en Hongrie un fameux ��talon renomm�� pour sa vitesse; je l'achetai je ne sais plus combien: ce fut Bertuccio qui paya. Dans la m��me ann��e, il eut trente-deux enfants. C'est toute cette prog��niture du m��me p��re que nous allons passer en revue; ils sont tous pareils, noirs, sans une seule tache, except�� une ��toile au front, car �� ce privil��gi�� du haras on a choisi des juments, comme aux pachas on choisit des favorites.
--C'est admirable!... Mais dites-moi, comte, que faites-vous de tous ces chevaux?
--Vous le voyez, je voyage avec eux.
--Mais vous ne voyagerez pas toujours?
--Quand je n'en aurai plus besoin, Bertuccio les vendra, et il pr��tend qu'il gagnera trente ou quarante mille francs sur eux.
--Mais il n'y aura pas de roi d'Europe assez riche pour vous les acheter.
--Alors il les vendra �� quelque simple vizir d'Orient, qui videra son tr��sor pour les payer et qui remplira son tr��sor en administrant des coups de baton sous la plante des pieds de ses sujets.
--Comte, voulez-vous que je vous communique une pens��e qui m'est venue?
--Faites.
--C'est qu'apr��s vous, M. Bertuccio doit ��tre le plus riche particulier de l'Europe.
--Eh bien, vous vous trompez, vicomte. Je suis s?r que si vous retourniez les poches de Bertuccio, vous n'y trouveriez pas dix sous vaillant.
--Pourquoi cela? demanda le jeune homme. C'est donc un ph��nom��ne que M. Bertuccio? Ah! mon cher comte, ne me poussez pas trop loin dans le merveilleux, ou je ne vous croirai plus, je vous pr��viens.
--Jamais de merveilleux avec moi, Albert; des chiffres et de la raison, voil�� tout. Or, ��coutez ce dilemme: Un intendant vole, mais pourquoi vole-t-il?
--Dame! parce que c'est dans sa nature, ce me semble, dit Albert, il vole pour voler.
--Eh bien, non, vous vous trompez: il vole parce qu'il a une femme, des enfants, des d��sirs ambitieux pour lui et pour sa famille; il vole surtout parce qu'il n'est pas s?r de ne jamais quitter son ma?tre et qu'il veut se faire un avenir. Eh bien, M. Bertuccio est seul au monde, il puise dans ma bourse sans me rendre compte, il est s?r de ne jamais me quitter.
--Pourquoi cela?
--Parce que je n'en trouverais pas un meilleur.
--Vous tournez dans un cercle vicieux, celui des probabilit��s.
--Oh! non pas; je suis dans les certitudes. Le bon serviteur pour moi, c'est celui sur lequel j'ai droit de vie ou de mort.
--Et vous avez droit de vie ou de mort sur Bertuccio? demanda Albert.
--Oui?, r��pondit froidement le comte.
Il y a des mots qui ferment la conversation comme une porte de fer. Le oui du comte ��tait un de ces mots-l��.
Le reste du voyage s'accomplit avec la m��me rapidit��, les trente-deux chevaux, divis��s en huit relais, firent leurs quarante-huit lieues en huit heures.
On arriva au milieu de la nuit, �� la porte d'un beau parc. Le concierge ��tait debout et tenait la grille ouverte. Il avait ��t�� pr��venu par le palefrenier du dernier relais.
Il ��tait deux heures et demie du matin. On conduisit Morcerf �� son appartement. Il trouva un bain et un souper pr��ts. Le domestique, qui avait fait la route sur le si��ge de derri��re de la voiture, ��tait �� ses ordres; Baptistin qui avait fait la route sur le si��ge de devant, ��tait �� ceux du comte.
Albert prit son bain, soupa et se coucha. Toute la nuit, il fut berc�� par le bruit m��lancolique de la houle. En se levant, il alla droit �� la fen��tre, l'ouvrit et se trouva sur une petite terrasse, o�� l'on avait devant soi la mer, c'est-��-dire l'immensit��, et derri��re soi un joli parc donnant sur une petite for��t.
Dans une anse d'une certaine grandeur se balan?ait une petite corvette �� la car��ne ��troite, �� la mature ��lanc��e, et portant �� la corne un pavillon aux armes de Monte-Cristo, armes repr��sentant une montagne d'or posant sur une mer d'azur, avec une croix de gueules au chef, ce qui pouvait aussi bien ��tre une allusion �� son nom rappelant le Calvaire, que la passion de Notre-Seigneur a fait une montagne plus pr��cieuse que l'or, et la croix infame que son sang divin a faite sainte, qu'�� quelque souvenir personnel de souffrance et de r��g��n��ration enseveli dans la nuit du pass�� myst��rieux de cet homme. Autour de la go��lette ��taient plusieurs petits chasse-mar��e appartenant aux p��cheurs des villages voisins, et qui semblaient d'humbles sujets attendant les ordres de leur reine.
L��, comme dans tous les endroits o�� s'arr��tait Monte-Cristo, ne f?t-ce que pour y passer deux jours la vie y ��tait organis��e au thermom��tre du plus haut confortable; aussi la vie, �� l'instant m��me, y devenait-elle facile.
Albert trouva dans son antichambre deux fusils et tous les ustensiles n��cessaires �� un chasseur, une pi��ce plus haute, et plac��e au rez-de-chauss��e, ��tait consacr��e �� toutes les ing��nieuses machines que les Anglais, grands p��cheurs, parce qu'ils sont patients et oisifs, n'ont pas encore pu faire
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