La réforme postale en France | Page 3

M. Barrillon
introduites, pendant ces trente dernières années, dans la rapidité du transport des lettres. Pendant cette même période de temps, et surtout depuis 1830, l'administration des postes a doté le pays d'autres perfectionnements non moins avantageux. Toutes les branches de l'administration ont re?u des modifications utiles; les malles poste ont été construites sur de meilleurs modèles; les lettres sont transportées au moins tous les deux jours dans les communes qui n'ont pas de bureau de poste; enfin, l'administration a établi les paquebots-poste du Levant et ceux d'Alger, de la Corse et de la Manche, institutions nouvelles, remarquables par les éminents services qu'elles rendent au pays.
Pour effectuer ces progrès, l'administration des postes a d? nécessairement augmenter ses dépenses; mais les progrès ont augmenté les recettes annuelles, en excitant l'activité des correspondances désormais mieux servies. L'administration des postes a ainsi trouvé, dans ses revenus, les moyens de pourvoir à ses charges nouvelles sans demander de subvention au trésor public.
Il y a d'utiles enseignements à retirer de l'étude du développement successif des produits du transport des lettres. Cette étude est, d'ailleurs, nécessaire pour le travail qui nous occupe; elle complète l'appréciation de la situation actuelle de cette grande institution.
Voici d'abord quelques indications sur l'accroissement progressif de ces produits.
-------------------------------------------- | ANNéES. | PRODUIT NET. | |-----------------|--------------------------| | 1672 | 1,200,000 livres. | | 1683 | 1,800,000 | | 1713 | 3,100,000 | | 1735 | 3,946,000 | | 1750 | 4,801,000 | | 1770 | 8,790,000 | | 1777 | 10,400,000 | | 1788 | 12,000,000 | | 1791 | 11,608,000 francs. | | 1829 | 14,288,000 | | 1838 | 19,560,000 | | 1846 | 19,381,000 | --------------------------------------------
Les chiffres inscrits dans ce tableau doivent être l'objet d'une remarque importante. De 1672 à 1788 les revenus recueillis par l'administration des postes furent le résultat de baux par lesquels les produits de ce service étaient affermés, pour un certain intervalle de temps, moyennant une redevance annuelle fixe. à partir de 1791, cette exploitation fut directement administrée par l'état.
Pour apprécier plus exactement la marche progressive du produit de l'administration des postes, il faudrait conna?tre le produit brut successivement obtenu, chaque année, par cette administration. Ce renseignement n'a pu être recueilli pendant la durée du système de mise à ferme. Le tableau suivant donne le produit brut annuel de chacune des années 1791, 1829, 1838 et 1845, pendant lesquelles l'état a lui-même exploité. Il présente en même temps la dépense et rappelle le produit net afférent à chacune de ces années.
---------------------------------------------------- | ANNéES. |RECETTE BRUTE.| DéPENSE. | PRODUIT NET. | |---------|--------------|----------- |--------------| | | f. | f. | f. | | 1791 | 16,277,000 | 4,009,000 | 11,668,000 | | 1829 | 30,754,000 | 16,471,000 | 14,283,000 | | 1838 | 42,070,000 | 22,510,000 | 19,560,000 | | 1846 | 50,382,000 | 31,000,000 | 19,381,000 | ----------------------------------------------------
Si l'on compare entre eux, soit les produits bruts constatés par ce tableau, soit les produits nets constatés par le tableau précédent, on trouve que l'accroissement a progressé avec une singulière régularité proportionnelle. De 1672 à 1735, période de 63 années, le produit a triplé; de 1735 à 1791, période de 56 ans, le produit a triplé encore; de 1791 à 1845, période de 54 années, le produit a éprouvé un semblable triplement.
Cette égalité de progression, qui se continue pendant trois séries comprenant ensemble plus d'un siècle et demi, inspire un certain étonnement. Il semble, en effet, que plus on se rapproche de notre époque, plus la multiplication du nombre des lettres a d? s'augmenter en des proportions géométriques, soit par l'effet de l'accroissement de la population, soit par l'effet du perfectionnement et de la propagation de l'instruction publique, soit enfin par l'effet du développement des industries et du commerce. Il semble, d'ailleurs, que les améliorations si remarquables dont les voies de circulation et l'administration des postes ont été dotées, ont d? exciter d'une manière extraordinaire l'accroissement du nombre des lettres. Cependant cet accroissement s'est multiplié seulement en proportion arithmétique, comme pendant les époques plus anciennes. On a tout d'abord de la peine à se rendre compte des causes de cette singularité; mais si l'on examine les tarifs successivement appliqués au transport des lettres, on est amené à reconna?tre que les taxes imposées par ces tarifs ont pu, et même ont d? produire le résultat qui semblait invraisemblable. Quelque minime que paraisse au premier aspect l'imp?t indirect per?u pour le port d'une lettre, sa quotité plus ou moins élevée exerce pourtant une influence prononcée sur le produit général. Les tableaux suivants, qui présentent les tarifs appliqués en France, à diverses époques, pour le transport des lettres, permettront d'apprécier l'influence que les taxes successives ont pu exercer sur les produits auxquelles elles correspondaient.
Pour faciliter l'appréciation à laquelle ces tableaux doivent servir, ils contiennent, en regard de chaque époque, le prix moyen de l'hectolitre
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