ?conditions de vie personnelle radicalement changées et à la position sociale qu'il a acquise dans les dernières années. Au moment où l'homme qui occupe une place prépondérante dans un mouvement ne se trouve plus en contact ininterrompu avec la foule, parce qu'il est arrivé à une autre situation sociale, le danger na?t qu'il abandonne la voie commune et qu'il perde le sentiment de cohésion avec la masse. Vollmar est, depuis quelques années déjà, plus ou moins isolé, d'un c?té par son état physique et plus encore par des habitudes matérielles plus avantageuses. Il n'arrive que trop souvent, lorsqu'on se trouve dans une position qu'on peut considérer soi-même comme satisfaisante, de supposer chez la masse affamée les mêmes sentiments de satisfaction et de penser: Les réformes ne sont pas si urgentes; soyons prudents et essayons d'arriver, sans précipitation, peu à peu, à nos fins. Nous avons le temps?.
Cette remarque est sans doute fort judicieuse et pratique, mais il y a une chose qui nous étonne, c'est qu'aucun des soi-disant Jeunes gens ne se soit levé pour dire à Bebel: ?Est-ce que cette explication de la fa?on d'agir de Vollmar n'est pas également applicable à vous et aux v?tres? Est-ce que le reproche que nous vous adressons d'avoir abandonné les idées révolutionnaires, jadis défendues par vous et suivies par nous sous votre direction, n'a pas les mêmes motifs que ceux que vous attribuez si justement à Vollmar??
Combien Bebel est révolutionnaire lorsqu'il se trouve en face de Vollmar! Et comme son discours peut servir aux Jeunes, contre lui-même, avec la légende: De re fabula narratur. C'est de toi qu'il s'agit. ?Si nous faisions ce que désire Vollmar, nous deviendrions fatalement un parti opportuniste dans le plus mauvais sens du mot. Une pareille transformation serait pour le parti la même chose que si l'on brisait la colonne vertébrale à un être organique quelconque, auquel on demanderait ensuite les mêmes efforts qu'auparavant. Voilà pourquoi je m'oppose à ce que l'on brise l'épine dorsale à la démocratie socialiste, c'est-à-dire à ce que l'on refoule au second plan son principe essentiel: la lutte des classes pauvres contre les classes dirigeantes et l'autorité de l'état, pour le remplacer par une agitation édulcorée et par la lutte exclusivement en vue de revendications dites pratiques.?
Donc, Bebel, Liebknecht, Auer, Fischer, etc., tous sont d'avis que Vollmar, dans ses discours de Munich, a réellement proposé une nouvelle tactique. Là-dessus il y avait unanimité d'appréciation, même après les discours prononcés par Vollmar au Congrès.
En effet, Liebknecht ne
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