Le parfum de la Dame en noir | Page 9

Gaston Leroux
d��p��che de M. Darzac ne signifierait rien si elle ne voulait pas dire que l'autre est revenu.
-- ��videmment!... Mais M. Darzac a pu se tromper!...
-- Oh! M. Darzac n'est pas un enfant qui a peur... cependant, il faut esp��rer, il faut esp��rer, n'est-ce pas, Sainclair? Qu'il s'est tromp��!... Non, non! ?a n'est pas possible, ce serait trop affreux!... trop affreux... Mon ami! Mon ami!... oh! Sainclair, ce serait trop terrible!...?
Je n'avais jamais vu, m��me au moment des pires ��v��nements du Glandier, Rouletabille aussi agit��. Il s'��tait lev��, maintenant... il marchait dans la chambre, d��pla?ait sans raison des objets, puis me regardait en r��p��tant: ?Trop terrible!... trop terrible!?
Je lui fis remarquer qu'il n'��tait point raisonnable de se mettre dans un ��tat pareil, �� la suite d'une d��p��che qui ne prouvait rien et pouvait ��tre le r��sultat de quelque hallucination... Et puis, j'ajoutai que ce n'��tait pas dans le moment que nous allions sans doute avoir besoin de tout notre sang-froid, qu'il fallait nous laisser aller �� de semblables ��pouvantes, inexcusables chez un gar?on de sa trempe.
?Inexcusables!... Vraiment, Sainclair... inexcusables!...
-- Mais, enfin, mon cher... vous me faites peur!... que se passe- t-il?
-- Vous allez le savoir... La situation est horrible... Pourquoi n'est-il pas mort?
-- Et qu'est-ce qui vous dit, apr��s tout, qu'il ne l'est pas.
-- C'est que, voyez-vous, Sainclair... Chut!... Taisez-vous... Taisez-vous, Sainclair!... C'est que, voyez-vous, s'il est vivant, moi, j'aimerais autant ��tre mort!
-- Fou! Fou! Fou! c'est surtout s'il est vivant qu'il faut que vous soyez vivant, pour la d��fendre, elle!
-- Oh! oh! c'est vrai! Ce que vous venez de dire l��, Sainclair!... C'est tr��s exactement vrai!... Merci, mon ami!... Vous avez dit le seul mot qui puisse me faire vivre: ?Elle!? Croyez-vous cela!... Je ne pensais qu'�� moi!... Je ne pensais qu'�� moi!...?
Et Rouletabille ricana, et, en v��rit��, j'eus peur, �� mon tour, de le voir ricaner ainsi et je le priai, en le serrant dans mes bras, de bien vouloir me dire pourquoi il ��tait si effray��, pourquoi il parlait de sa mort �� lui, pourquoi il ricanait ainsi...
?Comme �� un ami, comme �� ton meilleur ami, Rouletabille!... Parle, parle! Soulage-toi!... Dis-moi ton secret! Dis-le moi, puisqu'il t'��touffe!... Je t'ouvre mon coeur...?
Rouletabille a pos�� sa main sur mon ��paule... Il m'a regard�� jusqu'au fond des yeux, jusqu'au fond de mon coeur, et il m'a dit:
?Vous allez tout savoir, Sainclair, vous allez en savoir autant que moi, et vous allez ��tre aussi effray�� que moi, mon ami, parce que vous ��tes bon, et que je sais que vous m'aimez!?
L��-dessus, comme je croyais qu'il allait s'attendrir, il se borna �� demander l'indicateur des chemins de fer.
?Nous partons �� une heure, me dit-il, il n'y a pas de train direct entre la ville d'Eu et Paris, l'hiver; nous n'arriverons �� Paris qu'�� sept heures. Mais nous aurons grandement le temps de faire nos malles et de prendre, �� la gare de Lyon, le train de neuf heures pour Marseille et Menton.?
Il ne me demandait m��me pas mon avis; il m'emmenait �� Menton comme il m'avait emmen�� au Tr��port; il savait bien que dans les conjonctures pr��sentes je n'avais rien �� lui refuser. Du reste, je le voyais dans un ��tat si anormal que, n'e?t-il point voulu de moi, je ne l'aurais pas quitt��. Et puis, nous entrions en pleines vacations et mes affaires du palais me laissaient toute libert��.
?Nous allons donc �� la ville d'Eu? demandai-je.
-- Oui, nous prendrons le train l��-bas. Il faut une demi-heure �� peine pour aller en voiture du Tr��port �� Eu...
-- Nous serons rest��s peu de temps dans ce pays, fis-je.
-- Assez, je l'esp��re... assez pour ce que je suis venu y chercher, h��las!...?
Je pensai au parfum de la Dame en noir, et je me tus. Ne m'avait- il point dit que j'allais tout savoir. Il m'emmena sur la jet��e. Le vent ��tait encore violent et nous d?mes nous abriter derri��re le phare. Il resta un instant songeur et ferma les yeux devant la mer.
?C'est ici, finit-il par dire, que je l'ai vue pour la derni��re fois.?
Il regarda le banc de pierre.
?Nous nous sommes assis l��; elle m'a serr�� sur son coeur. J'��tais un tout petit enfant; j'avais neuf ans... elle m'a dit de rester l��, sur ce banc, et puis elle s'en est all��e et je ne l'ai plus jamais revue... C'��tait le soir... un doux soir d'��t��, le soir de la distribution des prix... Oh! elle n'avait pas assist�� �� la distribution, mais je savais qu'elle viendrait le soir... un soir plein d'��toiles et si clair que j'ai esp��r�� un instant distinguer son visage. Cependant, elle s'est couverte de son voile en poussant un soupir. Et puis elle est partie. Je ne l'ai plus jamais revue.
-- Et vous, mon ami?
-- Moi?
-- Oui; qu'avez-vous fait? Vous ��tes rest�� longtemps sur ce banc?...
-- J'aurais bien voulu... Mais
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