les constructions militaires et, en effet, ces défenses de Carcassonne ne diffèrent
pas de celles appliquées à la fin de l'Empire en Italie et dans les Gaules. Ils comprirent
l'importance de la situation de Carcassonne, et ils en firent le centre de leurs possessions
dans la Narbonnaise.
Le plateau sur lequel est assise la cité de Carcassonne commande la vallée de l'Aude, qui
coule au pied de ce plateau, et par conséquent la route naturelle de Narbonne à Toulouse.
Il s'élève entre la montagne Noire et les versants des Pyrénées, précisément au sommet de
l'angle que forme la rivière de l'Aude en quittant ces versants abrupts, pour se détourner
vers l'est. Carcassonne se trouve ainsi à cheval sur la seule vallée qui conduise de la
Méditerranée à l'Océan et à l'entrée des défilés qui pénètrent en Espagne par Limoux,
Alet, Quillan, Mont-Louis, Livia, Puicerda ou Campredon. L'assiette était donc
parfaitement choisie et elle avait été déjà prise par les Romains qui, avant les Visigoths,
voulaient se ménager tous les passages de la Narbonnaise en Espagne.
Mais les Romains trouvaient par Narbonne une route plus courte et plus facile pour entrer
en Espagne et ils n'avaient fait de Carcassonne qu'une citadelle, qu'un castellum, tandis
que les Visigoths, s'établissant dans le pays après de longs efforts, durent préférer un lieu
défendu déjà par la nature, situé au centre de leurs possessions de ce côté-ci des Pyrénées,
à une ville comme Narbonne, assise en pays plat, difficile à défendre et à garder. Les
événements prouvèrent qu'ils ne s'étaient point trompés; en effet, Carcassonne fut leur
dernier refuge lorsqu'à leur tour ils furent en guerre avec les Francs et les Bourguignons.
En 508, Clovis mit le siège devant Carcassonne et fut obligé de lever son camp sans avoir
pu s'emparer de la ville.
En 588, la cité ouvrit ses portes à Austrovalde, duc de Toulouse, pour le roi Gontran;
mais peu après, l'armée française ayant été défaite par Claude, duc de Lusitanie,
Carcassonne rentra au pouvoir de Reccarède, roi des Visigoths.
Ce fut en 713 que finit ce royaume; les Maures d'Espagne[2] devinrent alors possesseurs
de la Septimanie. On ne peut se livrer qu'à de vagues conjectures sur ce qu'il advint de
Carcassonne pendant quatre siècles; entre la domination des Visigoths et le
commencement du XIIe siècle, on ne trouve pas de traces appréciables de constructions
dans la cité, non plus que sur ses remparts. Mais, à dater de la fin du XIe siècle, des
travaux importants furent entrepris sur plusieurs points. En 1096, le pape Urbain II vint à
Carcassonne pour rétablir la paix entre Bernard Aton et les bourgeois qui s'étaient
révoltés contre lui et il bénit l'église cathédrale (Saint-Nazaire), ainsi que les matériaux
préparés pour l'achever. C'est à cette époque en effet que l'on peut faire remonter la
construction de la nef de cette église.
[Note 2: Sous le commandement de Moussa ben-Nossaïr.]
Sous Bernard Aton, la bourgeoisie de Carcassonne s'était constituée en milice et il ne
paraît pas que la concorde régnât entre ce seigneur et ses vassaux, car ceux-ci battus par
les troupes d'Alphonse, comte de Toulouse, venu en aide à Bernard, furent obligés de se
soumettre et de se cautionner. Les biens des principaux révoltés furent confisqués au
profit du petit nombre des vassaux restés fidèles, et Bernard Aton donna en fief à ces
derniers les tours et les maisons de Carcassonne, à la condition, dit Dom Vaissette: «de
faire le guet et de garder la ville, les uns pendant quatre, les autres pendant huit mois de
l'année et d'y résider avec leurs familles et leurs vassaux durant tout ce temps-là. Ces
gentilshommes, qui se qualifiaient de châtelains de Carcassonne, promirent par serment
au vicomte de garder fidèlement la ville. Bernard Aton leur accorda divers privilèges, et
ils s'engagèrent à leur tour à lui faire hommage et à lui prêter serment de fidélité. C'est ce
qui a donné l'origine, à ce qu'il paraît, aux mortes-payes de la cité de Carcassonne, qui
sont des bourgeois, lesquels ont encore la garde et jouissent pour cela de diverses
prérogatives.»
Ce fut probablement sous le vicomte Bernard Aton ou, au plus tard, sous Roger III, vers
1130, que le château fut élevé et les murailles des Visigoths réparées. Les tours du
château, par leur construction et les quelques sculptures qui décorent les chapiteaux des
colonnettes de marbre servant de meneaux aux fenêtres géminées, appartiennent
certainement à la première moitié du XIIe siècle. En parcourant l'enceinte intérieure de la
cité, ainsi que le château, on peut facilement reconnaître les parties des bâtisses qui datent
de cette époque; leurs parements sont élevés en grès jaunâtre et par assises de 0m,15 à
0m,25 de hauteur, sur 0m,20 à 0m,30 de largeur, et grossièrement appareillés.
Le 1er août 1209, le siège fut mis devant Carcassonne par l'armée
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