ne voulant pas avoir ce meurtre sur la conscience. Bergthora est g��n��ralement peinte en quelques traits, courts et frappants. Il n'en fallait pas davantage. Compagne de son mari, elle ne pouvait pas avoir plus de relief, et cependant nous la connaissons parfaitement. En effet, elle se r��v��le en quelque sorte dans son fils Skarphjedin. Celui-ci a sans doute quelque chose du calme de son p��re, mais c'est aussi Bergthora en homme. Il est le vrai portrait de sa m��re, mais �� la fa?on d'un homme, avec la force indomptable d'un homme. Elle ne veut pas abandonner son mari, mais c'est aussi une grande question de savoir si Skarphjedin veut r��ellement abandonner la maison en flammes, si lui, qui n'a jamais fui, fuira aujourd'hui, m��me press�� par le feu; s'il veut qu'on puisse dire un jour de lui ce que plus tard on a dit de Kari, qu'il s'est ��chapp�� par la ruse, d'entre ses ennemis, parce qu'il le fallait bien. Il r��siste noblement aux instances de son beau fr��re Kari. Celui-ci trouve qu'il est dans l'ordre qu'on sauve sa vie quand on peut, mais Skarphjedin attend; il s'��lance enfin sur la poutre qui se rompt et il est pr��cipit�� dans le feu. Ce qui est ��vident, tout au moins, c'est que l'auteur n'a pas voulu le laisser fuir, et qu'aussi bien nous lui en voudrions de l'avoir fait, c'est que Skarphjedin n'a rempli sa destin��e que quand il meurt luttant contre le feu et, m��me vaincu par cet ennemi, le plus terrible des ennemis de l'homme, meurt sans que son courage faiblisse ou que sa force tombe. Il chante alors son chant du cygne, et l'auteur a encore mis l��, r��cit historique ou oeuvre d'imagination, peu importe, tout ce que l'art peut exiger.
Dans la seconde partie du r��cit, qui se rattache ��troitement et imm��diatement �� la premi��re, Flosi se pr��sente �� nous en plein contraste avec Njal. Flosi est maintenant ce que Njal a ��t�� jusque l��, le centre autour duquel tout vient se grouper. Quoiqu'il commande la vengeance par l'incendie, ce n'est pourtant pas un homme vindicatif ni m��chant. L'acte qu'il ex��cute est un acte qu'il est oblig�� de commettre par devoir, et il y est pouss�� de la fa?on la plus terrible. Chez lui comme chez Njal, on trouve dans tous les moments difficiles un jugement calme et s?r; et �� ce point de vue il fait contraste avec les autres caract��res, plus farouches. L'auteur a su le saisir et s'en servir pour donner au r��cit la conclusion la plus naturelle et en m��me temps la plus int��ressante. Les deux plus coupables parmi les incendiaires doivent mourir de la main de Kari, mais Flosi et lui vont tous deux en p��lerinage �� Rome et re?oivent l'absolution; et c'est un beau spectacle de voir comment le christianisme introduit un esprit d'apaisement dans une action inspir��e au d��but par toute la sauvagerie du paganisme, de voir comment Kari revient, fait naufrage, et se rend �� la demeure de son ennemi pour lui demander l'hospitalit��, comment ils se donnent l'un �� l'autre le baiser de paix et se r��concilient pour toujours.
Ces quelques remarques, n'ont pour but que d'appeler l'attention du lecteur sur ce r��cit consid��r�� comme oeuvre d'art. Il ne serait pas difficile de p��n��trer encore plus avant dans l'��tude de l'action et des caract��res, mais il n'y a rien de plus fastidieux au monde que d'analyser la beaut��. Il faut se contenter de dire: Regarde si elle est l��. Celui qui ne peut la voir ni la reconna?tre, qu'il reste aveugle! Pour ma part, je me crois en droit de d��clarer que tout en voyant dans cet ��crit un r��cit pleinement historique, je le crois propre �� fournir �� l'art moderne des sujets excellents. Ne serait-ce pas, par exemple, un sujet fait pour un peintre que de nous montrer la maison de Njal en flammes; au milieu de la maison Njal et sa femme qui, avec leur jeune gar?on entre eux, se sont couch��s pour leur dernier sommeil, tandis qu'un serviteur, debout �� c?t�� du lit, ��tend sur eux une peau de boeuf, et dans un autre coin du tableau Skarphjedin et son fr��re, les pieds �� moiti�� br?l��s, peut-��tre m��me Grim mortellement frapp�� et luttant contre la mort; ou bien encore que de nous montrer Skarphjedin, vaincu par la douleur, enfon?ant sa hache dans la poutre, tandis que diverses figures d'incendiaires grimp��s ?�� et l�� sur la maison, contemplent cette sc��ne, anim��s des sentiments les plus diff��rents. Ne serait-ce pas encore un sujet convenable pour un tableau, que la sc��ne de Flosi avec Hildigunn, au moment o�� il rejette loin de lui la chemise sanglante? Si c'est le but de l'art tragique de peindre les passions dans leurs expressions les plus diverses, nulle part elles ne se manifestent avec
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