oubli volontaire, dans l'espoir qu'�� l'arriv��e du nouveau pape, je profiterais de quelque amnistie; mais, la cour de Naples a d��p��ch�� ici r��cemment, comme r��gent de police, un Sicilien qui s'est fait l��-bas une r��putation le justicier impitoyable...
MARIO.--Le baron Scarpia!...
ANGELOTTI.--...Et celui-l�� n'est pas homme �� m'oublier!
MARIO.--Ah! le mis��rable! Sous les dehors de la parfaite' politesse et de la fervente d��votion, avec ses sourires et ses signes de croix, quel vil gredin, cafard et pourri, artiste en sc��l��ratesse, raffin�� dans ses m��chancet��s, cruel par dilettantisme, sanguinaire jusque dans ses orgies! Quelle femme, fille ou soeur, n'a pay�� de sa honte les d��marches faites aupr��s de ce satyre immonde?...
ANGELOTTI.--A qui le dites-vous? Ma soeur a d? le fuir ��pouvant��e, et c'est alors qu'elle a con?u le plan de mon ��vasion. Mais Scarpia nous gagnait de vitesse et, dans trois jours, je devais ��tre exp��di�� �� Naples pour y donner �� lady Hamilton la joie de voir pendre son ancien amant!... Plaisir qu'elle n'aura pas, quoi qu'il arrive; j'ai dans cette bague, grace �� ma soeur, de quoi leur ��pargner les frais de ma potence...
MARIO.--Chut!...
ANGELOTTI.--On a frapp��...
=Silence. Ils ��coutent. Bruit, de voix dehors.=
MARIO, =l'oreille coll��e �� la porte.=--Non! C'est la boule de l'un, des joueurs qui est venue heurter cette porte. Ils s'��loignent... Ce n'est rien.
=Il revient: �� Angelotti.=
ANGELOTTI.--Que je m'en veux de vous associer �� mes inqui��tudes... Mais, bon Dieu! je vous parle de moi depuis une heure et je ne sais pas encore de quel nom vous nommer.
MARIO..--Mario Cavaradossi.
ANGELOTTI.--Le fils?...
MARIO.--De Nicolas Cavaradossi! Un Romain comme vous.
ANGELOTTI.--Je croyais la famille ��teinte.
MARIO.--Pas encore, vous voyez. Mais votre erreur s'explique. Mon p��re a pass�� en France la plus grande partie de sa vie. Introduit par l'abb�� Galiani dans la soci��t�� des Encyclop��distes, il ��tait fort li�� avec Diderot, d'Alembert, etc. C'est ainsi qu'il ��pousa Mlle de Castron, ma m��re, petite-ni��ce d'H��lv��tius!... J'ai fait mes ��tudes �� Paris et, apr��s la mort de mes parents, j'y ai v��cu pendant toute la p��riode r��volutionnaire, dans l'atelier de David, dont je suis l'��l��ve...
ANGELOTTI.--Et vous pouvez vivre ici?...
MARIO.--Sans l'avoir d��sir��, ni m��me pr��vu... J'avais �� Rome des int��r��ts en souffrance. J'y suis venu au moment o�� les troupes fran?aises sortaient par une porte, o�� l'arm��e napolitaine entrait par l'autre. Et j'y suis rest�� pour mettre ordre �� mes affaires...
ANGELOTTI.--Depuis un an?
MARIO.--J'aurais mauvaise grace �� ne pas vous dire la v��rit��!... J'y suis rest�� surtout...
ANGELOTTI, =souriant=.--Pour une femme?
MARIO.--Eh! oui.
ANGELOTTI.--Toujours!
MARIO.--Connaissez-vous la Tosca?
ANGELOTTI.--Floria Tosca? La cantatrice?
MARIO.--Oui!
ANGELOTTI.--De renomm��e seulement... C'est elle?
MARIO.--C'est elle!... L'artiste est incomparable; mais la femme... Ah! la femme!... Et cette cr��ature exquise a ��t�� ramass��e dans les champs, �� l'��tat sauvage, gardant les ch��vres. Les b��n��dictines de V��rone, qui l'avaient recueillie par charit��, ne lui avaient gu��re appris qu'�� lire et prier; mais elle est de celles qui ont vite fait de deviner ce qu'elles ignorent. Son premier ma?tre de musique fut l'organiste du couvent. Elle profita si bien de ses le?ons qu'�� seize ans elle avait d��j�� sa petite c��l��brit��. On venait l'entendre aux jours de f��te. Cimarosa, amen�� l�� par un ami, se mit en t��te de la disputer �� Dieu, et de lui faire chanter l'op��ra. Mais les b��n��dictines ne voulaient pas la c��der au diable. Ce fut un beau combat. Cimarosa conspirait; le couvent intriguait. Tout Rome prit parti pour ou contre, tant que le d��funt pape dut intervenir. Il se fit pr��senter la jeune fille, l'entendit et, charm��, lui dit en lui tapant sur la joue: ?Allez en libert��, ma fille, vous attendrirez tous les coeurs, comme le mien, vous ferez verser de douces larmes; et c'est encore une fa?on de prier Dieu.? Quatre ans apr��s elle d��butait triomphalement dans la Nina et, depuis, �� la Scala, �� San-Carlo, �� la Fenice, partout il n'y a qu'elle. Quant �� notre liaison, elle a ��t�� improvis��e ici �� l'Argentina o�� elle chante en ce moment. Une de ces rencontres o�� l'on se sent �� premi��re vue l'un pour l'autre, l'un �� l'autre, o�� deux ��tres se reconnaissent sans s'��tre jamais vus;--c'est lui!--c'est elle!--Et tout est dit.
ANGELOTTI.--Je ne vous connais, moi, que depuis un quart d'heure; mais je ne lui pardonnerais pas de ne pas vous aimer.
MARIO.--Ah! pour cela!... Elle m'aime bien! Je ne lui sais m��me qu'un d��faut!... C'est une jalousie folle qui n'est pas sans troubler un peu notre bonheur. Il y a bien aussi sa d��votion qui est excessive; mais l'amour et la d��votion s'accommodent assez l'un de l'autre...
ANGELOTTI.--C'est la m��me chose!...
MARIO.--Eh! oui... Enfin, je lui ai fait le sacrifice de mes r��pugnances en prolongeant ici mon s��jour qui n'est pas sans p��ril. Car vous pensez bien que j'y suis assez mal vu. Je n'ai pris aucune part �� ce qu'ils appellent votre r��volte; et, �� cet ��gard, je ne saurais ��tre inqui��t��; mais, outre que mon nom sent un peu le roussi,
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