o�� ils s'enferm��rent. Mais, par un sentiment de pudeur non raisonn��, la jeune baronne de Blanchemont, tirant de sa poche une jolie et menue bo?te de cuir de Russie, fit jaillir une ��tincelle, alluma une bougie plac��e et comme cach��e d'avance dans un coin, et le jeune homme, craintif et respectueux, l'aida na?vement �� ��clairer l'int��rieur du pavillon. Il ��tait si heureux de pouvoir la regarder!
La serre ��tait ferm��e de larges volets en plein bois. Un banc de jardin, quelques caisses vides, des instruments d'horticulture, et la petite bougie qui n'avait m��me pas d'autre flambeau qu'un pot �� fleurs demi-bris��, tel ��tait l'ameublement et l'��clairage de ce boudoir abandonn�� qui avait servi de retraite voluptueuse �� quelque marquise du temps pass��.
Leur descendante, la blonde Marcelle, ��tait aussi chastement et aussi simplement mise que doit l'��tre une veuve pudique. Ses beaux cheveux dor��s tombant sur son fichu de cr��pe noir ��taient sa seule parure. La d��licatesse de ses mains d'albatre et de son pied chauss�� de satin, ��taient les seuls indices r��v��lateurs de son existence aristocratique. On e?t pu d'ailleurs la prendre pour la compagne naturelle de l'homme qui ��tait �� genoux aupr��s d'elle, pour une grisette de Paris; car il est des grisettes qui ont au front une dignit�� de reine et une candeur de sainte.
Henri L��mor ��tait d'une figure agr��able, plut?t intelligente et distingu��e que belle. Ses cheveux noirs et abondants assombrissaient sa physionomie d��j�� brune et fort pale. On voyait bien l�� que c'��tait un enfant de Paris, fort par sa volont��, d��licat par son organisation. Son habillement, propre et modeste, n'annon?ait que l'humble m��diocrit��; sa cravate assez mal nou��e r��v��lait une grande absence de coquetterie ou une habitude de pr��occupation; ses gants bruns suffisaient �� prouver que ce n'��tait pas l��, comme se seraient exprim��s les laquais de l'h?tel de Blanchemont, un homme fait pour ��tre le mari ou l'amant de madame.
Ces deux jeunes gens, �� peine plus ag��s l'un que l'autre, avaient pass�� plus d'une fois de doux instants dans le pavillon pendant les heures myst��rieuses de la nuit; mais, depuis un mois qu'ils ne s'��taient vus, de grandes anxi��t��s avaient assombri le roman de leur amour. Henri L��mor ��tait tremblant et comme constern��. Marcelle de Blanchemont semblait glac��e de crainte. Il se mit �� genoux devant elle comme pour la remercier de lui avoir accord�� un dernier rendez-vous; mais il se releva bient?t sans lui rien dire, et son attitude ��tait contrainte, presque froide.
--Enfin!... lui dit-elle avec effort en lui tendant une main qu'il porta �� ses l��vres par un mouvement presque convulsif, et sans que sa physionomie s'��clairat du moindre rayon de joie.
Il ne m'aime plus, pensa-t-elle en portant ses deux mains devant ses yeux. Et elle resta muette et glac��e d'effroi.
--_Enfin?_ r��p��ta L��mor. N'est-ce pas _d��j��_ que vous vouliez dire? J'aurais d? avoir la force d'attendre plus longtemps; je ne l'ai pas eue, pardonnez-moi.
--Je ne vous comprends pas! dit la jeune veuve en laissant retomber ses mains avec accablement.
L��mor vit ses yeux humides, et se m��prit sur la cause de son ��motion.
--Oh! oui, reprit-il, je suis coupable; je vois �� votre douleur les remords que je vous cause. Ces quatre semaines m'ont paru si longues, �� moi, que je n'ai pas eu le courage de me dire que c'��tait trop peu! Aussi, �� peine vous avais-je ��crit, ce matin, pour vous demander la permission de vous voir, que je m'en suis repenti. J'ai rougi de ma lachet��, je me suis reproch�� les scrupules que je for?ais votre conscience �� ��touffer; et quand j'ai re?u votre r��ponse, si s��rieuse et si bonne, j'ai compris que la piti�� seule me rappelait aupr��s de vous.
--Oh! Henri, que vous me faites de mal en parlant ainsi! Est-ce un jeu, est-ce un pr��texte? Pourquoi avoir demand�� de me voir, si vous me revenez avec si peu de bonheur et de confiance?
Le jeune homme tressaillit, et se laissant retomber aux pieds de sa ma?tresse:
--J'aimerais mieux de la hauteur et des reproches, dit-il; votre bont�� me tue!
--Henri! Henri! s'��cria Marcelle, vous avez donc eu des torts envers moi? Oh! vous avez l'air d'un criminel! Vous m'avez oubli��e ou m��connue, je le vois bien!
--Ni l'un, ni l'autre; pour mon malheur ��ternel, je vous respecte, je vous adore, je crois en vous comme en Dieu, je ne puis aimer que vous sur la terre!
--Eh bien! dit la jeune femme en jetant ses bras autour de la t��te brune du pauvre Henri, ce n'est pas un si grand malheur que de m'aimer ainsi, puisque je vous aime de m��me. ��coutez, Henri, me voil�� libre, je n'ai rien �� me reprocher. J'ai si peu souhait�� la mort de mon mari, que jamais je ne m'��tais permis de penser �� ce que je ferais de ma libert�� si elle venait �� m'��tre rendue. Vous le
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