de nos aimables h?tes et amis, M. et Mme B... �� l'int��rieur, toutes les fantaisies raffin��es que le luxe moderne peut inventer; �� l'ext��rieur, de riches sculptures, des colonnes, des balustres, et tout �� l'entour de grands arbres ombreux tamisant la lumi��re qui se joue sur les gazons souples comme des tapis de velours; des ruisseaux limpides o�� nagent des ondes bleues et des poissons rouges, et enfin un jardin d'hiver, ou plut?t une grotte merveilleuse faisant r��ver le soir, lorsqu'elle est illumin��e, aux descriptions enchant��es des Mille et une nuits. Comme contraste nous sommes all��es visiter le Temple protestant, dont la s��v��rit�� ne dit rien du tout �� l'ame. On a bien tort de reprocher au catholicisme la pompe de son culte; ses riches autels, ses statues, ses madones, ses beaux tableaux, retra?ant la vie du Sauveur et celle des saints, nous parlent bien mieux du Ciel que toutes ces sentences de la Bible incrust��es sur les parois du Temple; sentences ��ternelles comme la pierre qui les garde, mais aussi froides qu'elle.
Maman m'a ��galement men��e �� son ancienne pension. Il y avait bien longtemps qu'elle n'y ��tait retourn��e, et elle a cherch�� en vain les personnes et les choses de son temps. L'immutabilit�� n'est pas de ce monde! Elle n'a pu retrouver aucune de ses ma?tresses, les unes appel��es ailleurs, les autres parties pour le grand voyage... Et cependant toutes ces bonnes religieuses l'ont re?ue comme l'enfant de la maison, et maman �� son tour semblait se trouver �� l'aise, comme si elle les avait toujours connues.
Nous avons tout visit��: la chapelle, les dortoirs, les classes. Ici ��tait mon pupitre, l�� mon lit, disait maman; mais partout des m��tamorphoses! L'eau, la lumi��re, la chaleur sont maintenant dispens��es dans toute la maison par des proc��d��s savants et ing��nieux, mais non pratiqu��s autrefois.
Maman cherchait aussi partout les beaux arbres grav��s dans sa m��moire, et surtout les belles charmilles imp��n��trables aux rayons et aux brumes. Plus rien de tout cela! Des massifs, des pelouses, des all��es tournantes, enfin, ces jardins �� la mode du jour qu'on est convenu d'appeler jardins anglais.
En nous en allant, maman me disait:
?Ainsi va le monde, chaque g��n��ration passe son temps �� d��truire et �� refaire les travaux de la g��n��ration pr��c��dente, et �� pr��parer ainsi de l'ouvrage pour celle qui vient. Vois comme le luxe gagne et s'introduit partout. Crois-tu que nos grosses lampes �� l'huile ne valaient pas le gaz? Elles ��taient infiniment meilleures, et ne fatiguaient pas la vue. Crois-tu que l'eau vive, tir��e du puits, ne valait pas autant que celle qui a circul�� longtemps dans des canaux et s��journ�� ensuite dans de vastes r��servoirs? Crois-tu que nous avions besoin alors de calorif��res pour nous r��chauffer? Non; je t'assure que toutes ces d��licatesses de confort ne font pas les robustes sant��s. Je veux bien croire que l'an��mie ne soit pas seulement une maladie �� la mode; cependant, autrefois personne n'en parlait. On s'ing��nie �� raffiner les besoins de la vie; les exigences du bien-��tre, et l'on appelle cela progr��s, civilisation; mais ne se trompe-t-on pas sur la port��e de ces mots, et surtout sur la valeur de ce bien-��tre mat��riel dont toutes les classes sont devenues si avides? Faire fortune par n'importe quel moyen et jouir, n'est-ce pas le principal r��sultat du luxe et des app��tits insatiables? Il est reconnu que tous les peuples ont ��t�� vaincus par les d��lices de la fortune avant de l'��tre par leurs conqu��rants. Les hommes sobres, qui se l��vent matin, dorment �� cheval, et n'accordent rien aux superfluit��s de l'existence, ont le secret des races fortes. Tant que Rome chercha ses s��nateurs et ses conseillers dans le calme et la simplicit�� des champs, elle eut des hommes si grands qu'elle aurait pu conqu��rir le monde. Plus tard, elle s'eff��mina et s'amollit en prenant aux peuples vaincus par elle leur luxe et leurs plaisirs, et fut, �� son tour, vaincue par leurs vices devenus les siens propres.?
Maman ��tait en verve, et sa tirade tournait au discours, lorsque nous sommes rentr��es; mais nos petits pr��paratifs de toilette pour le d?ner, assez nombreux ce jour-l��, ont mis fin �� son ��loquence, ce dont je n'ai point ��t�� fach��e, je le confesse tout bas, et l'ajustement de ma jolie robe bleue, succ��dant �� ma sombre robe d'uniforme, m'int��ressait beaucoup plus en ce moment que l'histoire de tous les peuples du monde.
Le 3 ao?t.
Nous avons quitt�� Nantes l'apr��s-midi, et nous sommes descendues �� Savenay, maman voulant me faire visiter une de ses propri��t��s. Nous y sommes arriv��es par une pluie torrentielle, ce qui a singuli��rement refroidi et rembruni nos id��es. Une flamme brillante a s��ch�� nos v��tements et dor�� les cr��pes qu'on nous pr��parait, et que nous avons trouv��es excellentes, arros��es d'une jatte de lait mousseux.
Apr��s ce repas champ��tre et charmant, nous eussions
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