y donner des fêtes magnifiques. Au mois de mai 1664, il y fit célébrer les Plaisirs de l'?le enchantée, divertissements empruntés au poème de l'Arioste, à l'exécution desquels concoururent Benserade et le président de Périgny pour les récits en vers, Molière et sa troupe pour la comédie, Lulli pour la musique et les ballets, le machiniste italien Vigarani pour les décors, les illuminations et les feux d'artifice.
Le 7 mai, première journée des fêtes, il y eut une course de bagues en présence des deux reines[1], dans un cirque de verdure élevé à l'entrée de ce qu'on nomme aujourd'hui le tapis vert.
[Note 1: Anne d'Autriche et Marie-Thérèse.]
Le jeune Louis XIV, vêtu d'un costume où tous les diamants de la couronne resplendissaient, représentait le paladin Roger dans l'?le d'Alcine. Après le tournoi, dont il fut le vainqueur, Flore et Apollon arrivèrent, pour le féliciter, sur des chars que tra?naient les nymphes, les satyres, les dryades. Au banquet, le Temps, les Heures, les Saisons, servirent les convives, abrités, sous des bosquets de lilas, de muguets et de roses. Le lendemain, 8 mai, on représenta, sur un théatre élevé au milieu de la même allée, la Princesse d'élide, pièce dans laquelle Molière jouait les r?les de Lyciscas et de Moron. Le 9, ballet dans le palais d'Alcide, avec feu d'artifice qui en simulait l'embrasement; le 10, course de têtes dans les fossés du chateau; le 11, représentation des Facheux, de Molière; le 12, loterie où se trouvaient des ameublements, des pièces d'argenterie, des pierres précieuses, et, le soir, le Tartuffe; le 13, le Mariage forcé; le 14, départ du roi et de la cour pour Fontainebleau.
Versailles n'était pas encore la résidence royale; mais Louis XIV venait de temps en temps y passer quelques jours, parfois quelques semaines, surtout quand il voulait éblouir les yeux et fasciner les imaginations par l'éclat de ces fêtes pompeuses qui ressemblaient à des apothéoses.
Le 14 septembre 1665, il y eut à Versailles une grande chasse, où la reine, Madame Henriette d'Angleterre, Mlle de Montpensier, Mlle d'Alen?on, chassèrent en costume d'amazones; et, au mois de février 1667, un carrousel qui recula les bornes de la magnificence.
La Gazette a soin de nous décrire le cortège des dames de la cour, ?toutes admirablement équipées et sur des chevaux choisis, conduites par Madame, avec une veste des plus superbes, et sur un cheval blanc houssé de brocart, semé de perles et de pierreries.? Après l'escadron féminin apparaissait le Roi-Soleil, ?ne se faisant pas moins conna?tre à cette haute mine qui lui est particulière qu'à son riche vêtement à la hongroise, couvert d'or et de pierres précieuses, avec un casque ondoyé de plumes, et à la fierté de son cheval, qui semblait plus superbe de porter un si grand monarque que de la magnificence de son capara?on et de sa housse pareillement couverte de pierreries[1].? Venaient ensuite: Monsieur, frère du roi, en costume de Turc, puis le duc d'Engien, habillé en Indien, puis les autres seigneurs, qui formaient dix quadrilles.
[Note 1: Gazette de 1667.]
Le 10 juillet 1668, nouvelles réjouissances: dans la journée, représentation des Fêtes de l'Amour et de Bacchus, paroles de Quinault, musique de Lulli, et de Georges Dandin, joué par Molière et par sa troupe; le soir, festin et bal; à 2 heures du matin, illuminations. Le pourtour du parterre de Latone, la grande allée, la terrasse et la fa?ade du palais étaient décorés de statues, de vases, de candélabres éclairés d'une manière ingénieuse, qui les faisait para?tre comme enflammés à l'intérieur. Les fusées des feux d'artifice se croisaient au-dessus du chateau, et, lorsque toutes ces lumières s'éteignaient, dit Félibien en terminant le récit de la fête, on s'aper?ut que le jour, ?jaloux des avantages d'une belle nuit,? commen?ait à poindre.
Le 17 septembre 1672, la troupe du roi représentait les Femmes savantes de Molière, qui furent, dit la Gazette, ?admirées d'un chacun.? Du 8 février au 19 avril 1674, Bourdalouc prêchait le carême à Versailles; le 11 juillet, on y jouait le Malade imaginaire de Molière, mort l'année précédente; au mois d'ao?t, il y avait une série de grandes fêtes. Félibien fait une description saisissante de la nuit du 31 ao?t 1674, où l'on vit tout à coup, sous un ciel sans étoiles et du noir le plus sombre, un ruissellement inou? de lumières. Tous les parterres étincelaient. La grande terrasse qui est devant le chateau était bordée d'un double rang de feux espacés à deux pieds l'un de l'autre. Les rampes et les degrés du fer à cheval, tous les massifs, toutes les fontaines, tous les bassins resplendissaient de mille flammes. De l'Italie était venu cet art pyrotechnique, ce mélange de feux, de fleurs et d'eau, qui faisait ressembler le parc au jardin d'Armide. Les rives du grand canal étaient ornées de statues et de décorations d'architecture, derrière lesquelles on avait
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.