mangeait rationnellement; tout le monde jouait au tennis, au golf, fr��quentait les courses, ��tait assidu au Stade de la Palestre, dansait �� qui mieux mieux, montait �� cheval, conduisait une auto, faisait en a��roplane des randonn��es d��licieuses et qui laissaient sur le pays entier l'odeur ��coeurante de l'huile de ricin.
Au casino du lieu, c'��tait le d��lire. Une bande de n��grillons ��chapp��s du Texas, ayant le diable au corps et, dans les globules du sang, le g��nie du rythme, formait un orchestre de cauchemar, au bruit duquel tr��pidaient sur leurs bases les colonnes m��mes de l'��tablissement. Enfants, fillettes, femmes et grand'm��res, emport��s par l'irr��sistible puissance de la mesure bien frapp��e et par le cyclone de l'exemple, tournoyaient, se tr��moussaient, pi��tinaient, se d��sarticulaient, agglutin��s deux par deux, comme les feuilles d'or qu'unit jusque dans la rafale l'humidit�� des sous-bois.
De tout cela, Robert s'accommodait; et, s'il adoptait la plan��te et le jeu nouveaux, il fallait le demander aux lettres adress��es par lui en toute candeur aux vieux parents de Grenoble!
D��j�� ces bonnes gens avaient ��crit �� leur fille, alarm��s au possible, et avaient adress�� �� Robert des sermons auxquels le jeune homme, occup�� �� jouer, ne comprenait rien, et qu'il ne cherchait m��me plus �� d��chiffrer.
Mais M. Carr�� de la Tour disait �� la soeur de Robert:
--Ne t'ai-je pas avertie? Ton fr��re, en racontant au loin des choses pour lui neuves, fournit l'occasion d'interpr��tations erron��es et facheuses. Il faut ��tre bon joueur pour bien juger du jeu. Robert fait ses d��buts... Gare �� nous!...
* * * * *
Il va de soi que, malgr�� une franche camaraderie avec toutes les jeunes filles, Robert en avait distingu�� une, qui ��tait devenue son flirt. Il la trouvait admirable. S'il l'e?t connue dans les montagnes du Dauphin��, il e?t con?u pour elle une passion romanesque et souhait�� de l'aimer ��ternellement, apr��s s'��tre attach�� �� elle par les liens indissolubles du mariage. Mais, �� Folleville, il n'avait pas le temps d'en penser si long. Pris dans un courant qu'il jugeait lui-m��me rapide, d��s le lendemain de son arriv��e il appelait cette jeune fille Gis��le, comme elle-m��me le nommait Robert; il marchait avec elle le long des rues, il nageait c?te �� c?te avec elle, en maillot tout comme elle; et, ��crivant �� Grenoble, il parlait �� ses parents de Gis��le, tout court; de telle sorte que ces bonnes gens, d'un autre monde, se demandaient ou si leur fils ��tait fou, ou s'il ne s'��tait pas li�� avec quelque cr��ature de qui il ��tait, par ailleurs, inconcevable qu'il les entret?nt.
Aussi en ��crivirent-ils, de plus en plus inquiets, �� leur fille qui, elle, avait d��j�� perdu tout penchant pessimiste et leur r��pondait: ?Mais soyez donc tranquilles, la sant�� est excellente: tout va bien.?
Cependant Robert s'��tait fait, �� plusieurs reprises, remettre �� sa place par Gis��le, �� qui il parlait sans plus de retenue qu'il n'en employait en chacune de ses actions �� Folleville.
--Oh! Robert, lui disait-elle, parlez plut?t anglais!
--Pourquoi? faisait Robert, ahuri.
--Parce que, dans cette langue, au moins, vous ne connaissez pas tous les termes...
Robert commen?ait �� ��prouver de l'embarras. Mais, comme sa nature n'��tait pas compliqu��e et que la fougue de son age emportait tout le reste, il laissa sans vergogne s'envoler le reste, et demeura avec sa fougue.
Nul n'imagine qu'�� la villa Mond��sir quelqu'un p?t venir au secours d'un jeune homme incertain. A Mond��sir, on parlait jeux, danses et sports. Cela remplit tr��s bien les intervalles du temps pendant lesquels on se repose de la fatigue des sports. Et celui qui se f?t avis��, dans la conversation, d'intercaler un terme d'ordre moral, e?t ��t�� aussi ant��diluvien que les parents de Grenoble.
* * * * *
Aussi, l'innocent Robert ne crut-il manquer �� aucune r��gle de sport, un soir, apr��s avoir dans�� �� perdre haleine, en se pr��sentant, comme il en avait le go?t tr��s net, �� la porte de la chambre o�� couchait Gis��le. Il avait conserv�� son smoking.
Il frappa.
On r��pondit de l'int��rieur, sans m��fiance:
--Entrez!
Et il entra.
Il n'eut pas le temps de remarquer si Gis��le ��tait en train de faire sa toilette ou bien non; ou, plut?t, il s'aper?ut qu'elle n'��tait pas ��loign��e de son pot �� eau, car il re?ut le contenu de celui-ci en plein visage. Et l'eau d��goulina, et inonda son beau plastron empes�� et la soie des noirs revers.
Gis��le se tordait de joie �� le voir ainsi fait.
--Mais, Gis��le, disait Robert, sous son eau, ce n'est pas gentil. Je croyais que vous m'aimiez!...
--Possible, disait Gis��le, mais je n'aimerai certainement pas un loufoque! Allez, ouste! Vous ne voyez pas que vous mouillez tout chez moi?
Robert ne comprenait pas plus son ridicule que son erreur:
--Mais, enfin! disait-il. Je vous aime, moi! Et qu'ai-je fait?
--Mon petit, vous avez fait ce qui ne se fait pas.
* * * * *
Ah! pensa Robert, jet�� dehors par un coup de poing
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.