nous fusiller l'un apr��s l'autre?
--Non, citoyen, r��pondit l'officier, je n'ai re?u aucune instruction �� cet ��gard.
--Eh bien, alors, si cela vous ��tait ��gal, nous vous demanderions la grace d'��tre fusill��s ensemble et en m��me temps.
--Oui, oui, dirent cinq ou six voix dans l'escorte, nous pouvons bien faire cela pour eux.
--Vous l'entendez, citoyen, dit l'officier charg�� de cette triste mission, je ferai tout ce que je pourrai pour adoucir vos derniers moments.
--Ils nous accordent cela! s'��cria joyeusement le vieux Backer.
--Oui, mon p��re, dit Andr�� en jetant son bras au cou de Simon. Ne faisons point attendre ces messieurs, qui sont si bons pour nous.
--Avez-vous quelque derni��re grace �� demander, quelques recommandations �� faire? demanda l'officier.
--Aucune, r��pondirent les deux condamn��s.
--Allons donc, puisqu'il le faut, murmura l'officier; mais, sang du Christ! on nous fait faire l�� un vilain m��tier!
Pendant ce temps, les deux condamn��s, Andr�� tenant toujours son bras jet�� autour du cou de son p��re, ��taient all��s s'adosser �� la muraille.
--Sommes-nous bien ainsi, messieurs? demanda le jeune Backer.
L'officier fit un signe affirmatif.
Puis, se retournant vers ses hommes:
--Les fusils sont charg��s? demanda-t-il.
--Oui.
--Eh bien, �� vos rangs! Faites vite et tachez qu'ils ne souffrent pas: c'est le seul service que nous puissions leur rendre.
--Merci, monsieur, dit Andr��.
Ce qui se passa alors fut rapide comme la pens��e.
On entendit se succ��der les commandements de ?Appr��tez armes!--En joue!--Feu!?
Puis une d��tonation se fit entendre.
Tout ��tait fini!
Les r��publicains de Naples, entra?n��s par l'exemple de ceux de Paris, venaient de commettre une de ces actions sanglantes auxquelles la fi��vre de la guerre civile entra?ne les meilleures natures et les causes les plus saintes. Sous pr��texte d'enlever aux citoyens toute esp��rance de pardon, aux combattants toute chance de salut, ils venaient de faire passer un ruisseau de sang entre eux et la cl��mence royale;--cruaut�� inutile qui n'avait pas m��me l'excuse de la n��cessit��.
Il est vrai que ce furent les seules victimes. Mais elles suffirent pour marquer d'une tache de sang le manteau immacul�� de R��publique.
Au moment m��me o�� les deux Backer, frapp��s des m��mes coups, tombaient enlac��s aux bras l'un de l'autre, Bassetti allait prendre le commandement des troupes de Capodichino, Manthonnet celui des troupes de Capodimonte, et Writz celui des troupes de la Madeleine.
Si les rues ��taient d��sertes, en ��change toutes les murailles des forts, toutes les terrasses des maisons ��taient couvertes de spectateurs qui, �� l'oeil nu ou la lunette �� la main, cherchaient �� voir ce qui allait se passer sur cet immense champ de bataille qui s'��tendait du Granatello �� Capodimonte.
On voyait sur la mer, s'allongeant de Torre-del-Annonciata au pont de la Madeleine, toute la petite flottille de l'amiral Caracciolo, que dominaient les deux vaisseaux ennemis, la Minerve, command��e par le comte de Thurn, et le Sea-Horse, command�� par le capitaine Ball, que nous avons vu accompagner Nelson �� cette fameuse soir��e o�� chaque dame de la cour avait fait son vers, et o�� tous ces vers r��unis avaient compos�� l'acrostiche de CAROLINA.
Les premiers coups de fusil qui se firent entendre, la premi��re fum��e que l'on vit s'��lever, fut en avant du petit fort du Granatello.
Soit que Tchudy et Sciarpa n'eussent point re?u les ordres du cardinal, soit qu'ils eussent mis de la lenteur �� les ex��cuter, Panedigrano et ses mille for?ats se trouv��rent seuls au rendez-vous, et n'en march��rent pas moins hardiment vers le fort. Il est vrai qu'en les voyant s'avancer, les deux fr��gates commenc��rent, pour les soutenir, leur feu contre le Granatello.
Salvato demanda cinq cents hommes de bonne volont��, se rua �� la ba?onnette sur cette trombe de brigands, les enfon?a, les dispersa, leur tua une centaine d'hommes et rentra au fort avec quelques-uns des siens seulement hors de combat; encore avaient-ils ��t�� atteints par les projectiles lanc��s des deux batiments.
En arrivant �� Somma, le cardinal fut averti de cet ��chec.
Mais de Cesare avait ��t�� plus heureux. Il avait ponctuellement suivi les ordres du cardinal; seulement, apprenant que le chateau de Portici ��tait mal gard�� et que la population ��tait pour le cardinal, il attaqua Portici et se rendit ma?tre du chateau. Ce poste ��tait plus important que celui de Resina, fermant mieux la route.
Il fit parvenir la nouvelle de son succ��s au cardinal en lui demandant de nouveaux ordres.
Le cardinal lui ordonna de se fortifier du mieux qu'il lui serait possible, pour couper toute retraite �� Schipani, et lui envoya mille hommes pour l'y aider.
C'��tait ce que craignait Salvato. Du haut du petit fort du Granatello, il avait vu une troupe consid��rable, contournant la base du V��suve, s'avancer vers Portici; il avait entendu des coups de fusil, et, apr��s une courte lutte, la mousquetade avait cess��.
Il ��tait clair pour lui que la route de Naples ��tait coup��e, et il insistait fortement pour que Schipani, sans perdre un instant, marchat vers Naples, for?at l'obstacle et rev?nt avec ses quinze cents ou deux mille hommes,
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