l'attention possible, toute l'habitude et le sang-froid qu'on peut supposer aux timonniers et aux meilleurs officiers, ne suffisent pas toujours pour pr��server un navire qui fuit _�� mats_ et _�� cordes_, des accidents que l'on court sous cette dangereuse allure. Lorsque la lame, par exemple, surprenant par un mouvement irr��gulier le navire dont la vitesse s'est ralentie, le frappe dans son arri��re, souvent elle enl��ve dans ce choc irr��sistible, toute la partie qui lui a oppos�� une r��sistance trop grande. Alors, le navire doit succomber in��vitablement, car, ne pouvant plus fuir avec assez de promptitude apr��s cette avarie, le coup de mer qui succ��de au premier qu'il a re?u, ach��ve de le remplir, et doit suffire presque toujours pour le faire sancir. Les exemples funestes de quelques batiments qui n'ont ��chapp�� que par miracle �� de semblables accidents de mer, prouvent assez combien il en est qui ont d? p��rir par ces accidents m��mes. Un fait qui a laiss�� dans ma m��moire des d��tails dont les circonstances o�� je me suis trouv�� ensuite ont raviv�� le souvenir, pourrait d��montrer quels sont les p��rils que les plus grands navires m��mes courent en fuyant vent arri��re au milieu d'une temp��te. Un capitaine anglais ramenait en Europe, sur un trois mats de 6 �� 700 tonneaux, l'��quipage du brick le Nisus et d'autres prisonniers captur��s sur les att��rages de la Martinique, en 1809. Rendu pr��s des A?ores, ce navire, tout neuf encore, fut assailli par une temp��te qui rendit la mer furieuse. Les vents soufflaient dans une direction favorable, et le capitaine anglais s'obstina �� ne pas vouloir mettre en cape, malgr�� les instances du capitaine et des officiers fran?ais, qui lui repr��sentaient le danger qu'il courait en continuant �� fuir vent arri��re. Toutes les sollicitations furent inutiles, et quelques verres de grog achev��rent de confirmer le marin anglais dans son imprudente r��solution. La nuit, lorsque la moiti�� de l'��quipage anglais ��tait seul rest�� sur le pont o�� le retenait le devoir, un coup de mer tomba �� bord, et le fracas avec lequel il d��ferla, fit croire �� ceux qui ��taient en bas que le batiment avait touch�� et qu'il coulait. Tous se pr��cipit��rent sur le pont: la mature seule tenait encore; mais quatorze canons avec leurs aff?ts, les embarcations, les ancres, le capitaine et les quarante hommes de quart avaient disparu. Au milieu de ce d��sordre ��pouvantable, on essaya de mettre �� la cape; la barre du gouvernail livr��e �� elle-m��me, et priv��e des quatre timonniers qui, quelques minutes auparavant, en avaient tenu la roue, donnait des coups affreux d'un bord �� l'autre du navire. Les premiers matelots qui voulurent s'en rendre ma?tres furent ��cras��s; mais enfin on parvint �� la fixer sous le vent, et �� rester en cape, sous un foc d'artimon. Les Fran?ais prisonniers, qui, par suite de l'accident, se trouvaient en bien plus grand nombre que les Anglais, s'empar��rent du batiment transport, et quand le temps le permit, ils firent route pour les c?tes de France, o�� ils croyaient bien pouvoir atterrir et recevoir du sort une compensation aux dangers auxquels ils venaient d'��chapper. Mais le hasard ne favorisa pas leur tentative: une fr��gate anglaise qui croisait devant Brest, chassa le navire d��sempar�� et l'atteignit �� la hauteur d'Ouessant. Lorsque le capitaine de cette fr��gate apprit que c'��tait en fuyant vent en arri��re dans un trop mauvais temps, que le capitaine de sa nation avait disparu, il se contenta de dire froidement: Never mind so much the worth! C'est ��gal, tant pis pour lui!
III.
La Chasse.
Le jour va poindre: ses premiers rayons d��j�� projet��s vers le z��nith ont averti l'officier de quart que le moment de faire faire la visite du gr��ement, par les gabiers, est arriv��. Le ma?tre d'��quipage a soin d'ordonner aux hommes qui montent dans la mature, de porter attentivement leurs regards sur tous les points de l'horizon. A peine le premier gabier est-il parvenu sur les barres de perroquet, qu'il s'��crie, Navire! Ce mot a fait tressaillir de joie tout l'��quipage. _Dans quelle partie le vois-tu_? demande l'officier au gabier: _Par le bossoir de dessous le vent, l��, �� une lieue �� peu pr��s de distance.?_ Un coup de sifflet de silence se fait alors entendre: un pilotin va pr��venir le commandant; la moiti�� de l'��quipage qui n'��tait pas de quart, est aussit?t r��veill��e, et monte sur le pont en fixant les yeux sur le batiment d��couvert. L'officier ordonne de larguer toutes les voiles qui, pendant la nuit, avaient ��t�� serr��es. Dans un instant la fr��gate est couverte de toile; et tous les gabiers des hunes et les matelots, rang��s sur les manoeuvres, attendent avec leur vigilance ordinaire, excit��e encore par l'espoir de quelque ��v��nement, le commandement que l'officier de quart fait entendre dans le sonore porte-voix. Le cap a ��t�� mis sur le
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