les nerf... écoutez-moi, voyons, finissons en.
LEFèVRE
Allons, allons, oui bobonne, ne vous fachez pas, parlez.
MAD. LEFèVRE
Eh bien, je disais donc que voici l'ouvrage fini... il y a la culotte du père Kemlin, pour raccommodage et un fonds... ?a se monte à 36 sous.
LEFèVRE
Trente six sous... bon... allez mam' Lefèvre.
MAD. LEFèVRE
Plus deux bouts de manches à la veste du p'tit Guguste Coquelard, 21 sous... pour le tout, 57 sous que vous me rapporterez.
LEFèVRE
Oui, Madame Lefèvre, 57 sous... je n'y manquerai pas, je vous les rapporterai en entier et intacts.
MAD. LEFèVRE
C'est bien comme ?a que je l'entends, je voudrais bien voir qu'il en soit autrement.
LEFèVRE
Ah! soyez tranquille... Allons, Mam' Lefèvre donne moi mon paquet.
MAD. LEFèVRE
Ah! à propos, si vous rencontrez ce mauvais sujet de Guillaume, je vous défends de lui parler, ne l'écoutez pas, il vous perdrait.
LEFèVRE
Soyez tranquille, madame Lefèvre, je ne lui parlerai pas du tout.
MAD. LEFèVRE
Ah! c'est que vous êtes d'une pétulance quelque fois... je crains... mais non, je ne crains pas, car vous savez que je ne ris pas toujours?
LEFèVRE
Eh! Eh! bobonne, quand vous riez, ?a m'donne de la vivacité!... ?a m'rappelle les beaux jours, eh! eh! eh!
MAD. LEFèVRE
Allons, allons c'est bon, babillard... tenez voici le paquet et décampez.
LEFèVRE
Oui, madame Lefèvre, voulez-vous encore l'étrenne de ma barbe, bobonne?
MAD. LEFèVRE
Non, non, mais partez donc, M. Lefèvre, Dieu! quelle patience?... N'oublie pas... 57 sous... allons partez.
LEFèVRE
Oui, oui, bobonne, je pars!... Dieu! que mon épouse est jolie (il sort en répétant) 57, 57.
SCèNE 4e
MAD. LEFèVRE (seule).
Et voilà comme on les élève!... Ah! si toutes les femmes suivaient mon principe, on ne verrait pas tous ces gueusards d'hommes faire les Empereurs... on vivrait heureuses si nos maris seraient toujours à nos genoux!... Ah! maintenant, il faut que j'aille voir ma pauvre nièce Thérèse, que je lui donne une bonne le?on afin qu'elle ma?trise un peu son mauvais sujet de mari (en sortant) oh! les hommes! les hommes?
SCèNE 5e
GUILLAUME (entre et se jette sur une chaise).
Ouf! Je suis brisé! Quelle nuit! Quelle orgie! Quel jeu! Ce Diable de Léonard m'a embêté avec son punch! Son champagne, j'en ai encore la tête lourde!... Et encore m'avoir fait jouer?... Et dire que j'ai perdu cent francs sur parole!... oh ben! ma foi, il m'est encore d? de l'argent, nous paierons!... Je recommencerais bien une fête ce matin... mais plus le sou... plus rien, il faudrait encore faire demander de cet argent... Et puis je suis tellement fatigué que je ferais mieux de dormir un peu... Dormir!... Oui ?a va être facile, avec ma p'tite femme Thérèse, je la vois d'avance avec ses pleurs, me faire un tas je jérémiades, des remontrances, des prières!... Mais tout ?a, ?a m'ennuie, ?a m'embête! Je veux être mon ma?tre, je sais bien que ma respectable tante Ursule Lefèvre lui donne un tas de petits conseils?... Elle voudrait que Thérèse me mènerait comme elle mène le papa Lefèvre, mon oncle! (il rit) ah! ah! ah! ah! Le pauvre vieux, on peut dire que celui-là est un mari mouton!... Tiens? Voilà le journal? Je gage bien que ma tante à déjà vu le fameux article du divorce? Et qu'elle va en conséquence faire un sermon à Thérèse à mon égard!... Eh bien, oui, le divorce! Si on m'ennuie avec des pleurnicheries, j'envoie tout promener!... Et pourtant elle est jolie ma Thérèse!... Je la regardais l'autre soir, elle avait voulu prendre son petit air colère et ses yeux brillaient comme deux escarboucles!... Oui, oui, elle est jolie!... Mais ma foi! Au diable! Encore une fois je veux être le ma?tre!... Pas de reproches! Je m'amuserai, je boirai! Je ferai la noce et si l'on est pas contents.. Eh bien, je suivrai la pente que d'autres suivront... je profiterai du divorce.
SCèNE 6e
RéMI, GUILLAUME
RéMI (accourant).
Quoi?... Quoi? C'est y ben vrai... ?a?... Vous voulez divorcer?
GUILLAUME
Tiens!... Qu'est-ce qui t'prend donc, toi, Rémi, es-tu malade!
RéMI
Non... bourgeois... mais je viens de vous entendre dire que vous vouliez...
GUILLAUME
Eh bien? Quoi?
RéMI
Eh ben!... que... vous vouliez prendre le divorce... pour...
GUILLAUME
Eh bien, après?... Qu'est-ce que ?a t'fait à toi, Rémi?
RéMI (balbutiant).
Dame!... Bourgeois... Si c'était comme ?a... moi... voyez vous... j'vous dirais... que... enfin... si vous vouliez... divorcer... je...
GUILLAUME
Achève donc, je ne te comprends pas!
RéMI
Eh! ben!... Eh ben, je vous demanderais pour être le mari de la bourgeoise.
GUILLAUME
Tu voudrais que je te donne ma femme!... Ah! Ah! Ah! ce cher Rémi! Ma parole d'honneur, il est farceur!
RéMI
Mais pas du tout, bourgeois, je ne farce pas... puisque vous voulez divorcer... moi, j'peux ben m'marier avec mam' Thérèse?
GUILLAUME
Et qu'est-ce qui te dit que Thérèse voudrait de toi.
RéMI
Ah! Dame, bourgeois, elle verrait ben qu'y aurait d'la différence, c'est pas pour vous facher que j'vous dis ?a, mais dame aussi, vous la rendez pas heureuse, vos dépenses, vos nuits au cabaret... oh! elle verrait une fameuse différence, car je suis sobre, travaillant... enfin...
GUILLAUME
La paix! M. Rémi, je n'aime pas
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.