voir à Beaucaire, à Avignon et dans tous les châteaux forts ou enceintes des XIVe
et XVe siècles[10].
[Note 10: Au château de Coucy, bâti au commencement du XIIIe siècle, on voit naître les
machicoulis de pierre destinés à remplacer les hourds de bois. Là, ce sont déjà de grandes
consoles de pierre qui portaient le hourd de bois.]
À Carcassonne, le mâchicoulis de pierre n'apparaît nulle part, et partout, au contraire, on
trouve les trous des hourds de bois dans les fortifications du château, qui datent du
commencement du XIIe siècle, aussi bien que dans les ouvrages de Louis IX et de
Philippe le Hardi.
Au XIIIe siècle, la montagne Noire et les rampes des Pyrénées étaient couvertes de forêts;
on a donc pu faire grand usage de ces matériaux si communs alors dans les environs de
Carcassonne.
Les couronnements des deux enceintes de la cité, courtines et tours, sont tous percés de
ces trous carrés traversant à distances égales le pied des parapets au niveau des chemins
de ronde. Les étages supérieurs des tours et de larges hangars établis en dedans des
courtines, comme nous le dirons tout à l'heure, servaient à approvisionner ces bois qui
devaient toujours être disponibles pour mettre la ville en état de défense.
En temps ordinaire les couronnements de pierre pouvaient suffire, et l'on voit encore
comment, dans les étages supérieurs des tours, les créneaux étaient garnis de volets à
rouleaux: sortes de sabords, manoeuvrant sur un axe de bois posé sur deux crochets en fer;
volets qui permettaient de voir le pied des murailles sans se découvrir et qui
garantissaient les postes des étages supérieurs contre le vent et la pluie. Les volets
inférieurs s'enlevaient facilement lorsqu'on établissait les hourds, car alors les créneaux
servaient de communication entre ces hourds et les chemins de ronde ou planchers
intérieurs.
[Illustration: Fig. 4.]
Notre figure 4 explique la disposition de ces volets. La partie supérieure pivotant sur
deux gonds fixes demeurait, la partie inférieure était enlevée lorsqu'on posait les hourds.
Mais revenons à la porte Narbonnaise. Outre la chaîne A (fig. 3), derrière le premier arc
plein cintre de l'entrée et entre celui-ci et le deuxième, est ménagé un machicoulis B par
lequel on jetait les projectiles de droite et de gauche sur les assaillants qui tentaient de
briser la première herse C. Les réduits dans lesquels se tenaient les défenseurs sont
défilés par un épais garde-fou de pierres. Le mécanisme des herses est parfaitement
compréhensible encore aujourd'hui. Dans la salle qui est au-dessus de l'entrée, on aperçoit,
dans les deux pieds-droits de la coulisse de cette première herse, les entailles inclinées
dans lesquelles s'engageaient les deux jambettes du treuil tracé sur notre coupe, et les
scellements des brides en fer qui maintenaient le sommet de ces jambettes; au niveau du
sol, les deux trous destinés à recevoir les cales sur lesquelles reposait la herse une fois
levée; sous l'arc, au sommet du tympan, le trou profond qui recevait la suspension des
poulies destinées au jeu des contre-poids et de la chaîne s'enroulant sur le treuil.
Derrière la herse était une porte épaisse à deux vantaux D roulant sur des crapaudines
inférieures et des pivots fixés dans un linteau de bois dont les scellements sont intacts.
Ces vantaux étaient fortement unis par une barre qui se logeait dans une entaille réservée
dans le parement du mur de droite lorsque la porte était ouverte, et par deux autres barres
de bois entrant dans des entailles pratiquées dans les deux murs du couloir.
Si l'on pénètre au milieu du passage, on voit dans la voûte s'ouvrir un large trou carré E
qui communique avec la salle du premier étage. La grande dimension de ce trou
s'explique par la nécessité où se trouvait l'assiégé de pouvoir lancer des projectiles
non-seulement au milieu, mais aussi contre les parois du passage. La voûte du premier
étage est également percée d'un trou carré I, mais plus petit, de sorte que du deuxième
étage on pouvait écraser les assaillants qui se seraient emparés de la salle au-dessous ou
donner des ordres aux hommes qui l'occupaient.
Des deux côtés de ce large machicoulis, au premier étage, il existe deux réduits profonds
qui pouvaient servir de refuge et défiler les défenseurs dans le cas où les assaillants,
maîtres du passage, auraient décoché des traits de bas en haut. La largeur de ce
machicoulis permettait encore de jeter sur l'assiégeant des fascines embrasées, et les
réduits garantissaient ainsi les défenseurs contre la flamme et la fumée en leur laissant le
moyen d'alimenter le feu. Des meurtrières latérales percées dans le passage, au niveau du
sol, en E, permettaient aux arbalétriers postés dans les salles du rez-de-chaussée des deux
tours d'envoyer à bout portant des carreaux aux gens qui oseraient s'aventurer entre les
deux herses.
De même
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