les pleurs d'un amy pitoyable,?A de timides coeurs la rendent effroyable:?Mais comme avec raison on blasmeroit la peur?Qu'un homme concevroit pour un masque trompeur;?C'est exposer son ame �� des justes censures,?De craindre de mourir pour des larmes futures.?La mort est naturelle, & je ne pense pas?Qu'on ne souffre en naissant comme on souffre au trespas; Encore nostre mort doit estre moins �� craindre,?Qui nous laisse un renom qui ne se peut esteindre.?Celuy-la vit toujours parmy les gens d'honneur,?Qui meurt en combatant pour le commun bon-heur;?Imitons en cela nos valeureux ancestres,?Que Rome a veu mourir pour n'avoir point de Maistres:?Et celuy qui domptant la Nature & les Rois,?Immola ses enfans �� l'honneur de nos lois.?C'est un trop haut dessein pour la puissance humaine,?De soustenir le vol de nostre Aigle Romaine;?Rome donne des loix, & n'en peut recevoir,?De peur que la vertu n'y perde son pouvoir:?Car un peuple abattu sous un honteux servage?Relasche tous les jours de l'ardeur du courage:?Et comme le lyon qui se laisse enchaisner,?Il perd dedans les fers le soin de dominer.?Je tire aussi de l�� l'esperance certaine?De nous voir aujourd'huy Maistres de cette plaine,?Puis que tous les Romains qui voudroient l'empescher?Sont esclaves, chetifs, & prests �� se cacher:?Outre que les exploits presque au del�� de l'homme?Se sont faits seulement en combatant pour Rome;?Car les Dieux qui l'ont mise en leur protection?Assistoient les autheurs dans leur affection.?Mais depuis que l'orgueil a bouffi le courage?De ceux qui pouvant tout, ont voulu davantage,?Et fait qu'encontre Rome ils se sont rebellez,?On n'en a jamais veu des actes signalez,?Sinon quand de nos Dieux la sagesse supresme?Arma leurs propres mains pour se defaire eux-mesmes;?Et que dans ce combat si triste & si mortel?L'un d'eux fut la victime, & Pharsale l'autel:?Car lors pour espargner les coups de nostre esp��e?Le Ciel fit que C?sar nous sauva de Pomp��e,?S?achant que son orgueil apres un tel effort?Le precipiteroit dans les mains de la mort,?Et que contre ceux-cy nos forces repos��es?Pourroient trouver apres des routes plus ais��es.?Mais je raisonne en vain, que sert-il de parler??Vous courez au combat, vous y voulez voler;?Et malgr�� les efforts des troupes infidelles,?Esteindre dans leur sang le feu de nos querelles,?S?achant qu'un brave coeur ne peut jamais perir?Dedans le beau dessein de vaincre ou de mourir.?Et bien, allons amis, certains que nostre gloire?Remplira l'Univers apres cette victoire,?Si tous d'un mesme accord nous y voulons courir?Avec ce beau dessein de vaincre ou de mourir,?Le Demon qui regist le sort de nostre Empire,?Ne souffrira jamais que nous ayons du pire,?Et de tout son pouvoir nous viendra secourir,?Si nous avons dessein de vaincre ou de mourir;?Les voeux que le Senat pousse en cette occurance?Verront recompenser leur sainte violance,?Et tant de pleurs qu'il verse en fin pourront tarir,?Si nous avons dessein de vaincre ou de mourir,?Que si trop longuement je parle en cette sorte,?C'est l'amour du pa?s qui me presse & m'emporte,?Resistons luy pourtant, & sans plus discourir,?Qu'il agisse au dessein de vaincre ou de mourir.
I. CHEF.
Quand le ressentiment des libertez ravies?Ne nous forceroit pas �� prodiguer nos vies,?Ton discours sur mon coeur a fait un tel effort,?Qu'il me tarde d��ja d'estre vainqueur ou mort.
II. CHEF.
De moy quelques succez que le Ciel nous prepare,?La constance toujours me servira de phare,?Et malgr�� les escueils je trouveray le port?Dans c��t ardent desir d'estre vainqueur ou mort.
III. CHEF.
Vos desirs sont les miens apres ce qu'a dit Brute,?Il n'est rien que je n'ose & que je n'execute;?L'honneur, la libert��, Rome, l'Estat mal sein,?Tout nous porte aujourd'huy dans un si beau dessein.
BRUTE.
Je voy ces lasches coeurs qui rougissent de honte,?D'avoir de leur honneur tenu si peu de compte;?Mais il est d��ja temps que chacun �� son rang?Aille faire rougir ses armes de leur sang.
SCENE IV.
PORCIE, sa Compagne.
PORCIE.
Demons qui conduisez l'ordre des Destin��es,?Si Rome doit flechir sous le joug des Tyrans,?Commandez �� la mort de trancher mes ann��es,?Ou me donnez le coeur d'imiter mes parens.?Rome qui commandois ce que le monde ensere,?Voudrois-tu subsister apres c��t accident??Abysme toy pl?tost au centre de la terre,?C��t effort genereux te sauve en te perdant.?Demoly les Autels de ces Dieux de fum��e,?Que leurs Temples brisez tesmoignent aux Neveux?Qu'apres avoir en vain leur force reclam��e,?Tu sceus venger au moins la perte de tes voeux.?Tyrans presomptueux dont l'audace effront��e?S'efforce d'usurper un bien si precieux,?Vous courez obstinez au feu de Prometh��e,?Qui doit faire rougir vos coeurs ambitieux.?Et moy dois-je douter qu'apres un coup si rude?Rien me puisse empescher de courir �� la mort,?Si mon pere fuyant la mesme servitude?Malgr�� tous ses Soldats fut maistre de son sort.
SCENE V.
LA COMPAGNE, PORCIE.
LA COMPAGNE.
Madame, en c��t instant tous les Soldats en armes?Commencent le combat qui doit finir vos larmes;?On n'entend rien que cris & que gemissemens,?Vous diriez que le Ciel confond les Elemens:?Les traits volant en l'air par un confus rencontre?Empeschent le Soleil de voir ce qu'il nous monstre:?D��ja venus aux mains, les nostres plus
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