La Bete Humaine, by Emile Zola
The Project Gutenberg EBook of La Bete Humaine, by Emile Zola (#6
in our series by Emile Zola)
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Title: La Bete Humaine
Author: Emile Zola
Release Date: February, 2004 [EBook #5154] [Yes, we are more than
one year ahead of schedule] [This file was first posted on May 17,
2002]
Edition: 10
Language: French
Character set encoding: UTF-8
*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, LA BETE
HUMAINE ***
This eBook was produced by Carlo Traverso.
This is #17 in Zola's "Les Rougon-Macquart" series.
We thank the Bibliotheque Nationale de France that has made available
the image files at www://gallica.bnf.fr, authorizing the preparation of
the etext through OCR.
Nous remercions la Bibliothèque Nationale de France qui a mis à
disposition les images dans www://gallica.bnf.fr, et a donné
l'autorisation de les utiliser pour préparer ce texte.
LES ROUGON-MACQUART
Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire
LA BÊTE HUMAINE
ÉMILE ZOLA
I
En entrant dans la chambre, Roubaud posa sur la table le pain d'une
livre, le pâté et la bouteille de vin blanc. Mais, le matin, avant de
descendre à son poste, la mère Victoire avait dû couvrir le feu de son
poêle, d'un tel poussier, que la chaleur était suffocante. Et le sous-chef
de gare, ayant ouvert une fenêtre, s'y accouda.
C'était impasse d'Amsterdam, dans la dernière maison de droite, une
haute maison où la Compagnie de l'Ouest logeait certains de ses
employés. La fenêtre, au cinquième, à l'angle du toit mansardé qui
faisait retour, donnait sur la gare, cette tranchée large trouant le quartier
de l'Europe, tout un déroulement brusque de l'horizon, que semblait
agrandir encore, cet après-midi-là, un ciel gris du milieu de février, d'un
gris humide et tiède, traversé de soleil.
En face, sous ce poudroiement de rayons, les maisons de la rue de
Rome se brouillaient, s'effaçaient, légères. A gauche, les marquises des
halles couvertes ouvraient leurs porches géants, aux vitrages enfumés,
celle des grandes lignes, immense, où l'oeil plongeait, et que les
bâtiments de la poste et de la bouillotterie séparaient des autres, plus
petites, celles d'Argenteuil, de Versailles et de la Ceinture; tandis que le
pont de l'Europe, à droite, coupait de son étoile de fer la tranchée, que
l'on voyait reparaître et filer au-delà, jusqu'au tunnel des Batignolles. Et,
en bas de la fenêtre même, occupant tout le vaste champ, les trois
doubles voies qui sortaient du pont, se ramifiaient, s'écartaient en un
éventail dont les branches de métal, multipliées, innombrables, allaient
se perdre sous les marquises. Les trois postes d'aiguilleur, en avant des
arches, montraient leurs petits jardins nus. Dans l'effacement confus
des wagons et des machines encombrant les rails, un grand signal rouge
tachait le jour pâle.
Pendant un instant, Roubaud s'intéressa, comparant, songeant à sa gare
du Havre. Chaque fois qu'il venait de la sorte passer un jour à Paris, et
qu'il descendait chez la mère Victoire, le métier le reprenait. Sous la
marquise des grandes lignes, l'arrivée d'un train de Mantes avait animé
les quais; et il suivit des yeux la machine de manoeuvre, une petite
machine-tender, aux trois roues basses et couplées, qui commençait le
débranchement du train, alerte besogneuse, emmenant, refoulant les
wagons sur les voies de remisage. Une autre machine, puissante celle-là,
une machine d'express, aux deux grandes roues dévorantes, stationnait
seule, lâchait par sa cheminée une grosse fumée noire, montant droit,
très lente dans l'air calme. Mais toute son attention fut prise par le train
de trois heures vingt-cinq, à destination de Caen, empli déjà de ses
voyageurs, et qui attendait sa machine. Il n'apercevait pas celle-ci,
arrêtée au-delà du pont de l'Europe; il l'entendait seulement demander
la voie, à légers coups de sifflet pressés, en personne que l'impatience
gagne. Un ordre fut crié, elle répondit par un coup bref qu'elle avait
compris. Puis, avant la mise en marche, il y eut un silence, les purgeurs
furent ouverts, la vapeur
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