accompagner le roi. Mon coeur e?t ��t�� bien joyeux de voir son entr��e �� Naples. Entendre les acclamations de cette partie de son peuple qui lui est rest��e fid��le serait un baume infini pour mon coeur et adoucirait cette cruelle blessure dont je ne gu��rirai jamais. Mais mille r��flexions m'ont retenue, et je reste ici pleurant et priant pour que Dieu illumine et fortifie le roi dans cette grande entreprise. Beaucoup de ceux qui accompagnent le roi vous porteront de ma part l'expression de ma vraie et profonde reconnaissance, ainsi que ma sinc��re admiration pour toute la miraculeuse op��ration que vous avez accomplie.
?Je suis trop sinc��re cependant pour ne pas dire �� Votre ��minence que cette capitulation avec les rebelles m'a souverainement d��plu, et surtout apr��s ce que je vous avais ��crit et d'apr��s ce que je vous avait dit. Aussi me suis-je tue l��-dessus, ma sinc��rit�� ne me permettant pas de vous complimenter. Mais, aujourd'hui, tout est fini pour le mieux, et, comme je l'ai d��j�� dit �� Votre ��minence, de vive voix, tout s'expliquera et, je l'esp��re, aura bonne fin, tout ayant ��t�� fait pour le plus grand bien et la plus grande gloire de l'��tat.
?J'oserai, maintenant que Votre ��minence a un peu moins de travail �� faire, la prier de m'entretenir r��guli��rement de toutes les choses importantes qui arriveront, et elle peut compter sur ma sinc��rit�� �� lui en dire mon avis. Une seule chose me d��sesp��re, c'est de ne pouvoir l'assurer de vive voix de la vraie, profonde et ��ternelle reconnaissance et estime avec laquelle je suis, de Votre ��minence,
?La sinc��re amie,
?CAROLINE.?
D'apr��s ce que nous avons d��montr�� �� nos lecteurs, par tous les d��tails pr��c��dents, par les lettres des augustes ��poux que l'on a d��j�� lues, par celles de la reine que l'on vient de lire, il est facile de voir que le cardinal Ruffo, auquel un sentiment de droiture nous entra?ne �� rendre justice, a ��t��, dans cette terrible r��action de 1799, le bouc ��missaire de la royaut��. Le romancier a d��j�� corrig�� quelques-unes des erreurs des historiens:--erreurs int��ress��es de la part des ��crivains royalistes, qui ont voulu le rendre responsable, aux yeux de la post��rit��, des massacres commis �� l'instigation d'un roi sans coeur et d'une reine vindicative;--erreurs innocentes de la part des ��crivains patriotes, qui, ne poss��dant point les documents que la chute d'un tr?ne pouvait seule mettre dans les mains d'un ��crivain impartial, n'ont point os�� faire peser sur deux t��tes couronn��es une si terrible imputation, et leur ont cherch�� non-seulement un complice, mais encore un instigateur.
Maintenant, reprenons notre r��cit. Non-seulement nous ne sommes point �� la fin, mais �� peine sommes-nous au commencement de la honte et du sang.
LXXXIV
CE QUI EMP��CHAIT LE COLONEL MEJEAN DE SORTIR DU FORT SAINT-ELME AVEC SALVATO, PENDANT LA NUIT DU 27 AU 28 JUIN.
On se rappelle que, peu confiants, non pas dans la parole de Ruffo, mais dans l'adh��sion de Nelson, Salvato et Luisa ��taient all��s chercher un refuge au chateau Saint-Elme, et l'on n'a point oubli�� que ce refuge avait ��t�� accord�� par le comptable Mejean moyennant la somme de vingt-cinq mille francs par personne.
Salvato, on se le rappelle encore, dans un voyage rapide qu'il avait fait �� Molise, avait r��alis�� une somme de deux cent mille francs.
Sur cette somme, cinquante mille francs, �� peu pr��s, avaient pass�� dans l'organisation de ses volontaires calabrais, dans les d��penses que les besoins des plus pauvres avaient n��cessit��es, dans l'aide donn��e aux bless��s et dans les gratifications accord��es aux serviteurs qui leur avaient rendu des soins pendant leur s��jour au Chateau-Neuf.
Cent vingt-cinq mille francs, comme l'avait ��crit Salvato �� son p��re, avaient ��t�� enterr��s, dans une cassette, au pied du laurier de Virgile, pr��s de la grotte de Pouzzoles.
Au moment de se s��parer de Michele, qui avait suivi le sort de ses compagnons et qui s'��tait embarqu�� �� bord des tartanes, Salvato avait fait accepter au jeune lazzarone, afin qu'il ne se trouvat point compl��tement d��nu�� sur la terre ��trang��re, une somme de trois mille francs.
Il restait donc �� Salvato, au moment o�� il se r��fugia au fort Saint-Elme, une somme de vingt-deux �� vingt-trois mille francs.
Son premier acte, au moment o�� il vint demander, au prix de quarante mille francs, l'hospitalit�� convenue entre le commandant du chateau Saint-Elme et lui, fut de remettre au colonel Mejean la moiti�� de la somme arr��t��e, c'est-��-dire vingt mille francs, en lui promettant le reste pour la nuit m��me.
Le colonel Mejean compta les vingt mille francs avec le plus grand soin, et, comme le compte s'y trouvait, le colonel installa Salvato et Luisa dans les deux meilleures chambres du chateau, apr��s avoir enferm�� les vingt mille francs dans le tiroir de son bureau.
Le soir venu, Salvato annon?a au colonel Mejean qu'il serait oblig�� de faire une course de nuit. Il le
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