Jusqua lextrême regard, poésie | Page 3

Huguette Bertrand
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Huguette Bertrand
JUSQU'à L'EXTRêME REGARD
poésie
éditions En Marge

Suis en amour avec le jour qui passe?près de ma fenêtre?par-dessus ma chair ruisselante d'avenir?sous un amoncellement de gestes fous?que l'histoire raconte pour bercer la petite fille?Suis en amour avec la nuit qui passe?près de mon lit?dans les hauts-fonds de mon ame?parmi les spasmes et tous ces bruits?arrachés au plaisir d'être là?comme un fruit dans son nectar
Suis en amour avec les mots d'amour?près de la vie?comme des semences d'éternité

Devant toi comme quelqu'un qui attend?qui attend que la nuit soit consommée?en attendant que tu sois là?l'ame à nue?en plein coeur du rire?envoyée dans tous les sens?débridée par les mots écrits comme ?a?en plein jour?en pleine nuit?alors que les coeurs s'entrechoquent à travers les ondes?provoquent des signes amourachés tendres
Comment résister aux mots désordonnés?sans faux pli?des mots qui provoquent la rencontre l'amitié?la vie jusqu'au bord du risque?le risque de perdre son ame dans l'ame de l'autre?cet autre soi-même accordé à la vie?ses rythmes?ses accords à travers les saisons provocantes?une provocation d'images chauffées à blanc?pour le bonheur de l'instant
Comment résister aux heures arrogantes?ce trajet de l'esprit en voyage sur les sens?quand le regard touche les courbes br?lantes du délire?quand la main vient se poser sur le cri
Un silence dérobé à l'envie d'être là?jusqu'au bout

Parmi les feux de la nuit?ce parcours du silence de ton ame secrète?s'abreuve à la source de nos avenues intimes?jusqu'au tréfonds de nos corps lancinants?comme un puits si profond?d'où surgissent les vertiges du matin?ses accords sur la portée du coeur?à n'en plus finir
L'amour se consume?à travers une nuée de caresses étonnées

Les doigts du ciel effleurent le sanctuaire de la folle amante gonflée dans la poitrine du vent?et d'inutiles colères se heurtent aux douleurs des griffes?emprisonnées dans les veines du temps
Les lèvres s'habituent aux désirs?quand la crue des souffles inonde l'espace?jusqu'à l'épuisement des gestes
Cernées les images passent?l'amour délire

Le temps?mon frère?vient d'arriver avec en poche?le poids de ma fragilité?déposée aux pieds de la tendresse?parfois emportée par le vent du large?ses milliers de p'tits papiers accrochés au fil des jours?et du printemps venu rateler ses émotions?éparpillées sur le gazon

Dans la prison du désir?je tue les heures une à une?sans blesser les instants de l'espace amoureux?sans piétiner les sourires?sans mélanger la couleur des gris trop gris?sans mourir sous le toit indigné par la caresse des jours?sans suivre le cours du rêve inachevé?des lendemains avides de temps
à même cette prison?j'habitue mes mots au délire?pour contr?ler les enchantements?pour nager dans les attentes trop vives

Oui je rêve que je ne rêve pas?dans le délire de tes nuits?dans la conscience du jour?cette envie de colorer tes arcs-en-ciel aux prises avec les nuages assise sous le chêne?à brouter des impatiences dans la gueule du temps?ce temps empanaché d'étoiles?de fils d'araignée?quand la voix cherche les contours d'une présence?pour la suite du jour

Ma vie se berce au creux de la mémoire?d'un amour retrouvé comme un mystère?entre les seins affolés?par une nuée d'interdits
En proie aux fièvres?mes rêves glissent sous le poids de la démesure?sur les rives chaudes et parfumées du sommeil?quand mes pores se tordent?dans la nuit peuplée de sueurs?de doux désirs entr'ouverts?entre le souffle et les ongles
Les bouches lasses se cueillent?devant la lune éclose

Demain est toujours un autre jour?qui nous suit pas à pas?dans les décombres de la nuit?ses rêves immobiles sous l'oreiller?poursuivis dans le plein des silences?qui charrient à distance les feux de l'ame?cette distance que l'oeil inonde?pour nettoyer les passions refoulées?dans les ab?mes d'un poème qui ne veut pas se taire?un poème à la mesure du coeur?aiguisé par la lenteur
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