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Le peche de Monsieur Antoine I, by George Sand
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Title: Le peche de Monsieur Antoine I
Author: George Sand
Release Date: May 17, 2004 [EBook #12367]
Language: French
Character set encoding: ASCII
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE PECHE DE MONSIEUR ANTOINE I ***
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OEUVRES DE GEORGE SAND
LE PECHE DE M. ANTOINE I
NOTICE
J'ai ecrit le Peche de monsieur Antoine a la campagne, dans une phase de calme exterieur et interieur, comme il s'en rencontre peu dans la vie des individus. C'etait en 1845, epoque ou la critique de la societe reelle et le reve d'une societe ideale atteignirent dans la presse un degre de liberte de developpement comparable a celui du XVIIIe siecle. On croira peut-etre avec peine, un jour, le petit fait tres-caracteristique que je vais signaler.
Pour etre libre, a cette epoque, de soutenir directement ou indirectement les theses les plus hardies contre le vice de l'organisation sociale, et de s'abandonner aux esperances les plus vives du sentiment philosophique, il n'etait guere possible de s'adresser aux journaux de l'opposition. Les plus avances n'avaient malheureusement pas assez de lecteurs pour donner une publicite satisfaisante a l'idee qu'on tenait a emettre. Les plus moderes nourrissaient une profonde aversion pour le socialisme, et, dans le courant des dix dernieres annees de la monarchie de Louis-Philippe, un de ces journaux de l'opposition reformiste, le plus important par son anciennete et le nombre de ses abonnes, me fit plusieurs fois l'honneur de me demander un roman-feuilleton, toujours a la condition qu'il ne s'y trouverait aucune espece de tendance socialiste.
Cela etait bien difficile, impossible peut-etre, a un esprit preoccupe des souffrances et des besoins de son siecle. Avec plus ou moins de detours habiles, avec plus ou moins d'effusion et d'entrainement, il n'est guere d'artiste un peu serieux qui ne se soit laisse impressionner dans son oeuvre par les menaces du present ou les promesses de l'avenir. C'etait, d'ailleurs, le temps de dire tout ce qu'on pensait, tout ce qu'on croyait. On le devait, parce qu'on le pouvait. La guerre sociale ne paraissant pas imminente, la monarchie, ne faisant aucune concession aux besoins du peuple, semblait de force a braver plus longtemps qu'elle ne l'a fait le courant des idees.
Ces idees dont ne s'epouvantaient encore qu'un petit nombre d'esprits conservateurs, n'avaient encore reellement germe que dans un petit nombre d'esprits attentifs et laborieux. Le pouvoir, du moment qu'elles ne revetaient aucune application d'actualite politique, s'inquietait assez peu des theories, et laissait chacun faire la sienne, emettre son reve, construire innocemment la cite future au coin de son feu, dans le jardin de son imagination.
Les journaux conservateurs devenaient donc l'asile des romans socialistes. Eugene Sue publia les siens dans les Debats et dans le Constitutionnel. Je publiai les miens dans le Constitutionnel, et dans l'Epoque. A peu pres dans le meme temps, le National courait sus avec ardeur aux ecrivains socialistes dans son feuilleton, et les accablait d'injures tres-acres ou de moqueries fort spirituelles.
L'Epoque, journal qui vecut peu, mais, qui debuta par rencherir sur tous les journaux conservateurs et absolutistes du moment, fut donc le cadre ou j'eus la liberte absolue de publier un roman socialiste. Sur tous les murs de Paris on afficha en grosses lettres: Lisez l'Epoque! Lisez le Peche de monsieur Antoine!
L'annee suivante, comme nous errions dans les landes de Crozant et dans les ruines de Chateaubrun, theatre agreste ou s'etait plu ma fiction, un Parisien de nos amis criait facetieusement aux pasteurs a demi sauvages de ces solitudes Avez-vous lu l'Epoque? Avez-vous lu le Peche de monsieur Antoine? Et, en les voyant fuir epouvantes de ces incomprehensibles paroles, il nous disait en riant: "Comme on voit bien que les romans socialistes montent la tete aux habitants des campagnes!..."
Une vieille femme, assez belle diseuse, vint a Chateaubrun me faire une scene de reproches, parce que j'avais fait sur elle et sur son maitre un livre plein de menteries. Elle croyait que j'avais voulu mettre en scene le proprietaire du chateau et elle-meme. Elle avait entendu parler du livre. On lui avait dit qu'il n'y avait pas un mot de vrai. Il fut impossible de lui faire comprendre ce que c'est qu'un roman, et cependant elle en faisait aussi, car elle nous raconta l'assassinat de Louis XVI et de Marie-Antoinette poignardes dans leur carrosse par la populace de Paris. Ceux qui accusent les ecrits
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