La dernière Aldini
The Project Gutenberg EBook of La dernière Aldini, by George Sand
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Title: La dernière Aldini Simon
Author: George Sand
Release Date: February 19, 2006 [EBook #17795]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DERNIÈRE ALDINI ***
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GEORGE SAND
LA DERNIÈRE ALDINI
SIMON
1855
NOTICE
Les romans sont toujours plus ou moins des fantaisies, et il en est de
ces fantaisies de l'imagination comme des nuages qui passent. D'où
viennent les nuages, et où vont-ils?
J'ai rêvé, en me promenant à travers la forêt de Fontainebleau, tête à
tête avec mon fils, à toute autre chose qu'à ce livre, que j'écrivais le soir
dans une auberge, et que j'oubliais le matin, pour ne m'occuper que des
fleurs et des papillons. Je pourrais raconter toutes nos courses et tous
nos amusements avec exactitude, et il m'est impossible de dire
pourquoi mon esprit s'en allait le soir à Venise. Je pourrais bien
chercher une bonne raison; mais il sera plus sincère d'avouer que je ne
m'en souviens pas: il y a de cela quinze ou seize ans.
GEORGE SAND. Nohant, 23 août 1853.
ALLA SIGNORA CARLOTTA MARLIANI, CONSULESSA DI
SPAGNA.
Les mariniers de l'Adriatique ne mettent point en mer une barque neuve
sans la décorer de l'image de la Madone. Que votre nom, écrit sur cette
page, soit, ô ma belle et bonne amie, comme l'effigie de la céleste
patronne, qui protège un frêle esquif livré aux flots capricieux.
GEORGE SAND.
LA DERNIÈRE ALDINI.
PREMIÈRE PARTIE.
A cette époque-là, le signor Lélio n'était plus dans tout l'éclat de sa
jeunesse; soit qu'à force de remplir leur office généreux, ses poumons
eussent pris un développement auquel avaient obéi les muscles de la
poitrine, soit le grand soin que les chanteurs apportent à l'hygiène
conservatrice de l'harmonieux instrument, son corps, qu'il appelait
joyeusement l'étui de sa voix, avait acquis un assez raisonnable degré
d'embonpoint. Cependant sa jambe avait conservé toute son élégance,
et l'habitude gracieuse de tous ses gestes en faisait encore ce que sous
l'Empire les femmes appelaient un beau cavalier.
Mais si Lélio pouvait encore remplir, sur les planches de la Fenice et de
la Scala, l'emploi de primo uomo sans choquer ni le goût ni la
vraisemblance; si sa voix tout jours admirable et son grand talent le
maintenaient au premier rang des artistes italiens; si ses abondants
cheveux d'un beau gris de perle, et son grand oeil noir plein de feu,
attiraient encore le regard des femmes, aussi bien dans les salons que
sur la scène, Lélio n'en était pas moins un homme sage, plein de réserve
et de gravité dans l'occasion. Ce qui nous semblait étrange, c'est
qu'avec les agréments que le ciel lui avait départis, avec les succès
brillants de son honorable carrière, il n'était point et n'avait jamais été
un homme à bonnes fortunes. Il avait, disait-on, inspiré de grandes
passions; mais, soit qu'il ne les eut point partagées, soit qu'il en eût
enseveli le roman dans l'oubli d'une conscience généreuse, personne ne
pouvait raconter l'issue délicate de ces épisodes mystérieux. De fait, il
n'avait compromis aucune femme. Les plus opulentes et les plus
illustres maisons de l'Italie et de l'Allemagne l'accueillaient avec
empressement; nulle part il n'avait porté le trouble et le scandale.
Partout il jouissait d'une réputation de bonté, de loyauté, de sagesse
irréprochable.
Pour nous artistes, ses amis et ses compagnons, il était bien aussi le
meilleur et le plus estimable des hommes. Mais cette gaieté sereine,
cette grâce bienveillante qu'il portait dans le commerce du monde, ne
nous cachaient pas absolument un fond de mélancolie et l'habitude d'un
chagrin secret. Un soir, après souper, comme nous fumions le serraglio
sous nos treilles embaumées de Sainte-Marguerite, l'abbé Panorio nous
parlait de lui-même, et nous disait les poétiques élans et les combats
héroïques de son propre coeur avec une candeur respectable et
touchante. Lélio, gagné par cet exemple et partageant notre effusion,
pressé aussi un peu par les questions de l'abbé et les regards de Beppa,
nous confessa enfin que l'art n'était pas la seule noble passion qu'il eût
connue.
«Ed io anchè! s'écria-t-il avec un soupir; et moi aussi j'ai aimé, j'ai
combattu, j'ai triomphé!
--Avais-tu donc fait voeu de chasteté comme lui? dit Beppa en souriant
et en touchant le bras de l'abbé du bout de
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