Keraban Le Tetu, vol 1 | Page 7

Jules Verne
g��n��reusement.
--Ils t'ob��iront?...
--En cela, comme en tout.
--Bien! Quelles nouvelles m'apportes-tu, Yarhud?
--Des nouvelles �� la fois bonnes et mauvaises, r��pondit le capitaine, en baissant un peu la voix.
--Quelles sont les mauvaises, d'abord? demanda Scarpante.
--Les mauvaises, c'est que la jeune Amasia, la fille du banquier S��lim, d'Odessa, doit bient?t se marier! C'est que son enl��vement pr��sentera plus de difficult��s et demandera plus de hate que si son mariage n'��tait ni d��cid�� ni prochain!
--Ce mariage ne se fera pas, Yarhud! s'��cria Scarpante un peu plus haut qu'il ne convenait. Non, par Mahomet, il ne se fera pas!
--Je n'ai pas dit qu'il se ferait, Scarpante, r��pondit Yarhud, j'ai dit qu'il devait se faire.
--Soit, r��pliqua l'intendant, mais avant trois jours, le seigneur Saffar entend que cette jeune fille soit embarqu��e pour Tr��bizonde; et, si tu le jugeais impossible....
--Je n'ai pas dit que c'��tait impossible, Scarpante. Rien n'est impossible avec de l'audace et de l'argent. J'ai simplement dit que ce serait plus difficile, voil�� tout.
--Difficile! r��pondit Scarpante. Ce ne sera pas la premi��re fois qu'une jeune fille turque ou russe aura disparu d'Odessa et manquera au logis paternel!
--Et ce ne sera pas la derni��re, r��pondit
Yarhud, ou le capitaine de la _Gu?dare_ ne saurait plus son m��tier!
--Quel est l'homme que doit prochainement ��pouser la jeune Amasia? demanda Scarpante.
--Un jeune Turc, de m��me race qu'elle.
--Un Turc d'Odessa?
--Non, de Constantinople.
--Et il se nomme?...
--Ahmet.
--Qu'est-ce que cet Ahmet?
--Le neveu et l'unique h��ritier d'un riche n��gociant de Galata, le seigneur K��raban.
--Que fait ce K��raban?
--Le commerce des tabacs, dans lequel il a gagn�� une grande fortune. Il a pour correspondant �� Odessa le banquier S��lim. Ils font ensemble d'importantes affaires et se rendent souvent visite. C'est dans ces circonstances qu'Ahmet a connu Amasia. C'est de cette fa?on que le mariage a ��t�� d��cid�� entre le p��re de la jeune fille et l'oncle du jeune homme.
--O�� le mariage doit-il se faire? demanda Scarpante. Est-ce ici, �� Constantinople?
--Non, �� Odessa.
--A quelle ��poque?
--Je ne sais, mais il est �� craindre que, sur les instances du jeune Ahmet, il ne se fasse d'un jour �� l'autre.
--Il n'y a donc pas un instant �� perdre?
--Pas un!
--O�� est maintenant cet Ahmet?
--A Odessa.
--Et ce K��raban?
--A Constantinople.
--As-tu vu ce jeune homme, Yarhud, pendant le temps qui s'est ��coul�� entre ton arriv��e �� Odessa et ton d��part?
--J'avais int��r��t �� le voir, �� le conna?tre, Scarpante... Je l'ai vu et je le connais.
--Comment est-il?
--C'est un jeune homme fait pour plaire, et qui pla?t �� la fille du banquier S��lim.
--Est-il �� redouter?
--On le dit tr��s brave, tr��s r��solu, et, dans cette affaire, il faudra compter avec lui!
--Est-il ind��pendant par sa position, par sa fortune? demanda Scarpante, en insistant sur les divers traits du caract��re de ce jeune Ahmet, qui ne laissait pas de l'inqui��ter.
--Non, Scarpante, r��pondit Yarhud. Ahmet d��pend de son oncle et tuteur, le seigneur K��raban, qui l'aime comme un fils et qui, bient?t sans doute, doit se rendre �� Odessa pour la conclusion de ce mariage.
--Ne pourrait-on retarder le d��part de ce K��raban?
--Ce serait ce qu'il y aurait de mieux �� faire, et cela nous donnerait plus de temps pour agir. Quant �� la mani��re de s'y prendre?...
--C'est �� toi de l'imaginer, Yarhud, r��pondit Scarpante, mais il faut que les volont��s du seigneur Saffar s'accomplissent et que la jeune Amasia soit transport��e �� Tr��bizonde. Ce ne sera pas la premi��re fois que la tartane la _Gu?dare_ aura visit��, pour son compte, le littoral de la mer Noire, et tu sais comment il paye les services...
--Je le sais, Scarpante.
--Or, le seigneur Saffar a vu cette jeune fille, rien qu'un instant, dans son habitation d'Odessa, sa beaut�� l'a s��duit, et elle ne sera pas �� plaindre d'avoir ��chang�� la maison du banquier S��lim pour son palais de Tr��bizonde! Amasia sera donc enlev��e, et si ce n'est pas par toi, Yarhud, ce sera par un autre!
--Ce sera par moi, vous pouvez y compter! r��pondit simplement le capitaine maltais. Je vous ai dit les nouvelles mauvaises, voici maintenant quelles sont les bonnes.
--Parle, r��pondit Scarpante, qui, apr��s avoir fait quelques pas en r��fl��chissant, revint pr��s de Yarhud.
--Si le mariage projet��, reprit le Maltais, rend plus difficile d'enlever la jeune fille, puisque Ahmet ne la quitte pas, il me fournit l'occasion de p��n��trer dans la maison du banquier S��lim. En effet, je suis non seulement un capitaine, mais un trafiquant. La _Gu?dare_ a une riche cargaison, ��toffes de soie de Brousse, pelisses de martre et de zibeline, brocarts diamant��s, passementeries travaill��es par les plus habiles trayeurs d'or de l'Asie Mineure, et cent objets qui peuvent exciter la convoitise d'une jeune fianc��e. Au moment de son mariage, elle se laissera ais��ment tenter. Je pourrai sans doute l'attirer �� bord, profiter d'un vent favorable et prendre la mer, avant qu'on ait eu connaissance de l'enl��vement.
--Cela me para?t bien imagin��, Yarhud, r��pondit Scarpante, et je ne doute pas que tu ne r��ussisses!
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