cette grande caverne: là, nous pourrons noyer dans l'eau la crainte de mourir par la soif et nous y chercherons S?ta de tous les c?tés. à coup s?r, il doit se trouver là un grand lac où les eaux abondent.?
à ces mots, tous les singes entrent dans cette caverne, enveloppée de ténèbres, sans soleil, sans lune, horrible, épouvantable.
D'abord Hano?mat à leur tête, ensuite Angada et ses compagnons après lui, tous se tenant l'un à l'autre encha?nés par la main, pénètrent jusqu'à la distance d'un yodjana dans cette caverne impraticable, hérissée d'arbres, embarrassée de lianes. Les singes remplissaient tous ces lieux du cri forcené de leurs noms, afin de s'y reconna?tre mutuellement. Déjà, continuant à manquer d'eau, troublés, l'esprit comme perdu et mourants de soif, ils avaient passé l'intervalle d'un mois entier dans cette épouvantable caverne. Alors, épuisés de fatigue, maigres, le visage défait, le sang allumé par la soif, ils aper?urent avec délices une clarté semblable aux rayons du soleil.
Arrivés dans ce lieu charmant, d'où les ténèbres étaient bannies, ils virent des arbres d'or, éblouissants d'une splendeur égale à celle du feu. C'étaient de magnifiques shoréas, des pryangous, des tchampakas, des mulsaris, des a?okas, des arbres à pain et des nagapoushpas, tous parsemés de bourgeons rouges, tous semblables au soleil du matin et répétant sous leurs vo?tes les gazouillements des oiseaux les plus variés. Ils virent là des étangs de lotus aux ondes brillantes et diaphanes, au milieu desquelles circulaient des tortues d'or mêlées à des poissons d'or. On voyait aussi là des chars d'or et des palais de cristal, aux fenêtres d'or, aux vitres de perles.
Là étaient des mines d'argent, d'or, de pierres fines et de lapis-lazuli, vastes, admirables, resplendissantes de lumière. Là, partout, les singes voient des amas de pierreries.
Ces h?tes des bois admirent des lits et des siéges en or et en ivoire, grands, de formes diverses et couverts de riches tapis. Des piles de vaisselles et de coupes, soit d'argent, soit d'or; des racines, des fruits, des mets délicats et purs; des breuvages de haut prix et des liqueurs de toutes les espèces, des parfums à l'odeur suave d'alo?s et de sandal; des couvertures, soit en laine, soit en poil de rankou, soit en couleurs mélangées pour les éléphants; des tas de vêtements précieux et de riches pelleteries. Les singes voient ?à et là, pareils aux flammes du feu, des amas éblouissants, célestes, d'or en lingots.
Là, sur un brillant siége d'or, s'offrit aux yeux des singes une femme anachorète, vouée au je?ne, vêtue d'écorce et d'une peau de gazelle noire. Aussit?t le docte Hano?mat, courbant aux pieds de la pénitente sa taille semblable à une montagne, réunit en coupe à ses tempes les paumes de ses deux mains, et: ?Qui es-tu? lui demanda-t-il. à qui sont ce palais, cette caverne et ces riches pierreries?
?Auguste sainte, nous sommes des singes, qui parcourons incessamment les forêts; nous sommes entrés avec imprudence sous les vo?tes de cette caverne enveloppée de ténèbres. Consumés par la faim et la soif, accablés de fatigue, exténués de lassitude, nous avons pénétré dans ce gouffre de la terre, espérant y trouver de l'eau. Mais la vue de cette admirable, céleste et fortunée caverne, d'un parcours impraticable, a redoublé la peine, le trouble et l'aliénation de notre ame.
?à qui donc appartiennent ces beaux arbres d'or, embaumés de suaves parfums et qui, chargés de fleurs et de fruits d'or, resplendissent à l'égal du soleil adolescent? à qui ces racines, ces fruits, ces mets délicats et purs? à qui ces chars d'or et ces maisons d'argent, aux fenêtres d'or, aux vitres de perles? Par la puissance de qui ces arbres faits d'or ont-ils obtenu le don merveilleux de végéter? Comment trouve-t-on ici des lotus d'une telle richesse et d'un parfum si doux? Qui a pu faire que ces poissons d'or nagent dans ces limpides ondes? Veuille bien, dans notre ignorance à tous, veuille bien nous raconter exactement qui tu es et de quelle dignité est revêtu le ma?tre de cette immense caverne??
à ces mots d'Hano?mat, la pénitente, fidèle à suivre le devoir et qui trouvait son plaisir dans celui de toutes les créatures, lui répondit en ces termes: ?Jadis il fut un prince des Danavas, savant magicien, doué d'une grande vigueur et nommé Maya: ce fut par lui que fut construite entièrement cette caverne d'or avec l'art de la magie. Il était dans les temps passés le Vi?vakarma des principaux Danavas, et ce palais superbe d'or massif fut bati de ses mains. Il pratiqua mille années la pénitence dans la grande forêt, et le père des créatures le récompensa par le don merveilleux d'une force égale entièrement à la force même d'Ou?anas.
?Alors, exempt de la mort, plein d'une vigueur formidable, ma?tre souverain de toutes les choses qu'il pouvait désirer, il habita quelque temps au sein des plaisirs
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