vastes échos du baldaquin. De Mouy ronflait en vrai soudard, et sous ce rapport aurait pu lutter avec le roi de Navarre lui-même.
C’est alors que six hommes, l’épée à la main et le poignard à la ceinture, se glissèrent silencieusement dans le corridor qui, par une petite porte, communiquait aux appartements de Catherine et par une grande donnait chez Henri.
Un de ces six hommes marchait le premier. Outre son épée nue et son poignard fort comme un couteau de chasse, il portait encore ses fidèles pistolets accrochés à sa ceinture par des agrafes d’argent. Cet homme, c’était Maurevel.
Arrivé à la porte de Henri, il s’arrêta.
-- Vous vous êtes bien assuré que les sentinelles du corridor ont disparu? demanda-t-il à celui qui paraissait commander la petite troupe.
-- Plus une seule n’est à son poste, répondit le lieutenant.
-- Bien, dit Maurevel. Maintenant il n’y a plus qu’à s’informer d’une chose, c’est si celui que nous cherchons est chez lui.
-- Mais, dit le lieutenant en arrêtant la main que Maurevel posait sur le marteau de la porte, mais, capitaine, cet appartement est celui du roi de Navarre.
-- Qui vous dit le contraire? répondit Maurevel.
Les sbires se regardèrent tout surpris, et le lieutenant fit un pas en arrière.
-- Heu! fit le lieutenant, arrêter quelqu’un à cette heure, au Louvre, et dans l’appartement du roi de Navarre?
-- Que répondriez-vous donc, dit Maurevel, si je vous disais que celui que vous allez arrêter est le roi de Navarre lui-même?
-- Je vous dirais, capitaine, que la chose est grave, et que, sans un ordre signé de la main de Charles IX...
-- Lisez, dit Maurevel.
Et, tirant de son pourpoint l’ordre que lui avait remis Catherine, il le donna au lieutenant.
-- C’est bien, répondit celui-ci après avoir lu; je n’ai plus rien à vous dire.
-- Et vous êtes prêt?
-- Je le suis.
-- Et vous? continua Maurevel en s’adressant aux cinq autres sbires. Ceux-ci saluèrent avec respect.
-- écoutez-moi donc, messieurs, dit Maurevel, voilà le plan: deux de vous resteront à cette porte, deux à la porte de la chambre à coucher, et deux entreront avec moi.
-- Ensuite? dit le lieutenant.
-- écoutez bien ceci: il nous est ordonné d’empêcher le prisonnier d’appeler, de crier, de résister; toute infraction à cet ordre doit être punie de mort.
-- Allons, allons, il a carte blanche, dit le lieutenant à l’homme désigné avec lui pour suivre Maurevel chez le roi.
-- Tout à fait, dit Maurevel.
-- Pauvre diable de roi de Navarre! dit un des hommes, il était écrit là-haut qu’il ne devait point en réchapper.
-- Et ici-bas, dit Maurevel en reprenant des mains du lieutenant l’ordre de Catherine, qu’il rentra dans sa poitrine.
Maurevel introduisit dans la serrure la clef que lui avait remise Catherine, et, laissant deux hommes à la porte extérieure, comme il en était convenu, entra avec les quatre autres dans l’antichambre.
-- Ah! ah! dit Maurevel en entendant la bruyante respiration du dormeur, dont le bruit arrivait jusqu’à lui, il para?t que nous trouverons ici ce que nous cherchons.
Aussit?t Orthon, pensant que c’était son ma?tre qui rentrait, alla au-devant de lui, et se trouva en face de cinq hommes armés qui occupaient la première chambre.
à la vue de ce visage sinistre, de ce Maurevel qu’on appelait le Tueur de roi, le fidèle serviteur recula, et se pla?ant devant la seconde porte:
-- Qui êtes-vous? dit Orthon; que voulez-vous?
-- Au nom du roi, répondit Maurevel, où est ton ma?tre?
-- Mon ma?tre?
-- Oui, le roi de Navarre?
-- Le roi de Navarre n’est pas au logis, dit Orthon en défendant plus que jamais la porte; ainsi vous ne pouvez pas entrer.
-- Prétexte, mensonge, dit Maurevel. Allons, arrière!
Les Béarnais sont entêtés; celui-ci gronda comme un chien de ses montagnes, et sans se laisser intimider:
-- Vous n’entrerez pas, dit-il; le roi est absent.
Et il se cramponna à la porte.
Maurevel fit un geste; les quatre hommes s’emparèrent du récalcitrant, l’arrachant au chambranle auquel il se tenait cramponné, et, comme il ouvrait la bouche pour crier, Maurevel lui appliqua la main sur les lèvres.
Orthon mordit furieusement l’assassin, qui retira sa main avec un cri sourd, et frappa du pommeau de son épée le serviteur sur la tête. Orthon chancela et tomba en criant:
-- Alarme! alarme! alarme! Sa voix expira, il était évanoui. Les assassins passèrent sur son corps, puis deux restèrent à cette seconde porte, et les deux autres entrèrent dans la chambre à coucher, conduits par Maurevel. à la lueur de la lampe br?lant sur la table de nuit, ils virent le lit. Les rideaux étaient fermés.
-- Oh! oh! dit le lieutenant, il ne ronfle plus, ce me semble.
-- Allons, sus! dit Maurevel. à cette voix, un cri rauque qui ressemblait plut?t au rugissement du lion qu’à des accents humains partit de dessous les rideaux, qui s’ouvrirent violemment, et un homme, armé d’une cuirasse et le front couvert d’une de
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