circonstance est difficile, n'est-ce pas, madame?
--Grave, dit lentement Catherine en levant les yeux et les mains au ciel, bien grave, Henri.
Le roi, frapp�� de cette expression de terreur qu'il croyait lire dans les yeux de sa m��re, revint pr��s d'elle.
--Quels sont ceux qui l'ont enlev��? en avez-vous quelque id��e, ma m��re?
Catherine ne r��pondit point.
--Moi, dit Henri, je pense que ce sont les Angevins.
Catherine sourit avec cette finesse qui montrait toujours en elle un esprit sup��rieur veillant pour terrasser et confondre l'esprit d'autrui.
--Les Angevins? r��p��ta-t-elle.
--Vous ne le croyez pas, dit Henri, tout le monde le croit.
Catherine fit encore un mouvement d'��paules.
--Que les autres croient cela, bien, dit-elle; mais vous, mon fils, enfin!
--Quoi donc! madame!... Que voulez-vous dire?... Expliquez-vous, je vous en supplie.
--A quoi bon m'expliquer?
--Votre explication m'��clairera.
--Vous ��clairera! Allons donc! Henri, je ne suis qu'une femme vieille et radoteuse; ma seule influence est dans mon repentir et dans mes pri��res.
--Non, parlez, parlez, ma m��re, je vous ��coute. Oh! vous ��tes encore, vous serez toujours notre ame �� nous tous. Parlez.
--Inutile; je n'ai que des id��es de l'autre si��cle, et la d��fiance fait tout l'esprit des vieillards. La vieille Catherine! donner, �� son age, un conseil qui vaille encore quelque chose! Allons donc! mon fils, impossible!
--Eh bien! soit, ma m��re, dit Henri; refusez-moi votre secours, privez-moi de votre aide. Mais, dans une heure, voyez-vous, que ce soit votre avis ou non, et je le saurai alors, j'aurai fait pendre tous les Angevins qui sont �� Paris.
--Faire pendre tous les Angevins! s'��cria Catherine avec cet ��tonnement qu'��prouvent les esprits sup��rieurs lorsqu'on dit devant eux quelque ��normit��.
--Oui, oui, pendre, massacrer, assassiner, br?ler. A l'heure qu'il est, mes amis courent d��j�� la ville pour rompre les os �� ces maudits, �� ces brigands, �� ces rebelles!....
--Qu'ils s'en gardent, malheureux, s'��cria Catherine emport��e par le s��rieux de la situation; ils se perdraient eux-m��mes, ce qui ne serait rien; mais ils vous perdraient avec eux.
--Comment cela?
--Aveugle! murmura Catherine; les rois auront donc ��ternellement des jeux pour ne pas voir!
Et elle joignit les mains.
--Les rois ne sont rois qu'�� la condition qu'ils vengeront les injures qu'on leur fait, car alors leur vengeance est une justice, et, dans ce cas surtout, tout mon royaume se l��vera pour me d��fendre.
--Fou, insens��, enfant, murmura la Florentine.
--Mais pourquoi cela, comment cela?
--Pensez-vous qu'on ��gorgera, qu'on br?lera, qu'on pendra des hommes comme Bussy, comme Antraguet, comme Livarot, comme Rib��rac, sans faire couler des flots de sang?
--Qu'importe! pourvu qu'on les ��gorge.
--Oui, sans doute, si on les ��gorge; montrez-les-moi morts, et, par Notre-Dame! je vous dirai que vous avez bien fait. Mais on ne les ��gorgera pas; mais on aura lev�� pour eux l'��tendard de la r��volte; mais on leur aura mis nue �� la main l'��p��e qu'ils n'eussent jamais os�� tirer du fourreau pour un ma?tre comme Fran?ois. Tandis qu'au contraire, dans ce cas-l��, par votre imprudence, ils d��gaineront pour d��fendre leur vie; et votre royaume se soul��vera, non pas pour vous, mais contre vous.
--Mais, si je ne me venge pas, j'ai peur, je recule, s'��cria Henri.
--A-t-on jamais dit que j'avais peur? dit Catherine en fron?ant le sourcil et en pressant ses dents de ses l��vres minces et rougies avec du carmin.
--Cependant, si c'��taient les Angevins, ils m��riteraient une punition, ma m��re.
--Oui, si c'��taient eux, mais ce ne sont pas eux.
--Qui est-ce donc, si ce ne sont pas les amis de mon fr��re?
--Ce ne sont pas les amis de votre fr��re, car votre fr��re n'a pas d'amis.
--Mais qui est-ce donc?
--Ce sont vos ennemis �� vous, ou plut?t votre ennemi.
--Quel ennemi?
--Eh! mon fils, vous savez bien que vous n'en avez jamais eu qu'un, comme votre fr��re Charles n'en a jamais eu qu'un, comme moi-m��me je n'en ai jamais eu qu'un, le m��me toujours, incessamment.
--Henri de Navarre, vous voulez dire?
--Eh! oui, Henri de Navarre.
--Il n'est pas �� Paris!
--Eh! savez-vous qui est �� Paris ou qui n'y est pas? savez-vous quelque chose? avez-vous des yeux et des oreilles? avez-vous autour de vous des gens qui voient et qui entendent? Non, vous ��tes tous sourds, vous ��tes tous aveugles.
--Henri de Navarre! r��p��ta Henri.
--Mon fils, �� chaque d��sappointement qui vous arrivera, �� chaque malheur qui vous arrivera, �� chaque catastrophe qui vous arrivera et dont l'auteur vous restera inconnu, ne cherchez pas, n'h��sitez pas, ne vous enqu��rez pas, c'est inutile. ��criez-vous, Henri: ?C'est Henri de Navarre,? et vous serez s?r d'avoir dit vrai... Frappez du c?t�� o�� il sera, et vous serez s?r d'avoir frapp�� juste... Oh! cet homme!... cet homme! voyez-vous, c'est l'��p��e que Dieu a suspendue au-dessus de la maison de Valois.
--Vous ��tes donc d'avis que je donne contre-ordre �� l'endroit des Angevins?
--A l'instant m��me, s'��cria Catherine, sans perdre une minute, sans perdre une seconde. Hatez-vous, peut-��tre est-il d��j�� trop tard; courez, r��voquez ces ordres; allez, ou vous ��tes perdu.
Et, saisissant son fils par le bras, elle le
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