Le capitaine Paul | Page 6

Alexandre Dumas, père
pendant ce temps, le vent se d��ciderait probablement �� changer de direction, et notre speronare, profitant du premier souffle favorable, nous retrouverait au Pizzo.
?Rien ne met �� l'aise le corps et l'ame comme une r��solution prise, f?t-elle exactement contraire �� celle que l'on comptait prendre. �� peine la n?tre fut-elle arr��t��e, que nous nous occupames de nos dispositions locatives. Pour rien au monde je n'aurais voulu remettre le pied �� Messine.
Nous d��cidames donc que nous demeurerions sur notre speronare; en cons��quence, on s'occupa de le tirer �� l'instant m��me �� terre, afin que nous n'eussions pas �� supporter l'ennuyeux clapotage des vagues, qui, dans les mauvais temps, se fait sentir jusqu'au milieu du d��troit; chacun se mit �� l'oeuvre, et, au bout d'une heure, le speronare, comme une car��ne antique, ��tait tir�� sur le sable du rivage ��tay�� �� droite et �� gauche par deux ��normes pieux, et orn�� �� son babord d'une ��chelle �� l'aide de laquelle on communiquait de son pont �� la terre ferme. En outre, une tente fut ��tablie �� l'arri��re du grand mat, afin que nous pussions nous promener, lire et travailler �� l'abri du soleil et de la pluie; moyennant ces petites pr��parations, nous nous trouvames avoir une demeure infiniment plus confortable que ne l'e?t ��t�� la meilleure auberge de San-Giovanni.
?Au reste, le temps que nous avions �� passer ainsi ne devait point ��tre perdu. Jadin avait ses croquis �� repasser et moi, j'avais arr��t�� le plan de mon drame de Paul John, dont ne me restait plus que quelques caract��res �� mettre en relief quelques sc��nes �� compl��ter. Je r��solus donc de profit de cette esp��ce de quarantaine pour accomplir ce travail, qui devait recevoir �� Naples sa derni��re touche, et d��s le soir m��me, je me mis �� l'oeuvre.? Voil�� ce que je trouve sur mon journal de voyage, et ce que je transcris ici pour servir �� l'histoire du drame et du roman du Capitaine Paul, si jamais il prend �� quelque acad��micien d��soeuvr�� l'id��e d'��crire, cent ans apr��s ma mort, des commentaires sur le drame ou le roman du Capitaine Paul.
Mais nous n'en sommes encore qu'au drame; le roman viendra apr��s.
C'est donc �� bord d'un de ces petits batiments -- hirondelles de mer, qui rasent les flots de l'archipel sicilien -- sur les rivages de la Calabre, �� vingt pas de San-Giovanni, �� une lieue et demie de Messine, �� trois lieues de Scylla, en vue de ce fameux gouffre de Charybde qui a tant tourment�� ��n��e et son ��quipage -- que le drame du Capitaine Paul fut ��crit, en huit jours, ou plut?t en huit nuits.
Un mois apr��s, je le lisais �� Naples -- pr��s du berceau d'un enfant qui venait de na?tre -- �� Duprez, �� Ruolz et �� madame Malibran.
L'auditoire me promit un ��norme succ��s.
L'enfant qui ��tait au berceau et qui dormait au bruit de ma voix comme au murmure berceur des chants de sa m��re, ��tait cette charmante Caroline qui est aujourd'hui une de nos premi��res cantatrices.
�� cette ��poque, elle s'appelait Lili; et c'est encore aujourd'hui, pour les vieux et fid��les amis de Duprez, le seul nom qu'elle porte.
Troisi��me phase. -- D��ception.
Je revins en France vers le commencement de l'ann��e 1836: mon drame du Capitaine Paul ��tait compl��tement achev�� et pr��t �� ��tre lu.
Avant que je fusse �� Paris, Harel savait que je ne revenais pas seul.
La derni��re pi��ce que j'avais donn��e au th��atre de la Porte-Saint- Martin ��tait Don Juan el Marana, que l'on s'est obstin�� �� appeler Don Juan de Marana.
Don Juan avait r��ussi; mais Don Juan portait avec lui pour Harel du moins, la tache du p��ch�� originel.
Don Juan n'avait pas de r?le pour mademoiselle George.
Harel, sous ce rapport, ��tait non pas l'aveuglement, mais le d��vouement incarn��; -- pendant tout le temps qu'il fut directeur, son th��atre demeura un pi��destal pour la grande artiste, �� laquelle il avait vou�� un culte.
Auteurs, acteurs, tout lui ��tait sacrifi��; si la divinit�� splendide qu'il adorait e?t eu pour ses pr��tres les exigences de la m��re Cyb��le, Harel e?t rendu un d��cret pareil �� celui qui r��gissait les corybantes.
Heureusement que George ��tait une bonne d��esse dans toute la force du terme, et qu'il ne lui passa jamais par l'esprit d'user de son pouvoir dans toute sa rigueur.
�� peine Harel sut-il donc que je revenais avec un drame et que, dans ce drame, il y avait un r?le pour George, qu'il accourut �� la maison.
-- Eh bien, me dit-il, tout en d��couvrant la M��diterran��e, -- c'est de lui le mot, rendons �� C��sar ce qui appartient �� C��sar! -- nous avons donc pens�� �� notre grande artiste?
-- Vous voulez parler du Capitaine Paul?
-- Je veux parler de la pi��ce que vous avez faite... Vous avez fait une pi��ce, n'est-ce pas?
-- Oui, j'ai fait une pi��ce, c'est vrai.
-- Eh
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