avec une ��pouse. Ce jour m��me, j'en parlerai �� Ahmet; en attendant, veille sur toi, veille sur tes actes et sur tes regards. Le Proph��te a dit: ?Ne prenez pas les femmes qui ont ��t�� les ��pouses de vos fr��res, c'est une turpitude.? Mais il n'a pas parl�� de celui qui volerait l'��pouse de son p��re, tant est grande l'abomination.
Mansour troubl�� et confus voulut se r��crier; alors Kradidja mit un doigt sur ses l��vres et r��p��ta:
--Une abomination!
V
Mais quand Kradidja parla d'��loigner Mansour, le cheik r��pondit qu'il ne consentirait pas, �� l'heure pr��sente, de se s��parer de l'a?n�� de ses fils. Il en avait besoin pour surveiller ses troupeaux et surtout pour la moisson prochaine. La femme n'osa pas insister et Mansour resta sous la tente.
En apprenant la d��cision du cheik, il ne put ��teindre l'��clair qui alluma son regard.
--O pervers, lui dit sa m��re, �� quoi penses-tu?
--Je pense que dans toutes les tribus du Souf, il n'en est pas de plus folle que toi. Que vas-tu imaginer? Et en supposant que ce que tu imagines soit r��el, est-ce que jamais Meryem consentirait?
--La femme est comme le jonc qui cro?t au bord des sources, r��pondit Kradidja; elle se plie aux caprices de celui qui la tient.
--Je ne la tiens pas, puisqu'elle est �� mon p��re.
--La femme n'a qu'un coeur, et son coeur n'est qu'�� celui qui sait le prendre.... Paix! enfant, et veille sur toi.
Mais ces paroles, loin de l'effrayer, semblaient un encouragement. Il en est ainsi qui, par leur criminelle complaisance, poussent leurs fils �� toutes les folies.
Quoi qu'il en fut, lorsqu'un matin le cheik s'��loignait de la tente, il s'y glissait sans bruit et, cach�� derri��re les hamals de grains qui contiennent la provision de l'ann��e pour les gens et les b��tes, immobile et silencieux, il feignait de dormir. Mais il regardait Meryem �� travers les interstices et les ouvertures, et parfois m��me, s'enhardissant, il soulevait du doigt le bas du tag bariol�� qui divise en deux les maisons de poil et assistait, invisible, �� la toilette de la nouvelle ��pous��e.
Elle avait la peau brune aux reflets dor��s et de grands cheveux noirs ondoyant jusqu'au bas des reins. Il y plongeait ses regards et noyait ses pens��es en une mer de d��sirs, tandis que les capiteuses odeurs, particuli��res aux brunes, m��lang��es aux parfums de la rose et du musc troublaient son cerveau. Il comprenait alors qu'il n'aurait plus la force de rien respecter et se levait sans bruit, courant rejoindre ses troupeaux dans la plaine, croyant respirer encore, bien qu'il fut loin, les senteurs enivrantes et laissant son ame attach��e o�� s'��taient attach��s ses yeux.
VI
Il n'allait plus attendre les femmes, quand elles vont chercher les branches s��ches des gen��ts et du chich ou la provision d'eau dans les peaux de bouc noires; on ne le voyait plus, comme autrefois, diriger son troupeau du c?t�� de la rivi��re �� l'heure o��, demi-nues, elles font la grande ablution.
Alors les jeunes filles rougissaient et chuchotaient entre elles, lorsqu'elles apercevaient tout �� coup pr��s d'une touffe de lauriers roses les yeux ardents du fils du cheik.
Quelques-unes, feignant de ne pas le voir, continuaient l'aspersion des flancs, tandis que les plus modestes se relevaient vivement en baissant leur gandourah, effray��es et honteuses. Mais les vieilles, entraient dans de grandes col��res et criaient:
--Que regardes-tu, enfant du mal?
--Pas vous, ripostait-il. Vous pouvez vous laver sans crainte.
--Va, va; tu te laverais pendant l'��ternit�� que tu ne parviendrais pas �� effacer tes abominations.
--Ni vous, vos laideurs. Cachez-les, elles salissent ma vue.
--Tu deviendras vieux �� ton tour; les jeunes ne voudront plus de toi et cracheront sur ta barbe.
--Est-ce parce qu'ils ne veulent plus de vous que vous crachez sur les jeunes?
Elles bavaient de rage et lan?aient leur salive dans sa direction en signe de m��pris, et lui s'en allait en les narguant, poursuivi par leurs furieuses menaces:
--Oh! le fils de chien! oh! le juif maudit! tes femmes te feront cocu cent fois et mettront des montagnes d'ignominie sur ta t��te. Tu fais honte aux croyants! Tu ne passeras jamais le Sirak! Tu rouleras d'ab?mes en ab?mes! Juif! cocu! prox��n��te! chien!
D'autres fois, cach�� dans les buissons de gen��vriers, il guettait les jeunes filles au passage et lorsqu'elles ��taient pr��s de lui, qu'il voyait leur l��g��re tunique onduler sous le souffle du soir, il les appelait tout bas par leur nom:
--Fathma, je t'aime!
--Embarka, je meurs d'amour!
--Yamina, tout pour toi.
--Mabrouka, ma vie pour ton regard.
Et ainsi �� toutes, car il les aimait toutes, selon l'habitude des adolescents qui se sentent pousser le duvet au menton.
VII
Maintenant les filles des Ouled-Ascars ne le rencontraient plus. Elles, ne sentaient plus ses regards s'attacher �� elles, les d��shabiller et les suivre; elles n'entendaient plus les propos dont elles aimaient �� rire, ni la grande col��re des vieilles qui les mettaient en joie.
Et on dit ��
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