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The Project Gutenberg EBook of La comedie de la mort, by Theophile Gautier
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Title: La comedie de la mort
Author: Theophile Gautier
Release Date: December 12, 2003 [EBook #10442]
Language: French
Character set encoding: ASCII
? START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA COMEDIE DE LA MORT ***
Produced by Christine De Ryck and PG Distributed Proofreaders. This file was produced from images generously made available by the Biblioth que nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr.
LA?COMEDIE?DE LA MORT,
PAR?THEOPHILE GAUTIER.
1838.
PORTAIL.
Ne trouve pas etrange, homme du monde, artiste,?Qui que tu sois, de voir par un portail si triste?S'ouvrir fatalement ce volume nouveau.
Helas! tout monument qui dresse au ciel son faite,?Enfonce autant les pieds qu'il eleve la tete.?Avant de s'elancer tout clocher est caveau,
En bas, l'oiseau de nuit, l'ombre humide des tombes;?En haut, l'or du soleil, la neige des colombes,?Des cloches et des chants sur chaque soliveau;
En haut, les minarets et les rosaces freles,?Ou les petits oiseaux s'enchevetrent les ailes,?Les anges accoudes portant des ecussons;
L'acanthe et le lotus ouvrant sa fleur de pierre?Comme un lis seraphique au jardin de lumiere;?En bas, l'arc surbaisse, les lourds piliers saxons;
Les chevaliers couches de leur long, les mains jointes,?Le regard sur la voute et les deux pieds en pointes;?L'eau qui suinte et tombe avec de sourds frissons.
Mon oeuvre est ainsi faite, et sa premiere assise?N'est qu'une dalle etroite et d'une teinte grise?Avec des mots sculptes que la mousse remplit.
Dieu fasse qu'en passant sur cette pauvre pierre,?Les pieds des pelerins n'effacent pas entiere?Cette humble inscription et ce nom qu'on y lit.
Pales ombres des morts, j'ai pour vos promenades,?File patiemment la pierre en colonnades;?Dans mon Campo-Santo je vous ai fait un lit!
Vous avez pres de vous, pour compagnon fidele,?Un ange qui vous fait un rideau de son aile,?Un oreiller de marbre et des robes de plomb.
Dans le jaspe menteur de vos tombes royales,?On voit s'entre-baiser les soeurs theologales?Avec leur aureole et leur vetement long.
De beaux enfants tout nus, baissant leur torche eteinte,?poussent autour de vous leur eternelle plainte;?Un levrier sculpte vous leche le talon.
L'arabesque fantasque, apres les colonnettes,?Enlace ses rameaux et suspend ses clochettes?Comme apres l'espalier fait une vigne en fleur.
Aux reflets des vitraux la tombe rejouie,?Sous cette floraison toujours epanouie,?D'un air doux et charmant sourit a la douleur.
La mort fait la coquette et prend un ton de reine,?Et son front seulement sous ses cheveux d'ebene,?Comme un charme de plus garde un peu de paleur.
Les emaux les plus vifs scintillent sur les armes,?L'albatre s'attendrit et fond en blanches larmes;?Le bronze semble avoir perdu sa durete.
Dans leur lit les epoux sont arranges par couples,?Leurs tetes font ployer les coussins doux et souples,?Et leur beaute fleurit dans le marbre sculpte.
Ce ne sont que festons, dentelles et couronnes,?Trefles et pendentifs et groupes de colonnes?Ou rit la fantaisie en toute liberte.
Aussi bien qu'un tombeau, c'est un lit de parade,?C'est un trone, un autel, un buffet, une estrade;?C'est tout ce que l'on veut selon ce qu'on y voit.
Mais pourtant si pousse de quelque vain caprice,?Dans la nef, vers minuit, par la lune propice,?Vous alliez soulever le couvercle du doigt,
Toujours vous trouveriez, sous cette architecture,?Au milieu de la fange et de la pourriture?Dans le suaire use le cadavre tout droit,
Hideusement verdi, sans rayon de lumiere,?Sans flamme interieure illuminant la biere?Ainsi que l'on en voit dans les Christs aux tombeaux.
Entre ses maigres bras, comme une tendre epouse,?La mort les tient serres sur sa couche jalouse?Et ne lacherait pas un seul de leurs lambeaux.
A peine, au dernier jour, leveront-t-ils la tete?Quand les cieux trembleront au cri de la trompette?Et qu'un vent inconnu soufflera les flambeaux.
Apres le jugement, l'ange en faisant sa ronde?Retrouvera leurs os sur les debris du monde;?Car aucun de ceux-la ne doit ressusciter.
Le Christ lui-meme irait comme il fit au Lazare?Leur dire: Levez-vous! que le sepulcre avare?Ne s'entr'ouvrirait pas pour les laisser monter.
Mes vers sont les tombeaux tout brodes de sculptures,?Ils cachent un cadavre, et sous leurs fioritures?Ils pleurent bien souvent en paraissant chanter.
Chacun est le cercueil d'une illusion morte;?J'enterre la les corps que la houle m'apporte?Quand un de mes vaisseaux a sombre dans la mer;
Beaux reves avortes, ambitions decues,?Souterraines ardeurs, passions sans issues,?Tout ce que l'existence a d'intime et d'amer.
L'ocean tous les jours me devore un navire,?Un recif, pres du bord, de sa pointe dechire?Leurs flancs doubles de cuivre et leur quille de fer.
Combien j'en ai lance plein d'ivresse et de joie?Si beaux et si coquets sous leurs flammes de soie.?Que jamais dans le port mes yeux ne reverront!
Quels passagers charmants, tetes fraiches et rondes,?Desirs aux seins gonfles, espoirs, chimeres blondes;?Que d'enfants de mon coeur entasses sur le pont!
Le flot a tout
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