allait y monter, lorsqu'une femme y entra du c?t�� oppos�� et y prit place tranquillement.
Il n'avait nulle envie de contester le droit de priorit�� de cette dame et il recula pour se mettre en qu��te d'une autre voiture, mais l'inconnue lui dit:
--Venez, monsieur!
Elle avait rabattu sur sa figure une ��paisse voilette de blonde noire, et Paul ne pouvait pas voir si elle ��tait jolie, mais la voix ��tait douce, la tournure distingu��e, la toilette ��l��gante.
C'��tait d��cid��ment la journ��e aux aventures.
--Au rond-point des Champs-��lys��es! reprit la dame.
Paul Cormier tombait de son haut. Elle lui parlait comme elle aurait parl�� �� un de ces commissionnaires qui ouvrent, aux stations, les porti��res des fiacres.
Il aurait d? la planter l��, mais c'��tait si dr?le qu'il se d��cida tout de suite �� r��p��ter au cocher l'ordre qu'elle venait de donner et �� prendre place �� c?t�� d'elle dans la voiture.
Le romanesque Paul aimait l'impr��vu: il ��tait servi �� souhait.
Mais il n'augurait pas tr��s bien de cette nouvelle aventure.
Il savait que les grandes mondaines n'ont pas coutume de se jeter ainsi �� la t��te d'un monsieur qu'elles n'ont jamais vu et il pensait que cette personne, un peu trop sans fa?on, pouvait bien n'��tre qu'une farceuse en qu��te d'une liaison passag��re... et productive.
Elle avait cependant si bon air qu'il voulait savoir �� quoi s'en tenir sur ses intentions.
Il lui restait tout le temps de faire avec elle, avant d'aller d?ner au Marais, une promenade qui ��claircirait ce petit myst��re, et rien ne l'emp��cherait ensuite de fausser compagnie �� la promeneuse, s'il s'apercevait qu'elle ne valait pas la peine d'��tre conquise.
Elle ne le fit pas languir.
Le fiacre commen?ait �� peine �� descendre la rue de Tournon et Paul en ��tait encore �� chercher une phrase pour entamer la conversation, quand elle releva sa voilette.
Cette inconnue c'��tait la blonde aux yeux noirs que Jean de Mirande avait abord��e si audacieusement et avec si peu de succ��s, sur la terrasse du jardin.
Elle regardait Paul, en souriant et elle paraissait s'amuser de son ��tonnement et de son trouble.
--Quoi! Madame, dit-il assez gauchement, c'est vous qui, tout �� l'heure...
--Oui, Monsieur, r��pondit-elle, sans para?tre embarrass��e, c'est moi qui ��tais assise, l��-bas, sous les grands marronniers, quand votre ami s'est permis de m'adresser la parole.
--Je vous prie de croire, Madame, que j'ai fait ce que j'ai pu pour l'emp��cher de commettre cette inconvenance.
--Je le sais, Monsieur; j'ai tr��s bien vu que vous avez essay�� de le retenir et j'ai devin�� que vous le d��sapprouviez.
--Oh! absolument!
--Je n'en doute pas. C'est ce qui m'a fait d��sirer de vous conna?tre.
L'explication ne laissait pas que d'��tre flatteuse pour Paul Cormier; mais elle n'excusait pas l'allure, pour le moins excentrique, de cette dame qui, pour faire connaissance avec un jeune homme qu'elle venait de voir pour la premi��re fois, n'imaginait rien de mieux que d'envahir un fiacre o�� il montait et de lui commander de l'accompagner �� l'autre bout de Paris.
Il n'aurait plus manqu�� que de baisser les stores.
Elle ne s'en avisa point, ni Paul non plus, car il avait beau se dire qu'il ��tait tomb�� sur une chercheuse de rencontres, il ne parvenait pas �� se le persuader, tant l'air de cette blonde ��nigmatique ��tait en d��saccord avec sa conduite.
Il y avait dans toute sa personne et dans le ton qu'elle avait pris un je ne sais quoi qui commandait, sinon le respect, au moins des ��gards, et au risque d'��tre dupe, Paul ne put pas se d��cider �� lui parler autrement qu'il ne l'aurait fait dans un salon.
--Quel dommage, reprit-elle, qu'un homme si bien n�� soit si mal ��lev��!
--Comment savez-vous qu'il est bien n��? demanda Paul.
--Il ne s'est assis pr��s de moi qu'un instant et il a trouv�� le temps de dire son nom... je crois m��me qu'il y a ajout�� son adresse.
--Et son nom vous ��tait connu? demanda Paul, tr��s ��tonn��.
--Oh! depuis bien des ann��es. Sa famille est une des plus anciennes et une des plus illustres du Languedoc.
Cormier pensa tristement que la sienne ne remontait pas si loin et que sa notori��t�� ne s'��tait jamais ��tendue au-del�� du quartier des Halles, mais il ne laissa pas voir �� la dame qu'elle venait de l'humilier, sans le vouloir.
Il se contenta de r��pondre:
--Jean e?t ��t�� bien fier, s'il avait su que, pour vous, il n'��tait pas le premier venu. Pourquoi ne le lui avez-vous pas dit?
--Je n'avais garde... pour plusieurs raisons... la premi��re, c'est qu'il aurait fallu me nommer... Or, si j'ai entendu parler de lui, il n'a jamais entendu parler de moi... Mon nom ne lui aurait rien appris... et d'ailleurs, menant la vie qu'il m��ne, il doit se soucier fort peu de me conna?tre.
--Il m��ne la m��me vie que tous les ��tudiants... la m��me que moi.
--Permettez-moi, Monsieur, de n'en rien croire. Je vous regardais quand vous avez rencontr�� sur la terrasse les demoiselles qui
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