ꞶLa reine Margot - Tome I
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Title: La reine Margot - Tome I
Author: Alexandre Dumas, Père
Release Date: October 25, 2004 [EBook #13856]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Alexandre Dumas
LA REINE MARGOT Tome I
(1845)
Table des matières
I Le latin de M. de Guise II La chambre de la reine de Navarre III Un roi poète IV La soirée du 24 ao?t 1572 V Du Louvre en particulier et de la vertu en général VI La dette payée VII La nuit du 24 ao?t 1572 VIII Les massacrés IX Les massacreurs X Mort, messe ou Bastille XI L’aubépine du cimetière des Innocents XII Les confidences XIII Comme il y a des clefs qui ouvrent les portes auxquelles elles ne sont pas destinées XIV Seconde nuit de noces XV Ce que femme veut Dieu le veut XVI Le corps d’un ennemi mort sent toujours bon XVII Le confrère de ma?tre Ambroise Paré XVIII Les revenants XIX Le logis de ma?tre René, le parfumeur de la reine mère XX Les poules noires XXI L’appartement de Madame de Sauve XXII Sire, vous serez roi XXIII Un nouveau converti XXIV La rue Tizon et la rue Cloche-Percée XXV Le manteau cerise XXVI Margarita XXVII La main de Dieu XXVIII La lettre de Rome XXIX Le départ XXX Maurevel XXXI La chasse à courre
PREMIèRE PARTIE
I Le latin de M. de Guise
Le lundi, dix-huitième jour du mois d’ao?t 1572, il y avait grande fête au Louvre.
Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain-l’Auxerrois, étaient, quoiqu’il f?t minuit, encombrées de populaire.
Tout ce concours mena?ant, pressé, bruyant, ressemblait, dans l’obscurité, à une mer sombre et houleuse dont chaque flot faisait une vague grondante; cette mer, épandue sur le quai, où elle se dégorgeait par la rue des Fossés-Saint-Germain et par la rue de l’Astruce, venait battre de son flux le pied des murs du Louvre et de son reflux la base de l’h?tel de Bourbon qui s’élevait en face.
Il y avait, malgré la fête royale, et même peut-être à cause de la fête royale, quelque chose de mena?ant dans ce peuple, car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n’était que le prélude d’une autre remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s’ébattrait de tout son coeur.
La cour célébrait les noces de madame Marguerite de Valois, fille du roi Henri II et soeur du roi Charles IX, avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. En effet, le matin même, le cardinal de Bourbon avait uni les deux époux avec le cérémonial usité pour les noces des filles de France, sur un théatre dressé à la porte de Notre- Dame.
Ce mariage avait étonné tout le monde et avait fort donné à songer à quelques-uns qui voyaient plus clair que les autres; on comprenait peu le rapprochement de deux partis aussi haineux que l’étaient à cette heure le parti protestant et le parti catholique: on se demandait comment le jeune prince de Condé pardonnerait au duc d’Anjou, frère du roi, la mort de son père assassiné à Jarnac par Montesquiou. On se demandait comment le jeune duc de Guise pardonnerait à l’amiral de Coligny la mort du sien assassiné à Orléans par Poltrot du Méré. Il y a plus: Jeanne de Navarre, la courageuse épouse du faible Antoine de Bourbon, qui avait amené son fils Henri aux royales fian?ailles qui l’attendaient, était morte il y avait deux mois à peine, et de singuliers bruits s’étaient répandus sur cette mort subite. Partout on disait tout bas, et en quelques lieux tout haut, qu’un secret terrible avait été surpris par elle, et que Catherine de Médicis, craignant la révélation de ce secret, l’avait empoisonnée avec des gants de senteur qui avaient été confectionnés par un nommé René, Florentin fort habile dans ces sortes de matières. Ce bruit s’était d’autant plus répandu et confirmé, qu’après la mort de cette grande reine, sur la demande de son fils, deux médecins, desquels était le fameux Ambroise Paré, avaient été autorisés à ouvrir et à étudier le corps, mais non le cerveau. Or, comme c’était par l’odorat qu’avait été empoisonnée Jeanne de Navarre, c’était le cerveau, seule partie du corps exclue de l’autopsie, qui devait offrir les traces du crime. Nous disons crime, car personne ne
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