ㆂThe Project Gutenberg EBook of La maison de la courtisane, by Oscar Wilde
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Title: La maison de la courtisane
Nouveaux Poèmes
Author: Oscar Wilde
Release Date: February 22, 2005 [EBook #15150]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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La Maison de la Courtisane
NOUVEAUX POèMES
Traduction d'ALBERT SAVINE
DEUXIèME éDITION
1919
LA MAISON DE LA COURTISANE
Nous per??mes le bruit cadencé de pas de danseurs; nous suiv?mes, en flanant, la rue éclairée par la lune et nous arrêtames devant la maison de la Courtisane.
De l'intérieur, à travers le tumulte, le désordre, nous entendions les musiciens jouer à grand bruit le _Coeur cher et fidèle_ de Strauss.
Pareilles à d'étranges et grotesques pantins, décrivant de fantastiques arabesques, des ombres couraient sur le store.
Nous regardions les danseurs-fant?mes tournoyer aux sons du cornet-à-piston et du violon, comme des feuilles noires que le vent fait tourbillonner.
Ainsi que des automates mis en mouvement par des fils, ces minces squelettes dessinés en silhouettes, allaient glissant, se formant en lent quadrille.
Ils se prenaient par la main et dansaient une ronde grandiose, et parfois éclatait l'écho grêle et aigu des rires.
Parfois une poupée à mouvement d'horlogerie pressait contre sa poitrine un amant-fant?me; on eut dit parfois qu'ils se disposaient à fredonner et à chanter.
Parfois une horrible marionnette se détachait et fumait une cigarette sur les degrés du perron: on eut dit une chose qui vivait.
Alors me tournant vers mon aimée, je lui dis: ?Ce sont des morts qui dansent avec des morts; c'est de la poussière qui tourbillonne avec de la poussière.?
Mais elle, elle répondit à l'appel du violon; elle me quitta, elle entra. L'Amour pénétra dans la demeure du Plaisir.
Et soudain les sons prirent un timbre faux. Les danseurs furent las de valser; les ombres cessèrent de tournoyer, de virer.
Et par la rue longue et silencieuse, l'aurore, aux pieds chaussés de sandales d'argent, parut furtive comme une jeune fille apeurée.
RAVENNE
Poème récité au théatre Sheldon, à Oxford, le 26 juin 1878.
à MON AMI
GEORGES FLEMING
Auteur du Roman du Nil_ et de _Mirage.
I
Ravenne, Mars 1877.
Oxford, Mars 1878.
Il y a un an, je respirais l'air de l'Italie,--et pourtant, il est beau, ce me semble, ce printemps du Nord, avec ces campagnes que dore la fleur de mars, le sansonnet qui chante sur le bouleau velouté, les freux qui croassent, les ramiers des bois qui voltigent de ci de là, les petits nuages qui courent par le ciel. Elle est jolie la violette, qui penche doucement la tête, la primevère, pale d'amour inconsolé, la rose qui bourgeonne sur l'églantier grimpant, le groupe de crocus, (qu'on dirait une lune de feu, qui aurait pour contour un anneau pourpre de fian?ailles), et toutes les fleurs de notre printemps anglais, les charmantes perce-neige et l'asphodèle aux brillantes étoiles. L'alouette prend son essor près du moulin qui murmure, et brise les fils de la vierge que couvre la première rosée, et le long de la rivière, pareil à une flamme bleue, file comme une flèche le martin-pêcheur, pendant que les linottes brunes chantent dans la verte feuillée.
Il y a un an.... Il semble qu'un temps bien court se soit passé, depuis la dernière fois que j'ai vu ce magnifique climat du Sud, où fleur et fruit prennent le rayonnement de la pourpre, où les pommes de la table brillent comme des lampes allumées. C'était alors le Printemps, et je chevauchais à mon gré par des vignes à la riche floraison, par les sombres bosquets d'oliviers. L'air moite était doux. La route blanche résonnait sous les pieds de mon cheval, et tout en rêvant au nom antique de Ravenne, j'épiais le jour jusqu'au moment où masqué de blessures de flamme, le ciel de turquoise prit la teinte de l'or bruni.
Oh! comme mon coeur br?la d'une jeune passion, quand bien loin par delà les roseaux et les eaux stagnantes, j'aper?us cette cité sainte surgissant en traits clairs, et portant sa couronne de tours. J'accélérai mon galop, rivalisant avec le soleil couchant, et avant que se fussent éteintes les dernières lueurs cramoisies, je me vis enfin dans l'enceinte de Ravenne.
II
Quel étrange silence! Nul bruit de vie ou de joie n'agite l'air. Point de jeune berger rieur, qui joue du chalumeau. Même pendant tout le jour, on n'entend pas les cris heureux des enfants qui jouent. Comme c'est triste, et doux, et silencieux! Assurément on pourrait vivre ici bien loin de toute crainte, à voir le défilé des saisons, depuis l'amoureux
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