Le parfum de la Dame en noir | Page 7

Gaston Leroux
latin, chez Foyot. Quelle bonne soir��e! Rouletabille avait t��l��phon�� �� Robert Darzac qui vint nous rejoindre au dessert. �� cette ��poque, M. Darzac n'��tait point trop souffrant et l'��tonnant Brignolles n'avait pas encore fait son apparition dans la capitale. On s'amusa comme des enfants. Ce soir d'��t�� ��tait si beau et si doux dans le Luxembourg solitaire.
Avant de quitter Mlle Stangerson, Rouletabille lui demanda pardon de l'humeur bizarre qu'il montrait quelquefois et s'accusa d'avoir, au fond, un tr��s m��chant caract��re. Mathilde l'embrassa et Robert Darzac aussi l'embrassa. Et il en fut si ��mu que, durant le temps que je le reconduisis jusqu'�� sa porte, il ne me dit point un mot; mais, au moment de nous s��parer, il me serra la main comme jamais encore il ne l'avait fait. Dr?le de petit bonhomme!... Ah! si j'avais su!... Comme je me reproche maintenant de l'avoir, par instants, �� cette ��poque, jug�� avec un peu trop d'impatience...
Ainsi, triste, triste, assailli de pressentiments que j'essayais en vain de chasser, je revenais de la gare de Lyon, me rem��morant les innombrables fantaisies, bizarreries, et quelquefois douloureux caprices de Rouletabille au cours de ces deux derni��res ann��es, mais rien, cependant, rien de tout cela ne pouvait me faire pr��voir ce qui venait de se passer, et encore moins me l'expliquer. O�� ��tait Rouletabille? Je m'en fus �� son h?tel, boulevard Saint-Michel, me disant que si, l�� encore, je ne le trouvais pas, je pourrais, au moins, laisser la lettre de Mme Darzac. Quelle ne fut pas ma stup��faction, en entrant dans l'h?tel, d'y trouver mon domestique portant ma valise! Je le priai de m'expliquer ce que cela signifiait, et il me r��pondit qu'il n'en savait rien: qu'il fallait le demander �� M. Rouletabille.
Celui-ci, en effet, pendant que je le cherchais partout, except��, naturellement, chez moi, s'��tait rendu �� mon domicile, rue de Rivoli, s'��tait fait conduire dans ma chambre par mon domestique, lui avait fait apporter une valise et avait soigneusement rempli cette valise de tout le linge n��cessaire �� un honn��te homme qui se dispose �� partir en voyage pour quatre ou cinq jours. Puis, il avait ordonn�� �� mon godiche de transporter ce petit bagage, une heure plus tard, �� son h?tel du boul'Mich'. Je ne fis qu'un bond jusqu'�� la chambre de mon ami o�� je le trouvai en train d'empiler m��ticuleusement dans un sac de nuit des objets de toilette, du linge de jour et une chemise de nuit. Tant que cette besogne ne fut point termin��e, je ne pus rien tirer de Rouletabille, car, dans les petites choses de la vie courante, il ��tait volontiers maniaque et, en d��pit de la modestie de ses ressources, tenait �� vivre fort correctement, ayant l'horreur de tout ce qui touchait de pr��s ou de loin �� la boh��me. Il daigna enfin m'annoncer que ?nous allions prendre nos vacances de Paques?, et que, puisque j'��tais libre et que son journal l'��poque lui accordait un cong�� de trois jours, nous ne pouvions mieux faire que d'aller nous reposer ?au bord de la mer?. Je ne lui r��pondis m��me pas, tant j'��tais furieux de la fa?on dont il venait de se conduire, et aussi tant je trouvais stupide cette proposition d'aller contempler l'oc��an ou la Manche par un de ces temps abominables de printemps qui, tous les ans, pendant deux ou trois semaines, nous font regretter l'hiver. Mais il ne s'��mut point outre mesure de mon silence, et, prenant ma valise d'une main, son sac de l'autre, me poussant dans l'escalier, il me fit bient?t monter dans un fiacre qui nous attendait devant la porte de l'h?tel. Une demi- heure plus tard, nous nous trouvions tous deux dans un compartiment de premi��re classe de la ligne du Nord, qui roulait vers Le Tr��port, par Amiens. Comme nous entrions en gare de Creil, il me dit:
?Pourquoi ne me donnez-vous pas la lettre que l'on vous a remise pour moi??
Je le regardai. Il avait devin�� que Mme Darzac aurait une grande peine de ne l'avoir point vu au moment de son d��part et qu'elle lui ��crirait. ?a n'��tait pas bien malin. Je lui r��pondis:
?Parce que vous ne le m��ritez pas.?
Et je lui fis d'amers reproches auxquels il ne prit point garde. Il n'essaya m��me pas de se disculper, ce qui me mit plus en col��re que tout. Enfin, je lui donnai la lettre. Il la prit, la regarda, en respira le doux parfum. Comme je le consid��rais avec curiosit��, il fron?a les sourcils, dissimulant, sous cette mine r��barbative, une ��motion souveraine. Mais il ne put finalement me la cacher qu'en s'appuyant le front �� la vitre et en s'absorbant dans une ��tude approfondie du paysage.
?Eh bien, lui demandai-je, vous ne la lisez pas?
-- Non, me r��pondit-il, pas ici!... Mais l��-bas!...?
Nous arrivames au Tr��port en pleine nuit noire, apr��s
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