Mais, nous l'avons dit, c'��tait un dimanche, les ma?tres ��taient �� la campagne; le portier, se doutant qu'on chercherait �� empoisonner son jour dominical, et qu'il n'aurait pas m��me, ce jour-l��, le repos que Dieu s'��tait accord�� �� lui- m��me, avait pr��venu tous les domestiques de la maison. Il se pla?a derri��re les chanteurs, ferma la porte de la rue, fit un signal convenu d'avance et sur lequel cinq ou six domestiques accoururent �� son aide, de sorte que les troubadours, forc��s de convertir en armes d��fensives leurs instruments de musique, ne sortirent de l�� que le manche de leur guitare �� la main.
Des d��tails de ce combat terrible, personne ne sut jamais rien, les combattants les ayant gard��s pour eux; mais on sut qu'il avait eu lieu, et, d��s lors, le portier du n�� 8 de la rue de la Chauss��e-d'Antin fut mis au ban de la litt��rature.
�� partir de ce moment, la vie de ce malheureux devint un enfer anticip��. On ne respecta plus m��me le repos de ses nuits; tout litt��rateur attard�� dut faire le serment de rentrer �� son domicile par la rue de la Chauss��e-d'Antin, ce domicile f?t-il �� la barri��re du Maine.
Cette pers��cution dura plus de trois mois. Au bout de ce temps, comme un nouveau visage se pr��sentait pour faire la demande accoutum��e, la femme Pipelet, tout en pleurs, annon?a que son mari, succombant �� l'obsession, venait d'��tre conduit �� l'h?pital sous le coup d'une fi��vre c��r��brale.
Le malheureux avait le d��lire, et, dans son d��lire, ne cessait de r��p��ter avec rage le refrain infernal qui lui co?tait la raison et la sant��.
Ce Pipelet n'est autre que le Pipelet des _Myst��res de Paris, _et Eug��ne Sue s'est peint lui-m��me dans le rapin Cabrion.
La campagne d'Alger arriva; Gudin partit pour l'Afrique; les deux amis se trouv��rent s��par��s; Eug��ne Sue se remit �� la litt��rature.
_Atar-Gull, _un de ses romans les plus complets, fut commenc�� �� cette ��poque.
Puis vint la r��volution de juillet.
Eug��ne Sue fit alors, avec Desforges, une com��die intitul��e _le Fils de l'Homme._
Les souvenirs de jeunesse se r��veillaient chez Eug��ne Sue; il se rappelait que Jos��phine avait ��t�� sa marraine et qu'il portait le pr��nom du prince Eug��ne.
La com��die faite, elle resta l��; la r��action orl��aniste avait ��t�� plus vite que les auteurs.
D'ailleurs, Desforges, l'un des coupables, ��tait devenu le secr��taire du mar��chal Soult. On comprend que le mar��chal Soult, qui devait tout �� Napol��on, aurait eu de grandes r��pugnances �� voir jouer une pi��ce en l'honneur de son fils.
Mais l'amour-propre d'auteur est une passion bien imp��rieuse; on a vu de pauvres filles trahir leur maternit�� par leur amour maternel.
Un jour, Desforges avait d��jeun�� avec Volnys; apr��s ce d��jeuner, il tira la pi��ce incendiaire de son carton et la lut �� Volnys.
Volnys ��tait fils d'un g��n��ral de l'Empire qui n'avait pas ��t�� fait mar��chal; son coeur se fondit �� cette lecture.
-- Laissez-moi le manuscrit, dit-il; je veux relire cela.
Desforges laissa le manuscrit; six semaines s'��coul��rent. Le bruit se r��pandit sourdement dans le monde litt��raire qu'il se pr��parait un grand ��v��nement au Vaudeville.
On demandait ce que pouvait ��tre cet ��v��nement; Bossange ��tait alors directeur du Vaudeville; Bossange, le collaborateur de Souli�� dans deux ou trois drames; Bossange, qui ��tait alors et qui est encore aujourd'hui un des hommes les plus spirituels de Paris, D��jazet ��tait un des principaux sujets de son th��atre.
On les savait capables de tout �� eux deux.
Un soir, Desforges, curieux de savoir quel ��tait cet ��v��nement litt��raire que couvait le Vaudeville, ��tait venu dans les coulisses. Il rencontre Bossange et veut l'interroger �� ce sujet. Mais Bossange ��tait trop affair��.
-- Ah! mon cher, lui dit-il, je ne puis rien entendre ce soir: imaginez-vous qu'Armand est malade et nous fait manquer le spectacle, de sorte que nous sommes oblig��s de donner au pied lev�� une pi��ce qui ��tait en r��p��tition et qui n'��tait pas sue. Voyons, monsieur le r��gisseur, D��jazet est-elle pr��te?
-- Oui, monsieur Bossange.
-- Alors, frappez les trois coups et faites l'annonce que vous savez.
On frappa les trois coups; on cria: ?Place au th��atre!? et force fut �� Desforges de se ranger comme les autres derri��re un chassis.
Le r��gisseur, en cravate blanche, en habit noir, entra en sc��ne et dit, apr��s les trois saluts d'usage:
-- Messieurs, un de nos artistes se trouvant indispos�� au moment de lever le rideau, nous sommes forc��s de vous donner, �� la place de la seconde pi��ce, une pi��ce nouvelle qui ne devait passer que dans trois ou quatre jours. Nous vous supplions d'accepter l'��change.
Le public, auquel on donnait une pi��ce nouvelle au lieu d'une vieille, couvrit d'applaudissements le r��gisseur. La toile tomba pour se relever presque aussit?t. En ce moment, D��jazet descendait de sa loge en uniforme de colonel autrichien.
-- Ah! mon Dieu! s'��cria Desforges, �� qui un ��clair traversa le cerveau, que joues-tu donc l��?
-- Ce
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