la maison, et je me demande encore o?1 j'ai trouv?? des forces et des ressources pour doubler ce cap terrible. Quoi que j'en eusse, il a bien fallu faire de nouvelles dettes et escompter encore une fois l'avenir. Ce n'est heureusement qu'une g?ane momentan??e dont le terme est m?ame tr?��s-prochain. Tel que tu me vois, je suis r??solu ?? faire de l'industrie; j'ai d??j?? sur le chantier une dizaine d'affaires tr?��s-belles. C'est ??trange, n'est-ce pas? Mais j'ai pris go??t au bien-?atre, je me suis affol?? de consid??ration, et il me semble que je n'aurai jamais assez ni de l'un ni de l'autre. Je pr??tends payer peu ?? peu int??gralement mes vieilles dettes, vivre dans l'aisance et devenir un parfait honn?ate homme, selon le monde. C'est si simple! Pour commencer, j'esp?��re qu'avant peu tu me verras mieux log?? et dans un quartier moins triste. Je veux avoir de beaux meubles, acheter un piano, et faire apprendre la musique ?? cette pauvre Rosalie qui s'ennuie ?? p??rir. Nous verrons....??
Tout en disant cela, Cl??ment inclinait vers la terre un front charg?? de r?averies fun?��bres, ce qui ??tait au moins l'aveu d'une satisfaction born??e.
Quant aux faits qu'il venait d'??grener complaisamment, ils ??taient appuy??s de preuves si cat??goriques, que l'authenticit?? n'en pouvait ?atre mise en doute; aussi, Max ne se pr??occupait-il que de conna??tre le prix auquel Cl??ment avait obtenu une aussi belle place et tant de travaux lucratifs par-dessus le march??.??
??Voil?? o?1 je t'attendais!?? s'??cria tout ?? coup ce dernier en se levant. Il ferma son registre et le remit en place. A la vue du d??ner qui ??tait servi: ??Mais, dit-il avec une inflexion de voix plus calme, mettons-nous ?? table, nous causerons tout aussi bien en mangeant.?? Il ajouta d'un air profond??ment ironique: ??D'ailleurs, m'est avis qu'il te faut des forces, en pr??vision des faiblesses que pourra te causer le r??cit de mes turpitudes pr??m??dit??es, formellement voulues....??
Ils n'??taient pas assis depuis cinq minutes l'un devant l'autre et n'avaient pas mang?? trois bouch??es, que la vieille sourde entra ?? l'improviste.
Cl??ment, qui lui avait fait comprendre qu'on n'avait plus besoin d'elle, la regarda avec col?��re.
??Qu'est-ce qu'il y a? lui cria-t-il brutalement.
--Mme Rosalie vous demande, r??pondit la vieille femme.
--Ah! fit Cl??ment avec des marques d'impatience et de mauvaise humeur, cette diablesse de Rosalie est insupportable; elle ne peut pas rester un moment seule, il faut toujours que je sois l??.??
Cependant il s'excusa aupr?��s de son ami et suivit la vieille Marguerite.
Destroy ne savait que penser de tout cela. Quoiqu'il n'e??t sous les yeux que des objets capables d'??gayer l'esprit, il n'en sentait pas moins des bouff??es de tristesse l'oppresser, ?? peu pr?��s comme dans une ??tincelante et joyeuse cuisine, la fum??e acre des viandes grill??es vous prend ?? la gorge et vous ??touffe.
Cl??ment ne tarda pas ?? revenir.
??Maintenant, dit-il, nous ne serons plus d??rang??s; je lui ai fait prendre un peu d'opium.
--Qu'avait-elle? demanda Max.
--Est-ce que je sais? f??t Cl??ment en haussant les ??paules; elle ne pouvait pas dormir, elle r?avait les yeux ouverts.... Laissons cela, revenons ?? ce que je te disais....??
V.
Ses confidences.
Apr?��s avoir mang?? quelque temps en silence, il poursuivit:
??Le titre seul de mes travaux te stup??fie, et tu te demandes ce que j'ai fait pour les avoir. Rien que de facile. Du moment o?1 l'on se d??cide ?? ne reculer devant aucune ??normit??, on ne saurait manquer de r??ussir. Rappelle-toi en quelles circonstances j'avais accept?? la place que j'occupais, il y a deux ans. Je sortais de maladie, j'??tais ext??nu??, affreux ?? voir. En plein hiver, par un froid rigoureux, outre que j'??tais sans linge, j'avais un pantalon de toile, des souliers informes, un chapeau gris digne du reste. Pour avoir sp??cul?? incessamment sur l'obligeance d'autrui, je ne trouvais plus que des gens impitoyables jusqu'?? la f??rocit??. D'ailleurs, les hommes sont comme les chiens, les haillons les offusquent: je n'inspirais pas moins de peur que de m??pris. Il fallait bien, puisque je tenais encore ?? vivre, user de l'unique ressource que m'offrait le hasard. Mais la fureur me fouettait par instants, comme e??t fait le supplice du knout; sans balancer j'eusse ?? l'occasion commis un crime. Un dernier d??sastre acheva de m'exasp??rer. Le patron chez lequel, depuis trois mois, moyennant soixante francs par mois et un logement infect, je balayais les bureaux et faisais les courses, disparut tout ?? coup. Il ne se bornait pas ?? d??pouiller ses clients, ?? ruiner sa famille, il emportait jusqu'aux appointements de ses commis, jusqu'aux gages de ses domestiques. Le d??sespoir qui s'empara de Rosalie et de moi, ?? cette nouvelle, ne peut pas se rendre. Les soixante francs que nous volait cet homme repr??sentait trente jours de notre vie. Nous ne nous ??tions certainement pas encore trouv??s dans une position aussi effroyable. Il ne paraissait pas cette fois que nous pussions jamais sortir de cet ab??me.
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