bien peu dans ceux-ci. L'immense
terrain sur lequel eurent lieu les derniers incidents de cette légende est presque encore une
solitude, quoique les Peaux-Rouges aient entièrement déserté cette partie des États-Unis.
De toutes les tribus mentionnées dans ces pages, il ne reste que quelques individus à demi
civilisés des Oneidas, à New-York. Le reste a disparu, soit des régions qu'habitaient leurs
pères, soit de la terre entière.
Préface de la première édition[4]
Le lecteur qui commence la lecture de ces volumes dans l'espoir d'y trouver le tableau
romanesque et imaginaire de ce qui n'a jamais existé, l'abandonnera sans doute lorsqu'il
se verra trompé dans son attente. L'ouvrage n'est autre chose que ce qu'annonce son titre,
un récit, une relation. Cependant, comme il renferme des détails qui pourraient n'être pas
compris de tous les lecteurs, et surtout des lectrices qu'il pourrait trouver, en passant pour
une fiction, il est de l'intérêt de l'auteur d'éclaircir ce que les allusions historiques
pourraient présenter d'obscur. Et c'est pour lui un devoir d'autant plus rigoureux, qu'il a
souvent fait la triste expérience que, lors même que le public ignorerait complètement les
faits qui vont lui être racontés, dès l'instant que vous les soumettez à son tribunal
redoutable, il se trouve individuellement et collectivement, par une espèce d'intuition
inexplicable, en savoir beaucoup plus que l'auteur lui-même. Ce fait est incontestable; eh
bien! cependant, qu'un écrivain se hasarde à donner à l'imagination des autres la carrière
qu'il n'aurait dû donner qu'à la sienne, par une contradiction nouvelle il aura presque
toujours à s'en repentir. Tout ce qui peut être expliqué doit donc l'être avec soin, au risque
de mécontenter cette classe de lecteurs qui trouvent d'autant plus de plaisir à parcourir un
ouvrage, qu'il leur offre plus d'énigmes à deviner ou plus de mystères à éclaircir. C'est par
l'exposé préliminaire des raisons qui l'obligent dès le début à employer tant de mots
inintelligibles que l'auteur commencera la tâche qu'il s'est imposée. Il ne dira rien que ne
sache déjà celui qui serait le moins versé du monde dans la connaissance des antiquités
indiennes.
La plus grande difficulté contre laquelle ait à lutter quiconque veut étudier l'histoire des
sauvages indiens, c'est la confusion qui règne dans les noms. Si l'on réfléchit que les
Hollandais, les Anglais et les Français, en leur qualité de conquérants, se sont permis tour
à tour de grandes libertés sous ce rapport; que les naturels eux-mêmes parlent non
seulement différentes langues, et même les dialectes de ces mêmes langues, mais qu'ils
aiment en outre à multiplier les dénominations, cette confusion causera moins de surprise
que de regret; elle pourra servir d'excuse pour ce qui paraîtrait obscur dans cet ouvrage,
quels que soient d'ailleurs les autres défauts qu'on puisse lui reprocher.
Les Européens trouvèrent cette région immense qui s'étend entre le Penobscot et le
Potomac, l'Océan atlantique et le Mississipi, en la possession d'un peuple qui n'avait
qu'une seule et même origine. Il est possible que sur un ou deux points les limites de ce
vaste territoire aient été étendues ou restreintes par les nations environnantes; mais telles
en étaient du moins les bornes naturelles et ordinaires. Ce peuple avait le nom générique
de Wapanachki, mais il affectionnait celui de Lenni Lenape, qu'il s'était donné, et qui
signifie «un peuple sans mélange». L'auteur avoue franchement que ses connaissances ne
vont pas jusqu'à pouvoir énumérer les communautés ou tribus dans lesquelles cette race
d'hommes s'est subdivisée. Chaque tribu avait son nom, ses chefs, son territoire
particulier pour la chasse, et même son dialecte. Comme les princes féodaux de l'ancien
monde, ces peuples se battaient entre eux, et exerçaient la plupart des privilèges de la
souveraineté; mais ils n'en reconnaissaient pas moins une origine commune, leur langue
était la même, ainsi que les traditions qui se transmettaient avec une fidélité surprenante.
Une branche de ce peuple nombreux occupait les bords d'un beau fleuve connu sous le
nom de «Lenapewihittuck». C'était là que d'un consentement unanime était établie «la
Maison Longue» ou «le Feu du Grand Conseil» de la nation.
La tribu possédant la contrée qui forme à présent la partie sud- ouest de la
Nouvelle-Angleterre, et cette portion de New-York qui est à l'est de la baie d'Hudson,
ainsi qu'une grande étendue de pays qui se prolongeait encore plus vers le sud, était un
peuple puissant appelé «les Mohicanni», ou plus ordinairement «les Mohicans». C'est de
ce dernier mot que les Anglais ont fait depuis, par corruption, «Mohegans».
Les Mohicans étaient encore subdivisés en peuplades. Collectivement, ils le disputaient,
sous le rapport de l'antiquité, même à leurs voisins qui possédaient «la Maison Longue»;
mais on leur accordait sans contestation d'être «le fils aîné de leur grand-père». Cette
portion des propriétaires primitifs du sol fut la première dépossédée par les blancs. Le
petit nombre qui en reste encore s'est
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