ces trois ��tres! Mais, chose extraordinaire, Mathilde Stangerson n'en paraissait que plus belle encore! Certes, ce n'��tait plus cette magnifique personne, ce marbre vivant, cette antique divinit��, cette froide beaut�� pa?enne qui suscitait, sur ses pas, dans les f��tes officielles de la Troisi��me R��publique, auxquelles la situation en vue de son p��re la for?ait d'assister, un discret murmure d'admiration extasi��e; il semblait, au contraire, que la fatalit��, en lui faisant expier si tard une imprudence commise si jeune, ne l'avait pr��cipit��e dans une crise momentan��e de d��sespoir et de folie que pour lui faire quitter ce masque de pierre derri��re lequel se cachait l'ame la plus d��licate et la plus tendre. Et c'est cette ame, encore inconnue, qui rayonnait ce jour-l��, me semblait-il, du plus suave et du plus charmant ��clat, sur le pur ovale de son visage, dans ses yeux pleins d'une tristesse heureuse, sur son front poli comme l'ivoire, o�� se lisait l'amour de tout ce qui ��tait beau et de tout ce qui ��tait bon.
Quant �� sa toilette, j'avouerai sottement que je ne me la rappelle plus et qu'il me serait impossible de dire m��me la couleur de sa robe. Mais ce dont je me souviens, par exemple, c'est de l'expression ��trange que prit soudain son regard en ne d��couvrant point parmi nous celui qu'elle cherchait. Elle ne parut redevenir tout �� fait calme et ma?tresse d'elle-m��me que lorsqu'elle eut enfin aper?u Rouletabille derri��re son pilier. Elle lui sourit et nous sourit aussi, �� notre tour.
?Elle a encore ses yeux de folle!?
Je me retournai vivement pour voir qui avait prononc�� cette phrase abominable. C'��tait un pauvre sire, que Robert Darzac, dans sa bont��, avait fait nommer aide de laboratoire, chez lui, �� la Sorbonne. Il se nommait Brignolles et ��tait vaguement cousin du mari��. Nous ne connaissions point d'autre parent �� M. Darzac, dont la famille ��tait originaire du midi. Depuis longtemps, M. Darzac avait perdu son p��re et sa m��re; il n'avait ni fr��re ni soeur et semblait avoir rompu toute relation avec son pays, d'o�� il n'avait rapport�� qu'un ardent d��sir de r��ussir, une facult�� de travail exceptionnelle, une intelligence solide et un besoin naturel d'affection et de d��vouement qui avait trouv�� avidement l'occasion de se satisfaire aupr��s du professeur Stangerson et de sa fille. Il avait aussi rapport�� de la Provence, son pays natal, un doux accent qui avait fait d'abord sourire ses ��l��ves de la Sorbonne, mais que ceux-ci avaient aim�� bient?t comme une musique agr��able et discr��te qui att��nuait un peu l'aridit�� n��cessaire des cours de leur jeune ma?tre, d��j�� c��l��bre.
Un beau matin du printemps pr��c��dent, il y avait par cons��quent un an environ de cela, Robert Darzac leur avait pr��sent�� Brignolles. Il venait tout droit d'Aix o�� il avait ��t�� pr��parateur de physique et o�� il avait d? commettre quelque faute disciplinaire qui l'avait jet�� tout �� coup sur le pav��; mais il s'��tait souvenu �� temps qu'il ��tait parent de M. Darzac, avait pris le train pour Paris et avait su si bien attendrir le fianc�� de Mathilde Stangerson que celui-ci, le prenant en piti��, avait trouv�� le moyen de l'associer �� ses travaux. �� ce moment, la sant�� de Robert Darzac ��tait loin d'��tre florissante. Elle subissait le contrecoup des formidables ��motions qui l'avaient assaillie au Glandier et en cour d'assises; mais on e?t pu croire que la gu��rison, d��sormais assur��e, de Mathilde, et que la perspective de leur prochain hymen auraient la plus heureuse influence sur l'��tat moral et, par contrecoup, sur l'��tat physique du professeur. Or, nous remarquames tous au contraire que, du jour o�� il s'adjoignit ce Brignolles, dont le concours devait lui ��tre, disait-il, d'un pr��cieux soulagement, la faiblesse de M. Darzac ne fit qu'augmenter. Enfin, nous constatames aussi que Brignolles ne portait pas chance, car deux facheux accidents se produisirent coup sur coup au cours d'exp��riences qui semblaient cependant ne devoir pr��senter aucun danger: le premier r��sulta de l'��clatement inopin�� d'un tube de Gessler dont les d��bris eussent pu dangereusement blesser M. Darzac et qui ne blessa que Brignolles, lequel en conservait encore aux mains quelques cicatrices. Le second, qui aurait pu ��tre extr��mement grave, arriva �� la suite de l'explosion stupide d'une petite lampe �� essence, au-dessus de laquelle M. Darzac ��tait justement pench��. La flamme faillit lui br?ler la figure; heureusement, il n'en fut rien, mais elle lui flamba les cils et lui occasionna, pendant quelque temps, des troubles de la vue, si bien qu'il ne pouvait plus supporter que difficilement la pleine lumi��re du soleil.
Depuis les myst��res du Glandier, j'��tais dans un ��tat d'esprit tel que je me trouvais tout dispos�� �� consid��rer comme peu naturels les ��v��nements les plus simples. Lors de ce dernier accident, j'��tais pr��sent, ��tant venu chercher M. Darzac �� la Sorbonne. Je conduisis moi-m��me notre ami
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