Le Capitaine Arena:, vol 1 | Page 9

Alexandre Dumas, père
les trois heures de l'apr��s-midi, nous arrivames �� Bagnaria. L��, notre guide nous proposa de faire une halte, qui serait consacr��e �� son d?ner et au n?tre. La proposition ��tait trop juste pour ne pas trouver en nous un double ��cho: nous entrames dans une esp��ce d'auberge, et nous demandames qu'on nous servit imm��diatement.
Comme, au bout d'une demi-heure, nous ne voyions faire aucuns pr��paratifs dans la chambre o�� nous attendions notre nourriture, je descendis �� la cuisine afin de presser le cuisinier. L�� il me fut r��pondu qu'on aurait d��j�� servi le d?ner �� nos excellences, mais que notre guide ayant dit que nos excellences coucheraient �� l'h?tel, on n'avait pas cru devoir se presser. Comme nous avions fait �� peine sept lieues dans la journ��e, je trouvai la plaisanterie m��diocre, et je priai le ma?tre de la locanda de nous faire d?ner �� l'instant m��me, et de pr��venir notre muletier de se tenir pr��t, lui et ses b��tes, �� repartir aussit?t apr��s le repas.
La premi��re partie de cet ordre fut scrupuleusement ex��cut��e; deux minutes apr��s l'injonction faite, nous ��tions �� table. Mais il n'en fut pas de m��me de la seconde: lorsque nous descend?mes, on nous annon?a que, notre guide n'��tant point rentr��, on n'avait pas pu lui faire part de nos intentions, et que, par cons��quent, elles n'��taient pas ex��cut��es. Notre r��solution fut prise �� l'instant m��me: nous f?mes faire notre compte et celui de nos mulets, nous payames total et bonne main; nous allames droit �� l'��curie, nous sellames nos montures, nous montames dessus, et nous d?mes �� l'h?te que lorsque le muletier reviendrait il n'avait qu'�� lui dire qu'en courant apr��s nous il nous rejoindrait sur le chemin de Palma. Il n'y avait point �� se tromper, ce chemin ��tant la grande route.
Comme nous atteignions l'extr��mit�� de la ville, nous entend?mes derri��re nous des cris per?ants; c'��tait notre Calabrais qui s'��tait mis �� notre poursuite et qui n'aurait pas ��t�� fach�� d'ameuter quelque peu ses compatriotes contre nous. Malheureusement, notre droit ��tait clair: nous n'avions fait que six lieues dans la journ��e, ce n'��tait point une ��tape. Il nous restait encore trois heures de jour �� ��puiser et sept milles seulement �� faire pour arriver �� Palma. Nous avions donc le droit d'aller jusqu'�� Palma. Notre guide alors essaya de nous arr��ter par la crainte, et nous jura que nous ne pouvions pas manquer d'��tre arr��t��s deux ou trois fois en voyageant �� une pareille heure; et, �� l'appui de son assertion, il nous montra de loin quatre gendarmes qui sortaient de la ville et conduisaient avec eux cinq ou six prisonniers. Or ces prisonniers n'��taient autres, assurait notre homme, que des voleurs qui avaient ��t�� pris la veille sur la route m��me que nous voulions suivre. A ceci nous r��pond?mes que, puisqu'ils avaient ��t�� pris, ils n'y ��taient plus; et que d'ailleurs, s'il avait besoin effectivement d'��tre rassur��, nous demanderions aux gendarmes, qui suivaient la m��me route, la permission de voyager dans leur honorable soci��t��. A une pareille proposition, il n'y avait rien �� r��pondre; force fut donc �� notre malheureux guide d'en prendre son parti: nous m?mes nos mules au petit trot, et il nous suivit en g��missant. Je donne tous ces d��tails pour que le voyageur qui nous succ��dera dans ce bienheureux pays sache �� quoi s'en tenir, une fois pour toutes; faire ses conditions, par ��crit d'abord, et avant tout; puis, ces conditions faites, ne c��der jamais sur aucune d'elles. Ce sera une lutte d'un jour ou deux; mais ces quarante-huit heures pass��es, votre guide, votre muletier ou votre vetturino aura pris son pli, et, devenu souple comme un gant, il ira de lui-m��me au-devant de vos d��sirs. Sinon, on est perdu: on rencontrera �� chaque heure une opposition, �� chaque pas une difficult��; un voyage de trois jours en durera huit, et l�� o�� l'on aura cru d��penser cent ��cus on d��pensera mille francs.
Au bout de dix minutes nous avions rejoint nos gendarmes. A peine eus-je jet�� les yeux sur leur chef, que je reconnus mon brigadier de Scylla: c'��tait jour de bonheur.
La reconnaissance fut touchante; mes deux piastres avaient port�� leurs fruits. Je n'aurais eu qu'un mot �� dire pour faire accoupler mon muletier �� un voleur impair qui marchait tout seul. Je ne le dis pas, seulement je fis comprendra d'un signe �� ce dr?le-l�� dans quels rapports j'��tais avec les autorit��s du pays.
J'essayai d'interroger plusieurs des prisonniers; mais par malheur j'��tais tomb�� sur les plus honn��tes gens de la terre, ils ne savaient absolument rien de ce que la justice leur voulait. Ils allaient �� Cosenza, parce que cela paraissait faire plaisir �� ceux qui les y menaient, mais ils ��taient bien convaincus qu'ils seraient �� peine arriv��s dans la capitale de la Calabre cit��rieure, qu'on leur ferait
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