point faire explosion. Son ma?tre le sentait bien. ?Le mieux est de nous d��p��cher, reprit Ahmet. Si la temp��te se d��cha?ne, les toiles de l'araba seront travers��es en un instant, et la place n'y sera plus tenable.
--Presse ton attelage, dit K��raban au postillon, et ne lui ��pargne pas les coups de fouet!?
Et, de fait, le postillon, qui n'avait pas moins hate que ses voyageurs d'arriver �� Atina, ne les ��pargnait gu��re. Mais les pauvres b��tes, accabl��es par la lourdeur de l'air, ne pouvaient se maintenir au trot sur une route que le macadam n'avait pas encore nivel��e.
Combien le seigneur K��raban et les siens durent envier le ?tchapar?, dont l'��quipage croisa leur araba vers les sept heures du soir! C'��tait le courrier anglais qui, toutes les deux semaines, transporte �� T��h��ran les d��p��ches de l'Europe. Il n'emploie que douze jours pour se rendre de Tr��bizonde �� la capitale de la Perse, avec les deux ou trois chevaux qui portent ses valises, et les quelques zapti��s qui l'escortent. Mais, aux relais, on lui doit la pr��f��rence sur tous autres voyageurs, et Ahmet dut craindre, en arrivant �� Atina, de n'y plus trouver que des chevaux ��puis��s.
Par bonheur, cette pens��e ne vint point au seigneur K��raban. Il aurait eu l�� une occasion toute naturelle d'exhaler de nouvelles plaintes, et en e?t profit��, sans doute!
Peut-��tre, d'ailleurs, cherchait-il cette occasion. Eh bien, elle lui fut enfin fournie par Van Mitten.
Le Hollandais, ne pouvant plus reculer devant les promesses faites �� Bruno, se hasarda enfin �� s'ex��cuter, mais en y mettant toute l'adresse possible. Le mauvais temps qui mena?ait lui parut ��tre un excellent exorde pour entrer en mati��re.
?Ami K��raban, dit-il tout d'abord, du ton d'un homme qui ne veut point donner de conseil, mais qui en demande plut?t, que pensez-vous de cet ��tat de l'atmosph��re?
--Ce que j'en pense?...
--Oui! ... Vous le savez, nous touchons �� l'��quinoxe d'automne, et il est �� craindre que notre voyage ne soit pas aussi favoris�� pendant la seconde partie que pendant la premi��re!
--Eh bien, nous serons moins favoris��s, voil�� tout! r��pondit K��raban d'une voix s��che. Je n'ai pas le pouvoir de modifier �� mon gr�� les conditions atmosph��riques! Je ne commande pas aux ��l��ments, que je sache, Van Mitten!
--Non ... ��videmment, r��pliqua le Hollandais, que ce d��but n'encourageait gu��re. Ce n'est pas ce que je veux dire, mon digne ami!
--Que voulez-vous dire, alors?
--Qu'apr��s tout, ce n'est peut-��tre l�� qu'une apparence d'orage ou tout au plus un orage qui passera....
--Tous les orages passent, Van Mitten! Ils durent plus ou moins longtemps, ... comme les discussions, mais ils passent, ... et le beau temps leur succ��de ... naturellement!
--A moins, fit observer Van Mitten, que l'atmosph��re ne soit si profond��ment troubl��e! ... Si ce n'��tait pas la p��riode de l'��quinoxe....
--Quand on est dans l'��quinoxe, r��pondit K��raban, il faut bien se r��signer �� y ��tre! Je ne peux pas faire que nous ne soyons dans l'��quinoxe! ... On dirait, Van Mitten, que vous me le reprochez?
--Non! ... Je vous assure.... Vous reprocher ... moi, ami K��raban,? r��pondit Van Mitten.
L'affaire s'engageait mal, c'��tait trop ��vident. Peut-��tre, s'il n'avait eu derri��re lui Bruno, dont il entendait les sourdes incitations, peut-��tre Van Mitten e?t-il abandonn�� cette conversation dangereuse, quitte �� la reprendre plus tard. Mais il n'y avait plus moyen de reculer,--d'autant moins que K��raban, l'interpellant, d'une fa?on directe, cette fois, lui dit en fron?ant le sourcil:
?Qu'avez-vous donc, Van Mitten? On croirait que vous avez une arri��re-pens��e?
--Moi?
--Oui, vous! Voyons! Expliquez-vous franchement! Je n'aime pas les gens qui vous font mauvaise mine, sans dire pourquoi!
--Moi! vous faire mauvaise mine?
--Avez-vous quelque chose �� me reprocher? Si je vous ai invit�� �� d?ner �� Scutari, est-ce que je ne vous conduis pas �� Scutari? Est-ce ma faute, si ma chaise a ��t�� bris��e sur ce maudit chemin de fer??
Oh! oui! c'��tait sa faute et rien que sa faute! Mais le Hollandais se garda bien de le lui reprocher!
?Est-ce ma faute, si le mauvais temps nous menace, quand nous n'avons plus qu'une araba pour tout v��hicule? Voyons! parlez!?
Van Mitten, troubl��, ne savait d��j�� plus que r��pondre. Il se borna donc �� demander �� son peu endurant compagnon s'il comptait rester soit �� Atina, soit m��me �� Tr��bizonde, au cas o�� le mauvais temps rendrait le voyage trop difficile.
?Difficile ne veut pas dire impossible, n'est-ce pas? r��pondit K��raban, et comme j'entends ��tre arriv�� �� Scutari pour la fin du mois, nous continuerons notre route, quand bien m��me tous les ��l��ments seraient conjur��s contre nous!?
Van Mitten fit appel alors �� tout son courage, et formula, non sans une ��vidente h��sitation dans la voix, sa fameuse proposition.
?Eh bien, ami K��raban, dit-il, si cela ne vous contrarie pas trop, je vous demanderai, pour Bruno et pour moi, la permission ... oui ... la permission de rester �� Atina.
--Vous me demandez la permission de rester ��
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