La San-Felice, Tome I | Page 3

Alexandre Dumas, père
se fussent ��chapp��s, que devenait la gloire de Ferdinand?
?Une autre fois, dans le m��me lieu et dans les m��mes circonstances, trois coups de sifflet se firent entendre; c'��tait encore un signal entre le roi et son piqueur; mais la reine et ceux qui assistaient au conseil ne prirent point cette plaisanterie en bonne part; le roi seul s'en amuse, ouvre promptement une fen��tre et donne audience �� son piqueur, qui lui annonce une pose d'oiseaux, ajoutant que Sa Majest�� n'avait pas un instant �� perdre si elle voulait avoir le plaisir d'un coup heureux.
?Le dialogue termin��, Ferdinand revint avec pr��cipitation et dit �� la reine:
?--Ma ch��re ma?tresse, pr��side �� ma place et finis comme tu l'entendras l'affaire qui nous rassemble.?
LA P��CHE ROYALE.
?On croit ��couter un conte fait �� plaisir lorsque l'on entend dire non-seulement que le roi de Naples p��che, mais encore qu'il vend lui-m��me le poisson qu'il a pris; rien de plus vrai: j'ai assist�� �� ce spectacle amusant et unique en son genre, et je vais en offrir le tableau.
?Ordinairement, le roi p��che dans cette partie de la mer qui est voisine du mont Pausilippe, �� trois ou quatre milles de Naples; apr��s avoir fait une ample capture de poissons, il retourne �� terre; et, quand il est d��barqu��, il jouit du plaisir le plus vif qui soit pour lui dans cet amusement: on ��tale sur le rivage tout le produit de la p��che, et alors les acheteurs se pr��sentent et font leur march�� avec le monarque lui-m��me. Ferdinand ne donne rien �� cr��dit, il veut m��me toucher l'argent avant de livrer sa marchandise et t��moigne une m��fiance fort soup?onneuse. Alors, tout le monde peut s'approcher du roi, et les lazzaroni ont surtout ce privil��ge, car le roi leur montre plus d'amiti�� qu'�� tous les autres spectateurs; les lazzaroni ont pourtant des ��gards pour les ��trangers qui veulent voir le monarque de pr��s. Lorsque la vente commence, la sc��ne devient extr��mement comique; le roi vend aussi cher qu'il est possible, il pr?ne son poisson en le prenant dans ses mains royales et en disant tout ce qu'il croit capable d'en donner envie aux acheteurs.
?Les Napolitains, qui sont ordinairement tr��s-familiers, traitent le roi, dans ces occasions, avec la plus grande libert�� et lui disent des injures comme si c'��tait un marchand ordinaire de mar��e qui voul?t surfaire; le roi s'amuse beaucoup de leurs invectives, qui le font rire �� gorge d��ploy��e; il va ensuite trouver la reine et lui raconte tout ce qui s'est pass�� �� la p��che et �� la vente du poisson, ce qui lui fournit un ample sujet de fac��ties; mais, pendant tout le temps que le roi s'occupe �� la chasse et �� la p��che, la reine et les ministres, comme nous l'avons dit, gouvernent �� leur fantaisie et les affaires n'en vont pas mieux pour cela.?
Attendez, et le roi Ferdinand va nous appara?tre sous un nouvel aspect.
Cette fois, nous n'interrogerons plus Gorani, le voyageur qui un instant l'entrevoit vendant son poisson ou passant au galop pour se rendre �� un rendez-vous de chasse; nous nous adresserons �� un familier de la maison, Palmieri de Micciche, marquis de Villalba, amant de la ma?tresse du roi, qui va nous montrer celui-ci dans tout le cynisme de sa lachet��.
��coutez donc; c'est le marquis de Villalba qui parle, et qui parle dans notre langue:
?Vous connaissez, n'est-ce pas? les d��tails de la retraite de Ferdinand, de sa fuite, pour parler plus exactement, lors des ��v��nements de la basse Italie, �� la fin de l'ann��e 1798. Je les rappellerai en deux mots.
?Soixante mille Napolitains, command��s par le g��n��ral autrichien Mack, et encourag��s par la pr��sence de leur roi, s'avan?aient triomphalement jusqu'�� Rome, lorsque Championnet et Macdonald, en r��unissant leurs faibles corps, tombent sur cette arm��e et la mettent en d��route.
?Ferdinand se trouvait �� Albano, lorsqu'il apprit cette foudroyante d��faite.
?--Fuimmo! fuimmo! se prit-il �� crier.
?Et il fuyait en effet.
?Mais, avant de monter en voiture:
?--Mon cher Ascoli, dit-il �� son compagnon, tu sais combien il fourmille de jacobins par le temps qui court! Ces fils de p...... n'ont d'autre id��e que de m'assassiner. Faisons une chose, changeons d'habits. En voyage, tu seras le roi, et moi, je serai le duc d'Ascoli. De cette mani��re, il y aura moins de danger pour moi.
?Ainsi dit, ainsi fait: le g��n��reux Ascoli souscrit avec joie �� cette incroyable proposition; il s'empresse d'endosser l'uniforme du roi et lui donne le sien en ��change, puis il prend la droite dans la voiture, et fouette cocher!
?Nouveau Dandino, le duc joue son r?le avec perfection dans leur course jusqu'�� Naples, tandis que Ferdinand, �� qui la peur donnait des inspirations, s'acquittait de celui du plus soumis des courtisans de mani��re �� faire penser qu'il n'avait ��t�� autre chose toute sa vie.
?Le roi, �� la v��rit��, sut toujours gr�� au duc
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