Le robinson suisse | Page 2

Johann David Wyss
naufragé de Wyss n'est pas jeté seul sur une île déserte: il parvient à
sauver sa famille du naufrage. Ce sera alors l'occasion pour le père de prodiguer à ses
enfants de sages conseils._
Le Robinson Suisse _fut publié par le fils de Wyss, Johann Rudolph, professeur de
philosophie à l'Académie de Berne. L'ouvrage fut traduit en français, en 1824, par la
baronne de Montolieu._

Préface
_Moins populaire que le livre de Daniel De Foe, parce qu'il n'a pas servi à l'amusement et
à l'instruction d'un aussi grand nombre de générations, le Robinson suisse est destiné à
prendre place à côté du_ Robinson anglais _lorsqu'il sera mieux connu, et que la haute
idée morale qui s'y trouve si dramatiquement développée aura été plus sérieusement et
plus fréquemment appréciée._
_Daniel De Foe n'a mis en scène qu'un homme isolé, sans expérience et sans
connaissance du monde, tandis que Wyss a raconté les travaux, les efforts de toute une
famille, pour se créer des moyens d'existence avec les ressources de la nature et celles
que donnent au chef de cette famille les lumières de la civilisation. Les personnages
eux-mêmes intéressent davantage les jeunes lecteurs auxquels ce livre est destiné. Ce sont,
comme eux, des enfants de différents âges et de caractères variés, qui, par leurs dialogues
naïfs, rompent agréablement la monotonie du récit individuel, défaut que l'admirable
talent de l'auteur anglais n'a pas toujours pu éviter. Le style de Wyss, dans sa simplicité et
dans la puérilité apparente des détails, est merveilleusement approprié à l'esprit de ses
lecteurs; un enfant, dans ses premières compositions, ne penserait pas autrement. Prier
Dieu, s'occuper des repas que la prévoyance de ses parents lui a préparés, se livrer à des
amusements variés, n'est-ce pas tout l'emploi du temps de l'enfance? C'est là, n'en
doutons pas, une des principales causes du vif plaisir que procure la lecture du Robinson
suisse, même à des hommes faits qui ne s'en sont jamais rendu raison._
_Il est cependant un reproche qu'on peut adresser à Wyss, et que ne mérite pas son
devancier. Robinson, dans son île, ne trouve que les animaux et les plantes qui peuvent
naturellement s'y rencontrer d'après sa position géographique. Wyss, au contraire, a réuni
dans l'île du naufragé suisse tous les animaux, tous les arbres, toutes les richesses

végétales et minérales que la nature a répandues avec profusion dans les délicieuses îles
de l'océan Pacifique; et cependant chaque contrée a sa part dans cette admirable
distribution des faveurs de la Providence: les plantes, les animaux de la
Nouvelle-Hollande ne sont pas ceux de la Nouvelle-Zélande et de Taïti. Le but de l'auteur
a été de faire passer sous nos yeux, dans un cadre de peu d'étendue, les productions
propres à tous les pays avec lesquels nous sommes peu familiarisés, ce qui excuse en
quelque sorte cette réunion sur un seul point de l'Océan de tout ce qui ne se rencontre que
dans une multitude d'îles diverses._
_Les descriptions n'ont pas toujours l'exactitude réclamée par les naturalistes; dans
quelques circonstances, la vérité a été sacrifiée à l'intérêt. C'est pour ne pas nuire à cet
intérêt que nous n'avons rien changé aux descriptions, quoiqu'il nous eût été facile de les
rectifier._
_Mais combien ces taches ne sont-elles pas effacées par les leçons admirables de
résignation, de courage et de ferme persévérance qu'on y trouve à chaque page! Vouloir,
c'est pouvoir, a-t-on dit; jamais cette maxime n'avait été développée sous une forme plus
heureuse et plus dramatique. Robinson avait déjà montré, il est vrai, comment on parvient
à pourvoir aux premiers besoins de la vie solitaire. Ici, dès les premiers pas, ces cruelles
nécessités n'existent plus; ce sont les jouissances de la vie sociale qu'il faut satisfaire et
les persévérants efforts des naufragés pour arriver à ce but obtiennent un tel succès, qu'ils
parviennent même à se créer un musée._
_Comme dans son modèle, à chaque page Wyss a semé les enseignements sublimes de la
morale évangélique; tout est rapporté par lui à l'auteur de toutes choses, et l'orgueil
humain est constamment abaissé devant la grandeur et la bonté de Dieu. L'ouvrage a été
écrit par un auteur protestant, mais avec une telle mesure, qu'il a suffi de quelques légères
corrections pour le rendre tout à fait propre à des lecteurs catholiques._
_Wyss a cru devoir se dispenser d'entrer dans des détails d'avant-scène; l'action
commence au moment même du naufrage, et, semblable à un auteur dramatique, il ne
nous fait connaître les acteurs que par leur langage et leurs actions. Ainsi que lui, nous
renvoyons à la narration le lecteur, qui sera bientôt familiarisé avec les personnages._
Friedrich Muller.

TOME I

CHAPITRE I
Tempête.--Naufrage.--Corsets natatoires.--Bateau de cuves.
La tempête durait depuis six mortels jours, et, le septième, sa violence, au lieu de
diminuer, semblait augmenter encore. Elle
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