stricte réclusion. Toutes ces questions et toutes les réponses portèrent sur les sorties nocturnes du vieillard, sur l'existence isolée de l'enfant pendant ces heures d'absence, sur la maladie du grand- père et sa guérison, sur la prise de possession de la maison par Quilp, et sur la disparition soudaine du vieillard et de Nelly. Finalement, Kit apprit au gentleman que la maison était à louer, et que l'écriteau placé au-dessus de la porte renvoyait pour tous renseignements à M. Samson Brass, procureur, à Bevis Marks, lequel donnerait peut-être de plus amples détails.
-- J'ai peur d'en être pour mes frais, dit le gentleman, qui secoua la tête. Je demeure dans sa maison.
-- Vous demeurez chez l'attorney Brass!... s'écria M. Witherden un peu surpris, car sa profession le mettait en rapport avec le procureur: il connaissait l'homme.
-- Oui, répondit l'étranger, depuis quelques jours la lecture de l'écriteau m'a déterminé par hasard à prendre un appartement chez lui. Peu m'importe le lieu où je demeure; mais j'espérais trouver là quelques indications que je ne pourrais trouver ailleurs. Oui, je demeure chez Brass, à ma honte, n'est-ce pas?
-- Mon Dieu! dit le notaire en levant les épaules, c'est une question délicate: tout ce que je sais, c'est que Brass passe pour un homme d'un caractère douteux.
-- Douteux? répéta l'étranger. Je suis charmé d'apprendre qu'il y ait quelque doute à cet égard. Je supposais que l'opinion était fixée depuis longtemps sur ce personnage. Mais me permettriez-vous de vous dire deux ou trois mots en particulier??
M. Witherden y consentit. Ils entrèrent dans le cabinet du notaire, où ils causèrent un quart d'heure environ; après quoi, ils revinrent à l'étude. L'étranger avait laissé son chapeau dans le cabinet de M. Witherden, et semblait s'être posé sur un pied d'amitié pendant ce court intervalle.
?Je ne veux pas vous retenir davantage, dit-il à Kit en lui mettant un écu dans la main et dirigeant un regard vers le notaire. Vous entendrez parler de moi. Mais pas un mot de tout ceci, sinon à votre ma?tre et à votre ma?tresse.
-- Ma mère serait bien contente de savoir... dit Kit en hésitant.
-- Contente de savoir quoi?
-- Quelque chose... d'agréable pour miss Nelly.
-- En vérité?... Eh bien, vous pouvez l'en instruire si elle est capable de garder un secret. Mais du reste songez-y, pas un mot de ceci à aucune autre personne. N'oubliez point mes recommandations. Soyez discret.
-- Comptez sur moi, monsieur, dit Kit. Je vous remercie, monsieur, et vous souhaite le bonjour.?
Le gentleman, dans son désir de bien faire comprendre à Kit qu'il ne devait parler à personne de ce qui avait eu lieu entre eux, le suivit jusqu'en dehors de la maison pour lui répéter ses recommandations. Or, il arriva qu'en ce moment M. Richard Swiveller, qui passait par là, tourna les yeux de ce c?té et aper?ut à la fois Kit et son mystérieux ami.
C'était un simple hasard dont voici la cause. M. Chukster, étant un gentleman d'un go?t cultivé et d'un esprit raffiné, appartenait à la Loge des Glorieux Apollinistes, dont M. Swiveller était président perpétuel. M. Swiveller, conduit dans cette rue en vertu d'une commission que lui avait donnée M. Brass et apercevant un membre de sa Glorieuse Société qui veillait sur un poney, traversa la rue pour donner à M. Chukster cette fraternelle accolade qu'il est du devoir des présidents perpétuels d'octroyer à leurs co- sociétaires. à peine lui avait-il serré les mains en accompagnant cette démonstration de remarques générales sur le temps qu'il faisait, que, levant les yeux, il aper?ut le gentleman de Bevis Marks en conversation suivie avec Christophe Nubbles.
?Oh! oh! dit Richard, qui est là?
-- C'est un monsieur qui est venu voir mon patron ce matin, répondit M. Chukster; je n'en sais pas davantage, je ne le connais ni d'ève ni d'Adam.
-- Au moins, savez-vous son nom??
à quoi M. Chukster répondit, avec l'élévation de langage particulière à un membre de la Société des Glorieux Apollinistes, qu'il voulait être ?éternellement sanctifié? s'il s'en doutait seulement.
?Tout ce que je sais, mon cher, ajouta-t-il en passant les doigts dans ses cheveux, c'est que ce monsieur est cause que je suis debout ici depuis vingt minutes, et que pour cette raison je le hais d'une haine mortelle et impérissable, et que, si j'en avais le temps, je le poursuivrais jusqu'aux confins de l'éternité.?
Tandis qu'ils discouraient ainsi, celui qui faisait le sujet de leur entretien et qui, par parenthèse, n'avait pas paru reconna?tra M. Richard Swiveller, rentra dans la maison. Kit rejoignit les deux causeurs; M. Swiveller lui adressa sans plus de succès des questions sur l'étranger.
?C'est un excellent homme, monsieur, dit Kit; c'est tout ce que j'en sais.?
Cette réponse redoubla la mauvaise humeur de M. Chukster qui, sans faire d'allusion directe, dit en thèse générale qu'on ferait bien de casser la tête à tous les Snobs et
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