ait achevé de remplir son destin, qu'elle soit
acquise, définitive et sans laisser de place à des remous d'angoisses, à
des fluctuations de nouvelles souffrances. Il faut attendre encore avant
de la pouvoir clamer à la face d'un ciel tricolore et serein. L'orage est
toujours là, qui menace et qui gronde. La porte s'est seulement ouverte
à demi, en un brusque effort... Nous avons pu poser le pied sur les
marches du seuil et donner, entre deux feux de peloton, un haletant
baiser d'amour, le premier, à la frémissante captive... Mais elle n'est pas
délivrée! Elle a toujours ses fers... Nous la délivrerons... Brûlés et déjà
possédés par cette courte étreinte, préparons-nous à la recommencer.
Nous avons vu la prisonnière. Elle a passé la tête à travers les
barreaux... Nous l'avons embrassée... Les barreaux ne sont pas brisés...
HENRI LAVEDAN.
LA GUERRE
LES FAITS DE LA SEMAINE
Jeudi, 6 août.--Le ministère de la Guerre communique la nouvelle qu'à
Morfontaine, près Longwy, les Allemands ont fusillé deux enfants de
quinze ans qui auraient prévenu les gendarmes français de l'arrivée de
l'ennemi. Engagements à Nomény, à Lauw, entre des patrouilles.
BELGIQUE.--Le roi Albert prend le commandement en chef de l'armée.
Il adresse à ses soldats une proclamation: «Vous triompherez, dit-il, car
vous êtes la force mise au service du droit.»
La bataille devant Liége continue avec acharnement. Tous les forts
tiennent bon.
40.000 Belges sont aux prises avec toute une armée allemande, la
troisième, composée des 7e, 9e et 10e corps, sous le commandement du
général von Emmich et forte de 120.000 hommes, et lui résistent avec
une magnifique vigueur.
Deux officiers et six soldats allemands pénètrent dans Liége dans le but
de tuer le général Leman, gouverneur de la place; il échappe à cette
tentative.
GRANDE-BRETAGNE.--Le gouvernement britannique publie un
Livre bleu contenant des révélations sensationnelles sur les projets de
l'Allemagne et sur ses efforts pour empêcher l'intervention anglaise:
«Proposition infâme», dira plus tard M. Asquith, premier ministre.
Le contre-torpilleur Lance détruit un bateau allemand poseur de
torpilles, le Königin-Luise.
RUSSIE.--La flotte allemande bombarde Sveaborg, vieille forteresse au
large de la côte finlandaise, et occupe les îles d'Aland.
Une dépêche de Saint-Pétersbourg annonce que, la veille, samedi, le
tsar a fait appeler l'ambassadeur de France et l'a embrassé en lui disant:
«J'embrasse en votre personne votre chère et glorieuse patrie.»
Le grand-duc Nicolas, commandant en chef des armées russes,
télégraphie au général Joffre, généralissime français, l'assurance de sa
foi absolue dans la victoire et de son attachement.
AUTRICHE.--Une dépêche de Vienne annonce que la veille, 5 août,
l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie à Saint-Pétersbourg a, d'ordre de son
gouvernement, notifié à M. Sazonof, ministre des Affaires étrangères
du tsar, l'état de guerre entre les deux pays.
La Serbie rappelle son ministre à Berlin.
Vendredi, 7 août.--Le président de la République signe un décret
conférant à la ville de Liége la croix de chevalier de la Légion
d'honneur.
Nos troupes qui, jusqu'au jour de la déclaration de guerre se tenaient à 8
kilomètres de la frontière, couvrent cette zone, occupant Vic et
Moyen-Vic.
BELGIQUE.--Les Allemands demandent un armistice pour relever
leurs morts et leurs blessés devant Liége.
GRANDE-BRETAGNE.--Le petit croiseur Amphion coule sur une
torpille flottante.
Lord Kitchener est nommé ministre de la Guerre.
RUSSIE.--L'avant-garde russe franchit la frontière de la Pologne
prussienne.
L'ambassadeur de Russie quitte Vienne. On refuse de lui permettre de
rentrer directement en Russie.
Les hostilités ont commencé aussi à la frontière austro-russe.
GRANDE-BRETAGNE.--Dans la nuit commence, sur la côte de
Belgique et la côte de France, le débarquement des troupes
britanniques.
SUR MER.--Les deux croiseurs allemands qui sont dans la
Méditerranée, le Goeben et le Breslau, après avoir charbonné à
Messine, reprennent la mer dans la soirée, vers le Sud, puis à l'Est.
On dit qu'un combat se serait engagé entre le croiseur russe Askold et le
croiseur allemand Emden, au large de Weï Haï Weï (Chine). Tous deux
auraient coulé.
MONTENEGRO.--Une batterie monténégrine, établie sur le mont
Lovcen, qui domine les bouches de Cattaro, bombarde cette ville
depuis la veille.
Samedi, 8 août.--Le ministère de la Guerre communique à 11 heures la
note suivante: «Un combat très vif et très brillant a eu lieu à Altkirch.
Nos troupes ont eu l'avantage et progressent dans la direction de
Mulhouse. Il est même possible qu'elles y soient arrivées à l'heure qu'il
est.»
[Illustration: Une manifestation des Alsaciens-Lorrains de Paris, devant
la statue de Strasbourg, à la nouvelle de l'entrée en Haute-Alsace des
troupes françaises.]
Une dépêche Havas ajoute: «Dans leur joie de voir arriver les troupes
françaises, les Alsaciens-Lorrains ont arraché tous les poteaux
frontières.»
Le communiqué de 23 heures 30 confirme l'occupation de Mulhouse.
Altkirch a été occupée vendredi à la tombée de la nuit. Mulhouse
samedi à 17 heures.
Les Allemands se retirent sur Neuf-Brisach.
Le soir, nos troupes s'emparent
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