La Vie de M. de Molière

Jean-Léonor de Grimarest
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Vie de M. de Molière, by Jean-Léonor de Grimarest

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Title: La Vie de M. de Molière Réimpression de l'édition originale (Paris, 1705) et des pièces annexes
Author: Jean-Léonor de Grimarest
Commentator: Auguste Poulet-Malassis
Illustrator: Adolphe Lalauze
Release Date: September 16, 2007 [EBook #22613]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LA VIE DE Mr de Molière
PAR J.-L. LE GALLOIS, Sieur de GRIMAREST
Réimpression de l'édition originale (Paris, 1705) et des pièces annexes Avec une Notice Par A. P.-MALASSIS Et une figure dessinée et gravée à l'eau-forte Par AD. LALAUZE
[SCIENTIA DUCE--I.L.]
PARIS Isidore LISEUX, éditeur Rue Bonaparte, no 2
1877

[Illustration: Ad. Lalauze del. et sc. Imp. A. Salmon.
... de sorte que cette jeune personne se détermina un matin de s'aller jetter dans l'apartement de Molière (Page 36).]

AVANT-PROPOS
De tous les biographes de Molière, Grimarest se trouve encore avoir le plus fait pour sa mémoire. Si son oeuvre, pendant plus d'un siècle et demi, a figuré, de préférence à toute autre, en tête des meilleures éditions de notre grand comique, ce n'est vraiment que justice.
Bien que démodée, peut-être reste-t-elle la seule qui vaille, non pour les lettrés et les érudits, mais bien pour cette foule sans cesse renouvelée et en marche, sans cesse montante, où tout lecteur nouveau en est un pour Molière. Le go?t de son théatre est comme un niveau intellectuel auquel la masse de la nation aspire, et que le très-petit nombre croit utile ou même possible de dépasser. Et c'est pour cela qu'entre ses diverses biographies, sans en excepter celle de Taschereau, d'un si louable effort, mais déjà de trop d'étendue et de surcharge, celle-ci, avec des rectifications en forme de notes, serait à maintenir dans les éditions destinées au public ascendant, au grand public.
Sa valeur et son intérêt persistent surtout dans la partie anecdotique qui fut, à sa date, au moins une nouveauté. On n'avait encore vu traiter de la sorte, avec ce soin, cette complaisance, cette insistance apologétique, que des princes ou des religieux, des chefs ou des pasteurs de peuples, des personnages d'institution et d'ordre divins. Le récit de la vie de ce génie si profondément humain, rien de plus qu'humain, qui dans ses actions privées faisait sans cesse honneur à l'homme, à plaindre dans ses faiblesses, excusable dans ses défauts, fut comme un scandale auquel l'esprit public s'associa vite, dont en quelque fa?on il se chargea.
C'était en 1705. Avancé de quelques années, le livre n'e?t pas eu le même à-propos ni rencontré le même accueil. La Lettre critique attribuée à de Visé[1] expose sans ambages les scrupules et les préjugés des générations antérieures, et du monde officiel, auxquels il avait encore à se heurter.
Ils se résument en ceci, que Molière, homme de profession ?ignoble,? réserve faite de ses talents de comédien et d'auteur comique, ne pouvait être proposé comme un modèle ou un exemple, et que l'ouvrage et son ?héros? dérisoire s'adressent à la foule, aux gens de peu, de rien.
C'était, en effet, pour ce public que Grimarest avait travaillé, et la pleine conscience de son effort littéraire, ou mieux de sa visée morale, para?t assez dans sa Réponse, où se montre aussi, sous des formes encore soumises et respectueuses, la liberté d'esprit d'un écrivain à la suite de Fontenelle, habitué des Entretiens sur la pluralité des mondes et de l'Histoire des oracles: ?Oui, dit-il, tout petit qu'étoit Molière par sa naissance et par sa profession, j'ai rapporté des traits de sa vie que les personnes les plus élevées se feroient gloire d'imiter, et ces traits doivent plus toucher dans Molière que dans un héros.? Et il énumère longuement les actes de générosité, de bonté, de fermeté, de droiture de ce héros d'un nouveau genre, de son héros, en y mêlant des témoignages de l'estime universelle qu'il inspirait, et aussi, par habitude de déférence, des preuves de son respect pour les puissances établies. La conclusion, en douceur, est que tous ces traits n'ont pas été rassemblés par lui pour le simple amusement du public.
Notons en passant que Grimarest avait eu Fontenelle lui-même pour censeur, et comme on le verra plus loin, celui-ci s'intéressait à l'oeuvre, et n'épargnait pas à l'auteur les conseils de ménagement et de prudence.
S'il importe peu que Voltaire, trente ans plus tard, ait déprécié le livre de Grimarest, en se contentant toutefois de l'abréger, on
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