Largent des autres | Page 9

Emile Gaboriau
l'argent du papa!...
Maxence et Mlle Lucienne, cependant, arrivaient �� la maison du commissaire. Il ��tait chez lui, ils entr��rent. Et d��s qu'ils parurent:
--Je vous attendais! s'��cria-t-il.
C'��tait un homme d'un certain age, d��j��, mais alerte encore et vigoureux. Il avait l'air d'un notaire, avec sa cravate blanche, sa redingote noire et ses gu��tres. B��nigne ��tait l'expression de sa physionomie, mais il e?t ��t�� na?f de s'y fier, on le devinait �� l'��clat de ses petits yeux gris et �� la mobilit�� de ses narines.
--Oui, je vous attendais, poursuivit-il, s'adressant autant �� Maxence, pour le moins, qu'�� Mlle Lucienne. C'est l'affaire du Cr��dit mutuel qui vous am��ne?...
Maxence s'avan?a.
--Je suis le fils de Vincent Favoral, monsieur, r��pondit-il. J'ai encore ma m��re, et une soeur... notre situation est affreuse. Mlle Lucienne m'a fait esp��rer que vous consentiriez �� me donner un conseil, et nous voici....
Le commissaire sonna, et un gar?on de bureau s'��tant pr��sent��:
--Je n'y suis pour personne, dit-il.
Apr��s quoi, revenant �� Maxence:
--Mlle Lucienne a bien fait de vous amener, lui dit-il, car il se pourrait bien que tout en lui rendant un grand service, �� elle, que j'estime et que j'aime... je vous en rende un, �� vous aussi, qui ��tes un brave gar?on.... Mais, je n'ai pas de temps �� perdre, asseyez-vous et contez-moi votre affaire....
C'est avec la plus scrupuleuse exactitude, qu'apr��s avoir dit l'histoire de sa famille, Maxence exposa les sc��nes, dont depuis vingt-quatre heures, la maison de la rue Saint-Gilles avait ��t�� le th��atre.
Pas une seule fois le commissaire ne l'interrompit, mais lorsqu'il eut achev��:
--Redites-moi, demanda-t-il, l'entrevue de votre p��re et de M. de Thaller, et surtout, n'omettez rien de ce que vous avez entendu et vu, ni un mot ni un geste, ni un mouvement de physionomie.
Et Maxence ayant ob��i:
--Maintenant, reprit le commissaire, r��p��tez-moi tout ce qu'a dit votre p��re, au moment de fuir.
Ce fut fait. Le commissaire de police prit quelques notes, puis:
--Quelles ��taient, demanda-t-il, les relations de votre famille et de la famille de Thaller?
--Nous n'avions pas de relations.
--Quoi! jamais Mme ni Mlle de Thaller ne venaient chez vous?
--Jamais.
--Connaissez-vous le marquis de Tr��gars.?
Maxence ouvrit de grands yeux.
--Tr��gars!... r��p��ta-t-il. C'est la premi��re fois que j'entends prononcer ce nom.
Les justiciables ordinaires du commissaire de police eussent h��sit�� �� le reconna?tre, tant, peu �� peu, s'��tait d��tendue sa roideur professionnelle, tant sa r��serve glaciale avait fait place �� la plus encourageante bonhomie.
--Cela ��tant, reprit-il, laissons l�� le marquis de Tr��gars, et occupons-nous de la femme qui, selon vous, aurait caus�� la perte de M. Favoral....
Sur la table, devant lui, Maxence apercevait, tout ouvert, le journal qu'il avait achet�� le matin, et o�� il avait lu, avec des convulsions de rage, le terrible article intitul��: Encore un d��sastre financier.
--Je ne sais rien de cette femme, r��pondit-il, mais apprendre qui elle est ne doit pas ��tre difficile, puisqu'un r��dacteur du journal que voil�� pr��tend la conna?tre....
Au l��ger sourire qui passa sur les l��vres du commissaire, il fut ais�� de voir que sa foi �� la chose imprim��e n'��tait pas pr��cis��ment absolue.
--Oui, j'ai lu, fit-il.
--On pourrait envoyer au bureau de ce journal, proposa Mlle Lucienne.
--J'y ai envoy��, mon enfant.
Et sans para?tre remarquer la stupeur de Maxence et de la jeune fille, il sonna et demanda si son secr��taire ��tait rentr��.
Il l'��tait, et parut aussit?t.
--Eh bien? interrogea le commissaire.
--La commission est faite, monsieur, r��pondit-il. J'ai vu le reporter qui a r��dig�� l'article en question et apr��s avoir bien tergivers��, il a fini par m'avouer qu'il s'��tait peut-��tre un peu avanc��, qu'il n'avait pas d'autres renseignements que ceux qu'il avait donn��s, et qu'il les tenait de deux amis intimes du caissier du Comptoir de cr��dit mutuel, M. Costeclar et M. Saint-Pavin.
--Il fallait courir chez ces messieurs.
--J'y ai couru.
--A la bonne heure!
--Malheureusement M. Costeclar venait de sortir.
--Et l'autre?
--J'ai trouv�� l'autre, M. Saint-Pavin, au bureau de son journal, le Pilote financier. C'est un grossier personnage, qui m'a re?u comme un chien dans un jeu de quilles, et m��me, si je m'��tais ��cout��....
--Passons....
--Alors donc, il ��tait en grande conf��rence avec un autre monsieur, un banquier nomm�� Jottras, de la maison Jottras et son fr��re, et ils ��taient dans une col��re ��pouvantable, jurant �� faire crouler le plafond, disant que l'affaire de M. Favoral les ruinait, qu'ils ��taient jou��s comme des imb��ciles, mais que cela ne se passerait pas ainsi, et qu'ils allaient r��diger un article foudroyant....
Mais il s'arr��ta, clignant de l'oeil et montrant Maxence et Mlle Lucienne qui ��coutaient de toutes leurs forces.
--Parlez, parlez! lui dit le commissaire, ne craignez rien....
--Eh bien! reprit-il, M. Saint-Pavin et M. Jottras disaient comme cela, que ce ne serait pas �� M. Favoral qu'ils s'en prendraient, que M. Favoral n'��tait qu'un pauvre niais, mais qu'ils sauraient bien trouver les autres....
--Quels autres?...
--Ah! dame! ils ne les ont pas nomm��s.
Le commissaire haussa les ��paules.
--Quoi! s'��cria-t-il, vous vous trouvez en pr��sence de deux hommes furieux
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