La cité de Carcassonne

Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
武
cité de Carcassonne, by Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc

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Title: La cité de Carcassonne
Author: Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
Release Date: July 30, 2006 [EBook #18940]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LA CITé DE CARCASSONNE
BOURLOTON.--Imprimeries réunies, B, rue Mignon, 2.
(AUDE)
PAR
VIOLLET LE DUC
[Illustration]
PARIS
LIBRAIRIE DES IMPRIMERIES RéUNIES ANCIENNE MAISON MOREL 13, RUE BONAPARTE, 13
1888
* * * * *

HISTORIQUE
Vers l'an 636 de Rome, le Sénat, sur l'avis de Lucius Crassus, ayant décidé qu'une colonie romaine serait établie à Narbonne, la lisière des Pyrénées fut bient?t munie de postes importants afin de conserver les passages en Espagne et de défendre le cours des rivières. Les peuples Volces Tectosages n'ayant pas opposé de résistance aux armées romaines, la République accorda aux habitants de Carcassonne, de Lodève, de N?mes, de Pézenas et de Toulouse la faculté de se gouverner suivant leurs lois et sous leurs magistrats. L'an 70 avant J.-C., Carcassonne fut placée au nombre des cités nobles ou élues. On ne sait quelle fut la destinée de Carcassonne depuis cette époque jusqu'au IVe siècle. Elle jouit, comme toutes les villes de la Gaule méridionale, d'une paix profonde; mais après les désastres de l'Empire, elle ne fut plus considérée que comme une citadelle (castellum). En 350 les Francs s'en emparèrent, mais peu après les Romains y rentrèrent.
En 407, les Goths pénétrèrent dans la Narbonnaise première, ravagèrent cette province, passèrent en Espagne, et, en 436, Théodoric, roi des Visigoths, s'empara de Carcassonne. Par le traité de paix qu'il conclut avec l'Empire en 439, il demeura possesseur de cette ville, de tout son territoire et de la Novempopulanie, située à l'ouest de Toulouse.
C'est pendant cette domination des Visigoths que fut batie l'enceinte intérieure de la cité sur les débris des fortifications romaines. En effet, la plupart des tours visigothes encore debout sont assises sur des substructions romaines qui semblent avoir été élevées hativement, probablement au moment des invasions franques. Les bases des tours visigothes sont carrées ou ont été grossièrement arrondies pour recevoir les défenses du Ve siècle.
Du c?té méridional de l'enceinte on remarque des soubassements de tours élevées au moyen de blocs énormes, posés à joints vifs et qui appartiennent certainement à l'époque de la décadence de l'Empire.
Quoi qu'il en soit, il est encore facile aujourd'hui de suivre toute l'enceinte des Visigoths (voir le plan général, fig. 16)[1]. Cette enceinte affectait une forme ovale avec une légère dépression sur la face occidentale, suivant la configuration du plateau sur lequel elle est batie. Les tours, espacées entre elles de 25 à 30 mètres environ, sont cylindriques à l'extérieur, terminées carrément du c?té de la ville et réunies entre elles par de hautes courtines (fig. 1). Toute la construction visigothe est élevée par assises de petits moellons de 0m,10 à 0m,12 de hauteur environ, avec rangs de grandes briques alternées. De larges baies en plein cintre sont ouvertes dans la partie cylindrique de ces tours, du c?té de la campagne, un peu au-dessus du terre-plein de la ville; elles étaient garnies de volets de bois à pivots horizontaux et tenaient lieu de meurtrières. Le couronnement de ces tours consistait en un crénelage couvert. Des chemins de ronde des courtines on communiquait aux tours par des portes dont les linteaux en arcs surbaissés étaient soulagés par un arc plein cintre en brique. Un escalier de bois mettait à l'intérieur l'étage inférieur en communication avec le crénelage supérieur qui était ouvert du c?té de la ville par une arcade percée dans le pignon.
[Note 1: Des fouilles nous ont permis de reconna?tre les fondations de cette enceinte sur les points où elle a été supprimée, à la fin du XIIIe siècle, pour augmenter le périmètre de la cité.]
[Illustration: Fig. 1.]
Malgré les modifications apportées au système de défense de ces tours, pendant les XIIe et XIIIe siècles, on retrouve toutes les traces des constructions des Visigoths. Jusqu'au niveau du sol des chemins de ronde des courtines, ces tours sont entièrement pleines et présentent ainsi un massif puissant propre à résister à la sape et aux béliers.
Les Visigoths, entre tous les peuples barbares qui envahirent l'Occident, furent ceux qui s'approprièrent le plus promptement les restes des arts romains, au moins en ce qui regarde les constructions militaires et, en effet, ces défenses de Carcassonne ne diffèrent pas de celles appliquées à la fin de l'Empire en Italie et dans les Gaules. Ils comprirent l'importance
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