en lui disant tout bas, de peur que Jeannot ne l'entend?t:
?Tu trouveras tes vingt francs dans un compartiment s��par��; n'en dis rien �� Jeannot, je te le d��fends.
JEAN.
Je vous ob��irai, monsieur, pour vous t��moigner ma reconnaissance. Mais j'aurais pr��f��r�� que vous les eussiez gard��s pour pauvre maman.
--Ta maman les aura; soit tranquille.... Chut! ne dis rien.... Adieu, mon petit Jean; bon voyage.?
L'��tranger serra la main de Jean et fit un signe d'adieu �� Jeannot; il leur remit encore un petit paquet, et il se s��para d'avec ces deux enfants, dont l'un ne lui plaisait gu��re, et l'autre lui inspirait un vif int��r��t.
Quand ils furent partis, l'��tranger se mit �� r��fl��chir.
?C'est singulier, dit-il, que cet enfant m'inspire un si vif int��r��t; sa physionomie ouverte, intelligente, douce, franche et r��solue m'a fait une impression tr��s favorable.... Et puis, j'ai des remords de l'avoir effray�� au premier abord.... Ce pauvre enfant!... avec quelle candeur il m'a offert son petit avoir! Tout ce qu'il poss��dait!... C'��tait mal �� moi!... Et l'autre me d��pla?t ��norm��ment, je suis fach�� qu'ils voyagent ensemble. Je les retrouverai �� Paris; j'irai voir le fr��re Simon; je veux savoir ce qu'il est, celui-l��. Et si je le soup?onne mauvais, je ne lui laisserai pas mon petit Jean. Il gardera l'autre s'il veut. J'ai fait un ��change de bourse qui profitera �� Jean; la sienne est d��cousue et d��chir��e partout; c'est ��gal, je veux la garder; cette aventure me laissera un bon souvenir.?
IV
LA CARRIOLE ET KERSA
Jean et Jeannot march��rent quelque temps sans parler:
?Dis donc, Jean, dit enfin Jeannot, combien crois-tu qu'il nous faudra de jours pour arriver �� Paris?
JEAN.
Je n'en sais rien; je n'ai pas pens�� �� les compter.
JEANNOT.
Combien ferons-nous de lieues par jour?
JEAN.
Cinq �� six, je crois bien.
JEANNOT.
Mais cela ne nous dit pas combien il y a de lieues d'ici �� Paris.
JEAN.
Nous aurions d? demander au monsieur voleur; il nous l'aurait dit.
JEANNOT.
Il n'en sait pas plus que nous. Ces gens riches, ?a voyage en voiture; ils ne savent seulement pas le chemin qu'ils font.?
Une carriole attendait tout attel��e devant une maison que les enfants allaient d��passer. Un homme sortit de la maison et s'appr��ta �� monter dans la carriole.
?Monsieur, dit Jean en courant �� lui et en ?tant poliment sa casquette, pouvez-vous nous dire combien nous avons de lieues d'ici �� Paris?
L'HOMME.
D'ici �� Paris! Mais tu ne vas pas �� Paris, mon pauvre gar?on?
JEAN.
Pardon, monsieur; nous y allons, Jeannot et moi, pour rejoindre Simon et pour gagner notre vie; et nous voudrions savoir s'il y a bien loin et combien il nous faudra de jours pour y arriver.
L'HOMME.
Mis��ricorde! Mais vous ne comptez pas y aller �� pied?
JEAN.
Pardon, monsieur; il le faut bien; nous n'avons pas les moyens d'y aller dans une belle carriole comme vous.
L'HOMME.
Mais, petits malheureux, savez-vous qu'il y a d'ici �� Paris cent vingt lieues?
JEAN.
C'est beaucoup! Mais nous y arriverons tout de m��me. Bien merci, monsieur! Pardon de vous avoir d��rang��.
L'HOMME.
Pas de d��rangement, mon ami.... Mais, j'y pense, je vais �� Vannes; montez dans ma carriole, c'est votre route, et cela vous avancera toujours de quatre lieues, car vous n'��tes gu��re �� plus d'une lieue d'Auray.
JEAN.
Bien des remerciements, monsieur; ce n'est pas de refus.
L'HOMME.
Alors, montez vite et partons. Je suis press��.?
Jean grimpa lestement et fit grimper Jeannot, qui n'avait pas dit une parole. Jean se mit pr��s du ma?tre de la carriole; Jeannot se pla?a dans le coin le plus recul��. Le brave homme, qui recueillait les petits voyageurs, fouetta son cheval, et on partit au grand trot. Jean ��tait enchant��; il n'avait jamais roul�� si vite. Jeannot semblait effray��; il se cramponnait aux barres de la carriole. Le conducteur se retourna et regarda attentivement Jeannot.
L'HOMME.
Ton camarade est muet, ce me semble??
Jean rit de bon coeur.
JEAN.
Muet! Pour cela non, monsieur; il a la langue bien d��li��e. Il ne dit rien, c'est qu'il a peur.
L'HOMME.
Peur de qui, de quoi?
JEAN.
Je n'en sais rien, monsieur; il a toujours peur. Jeannot, r��ponds donc �� monsieur, qui a la politesse de s'inqui��ter de toi.
JEANNOT.
Que veux-tu que je dise? Je ne peux pas causer, moi, quand j'ai peur.
JEAN.
L��! Quand je disais qu'il a peur.
L'HOMME.
Et de quoi as-tu peur, nigaud?
JEANNOT.
J'ai peur de votre cheval qui court �� tout briser, et puis j'ai peur de vous aussi. Est-ce que je sais qui vous ��tes?
L'HOMME.
Comment? Polisson, vaurien! J'ai la bont�� de te ramasser sur la route, et tu oses me faire entendre que je suis un mauvais garnement, un voleur, un assassin, peut-��tre. Si ce n'��tait ton camarade, je te flanquerais dehors et je te laisserais faire ta route �� pied.
JEAN.
Oh! monsieur, pardonnez-lui! Il ne sait ce qu'il dit quand il a peur. C'est une nature comme ?a? Il s'effraye de tout, et tout lui d��pla?t.
L'HOMME.
Pas une nature comme la tienne, alors: tu me fais l'effet d'��tre un brave gar?on.
JEAN.
Dame! monsieur, je suis comme le bon Dieu
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