mots, d'autant plus qu'�� cet ��gard l'_histoire n'existe pas; l'histoire n'est pas faite_. Rien de plus obscur et de plus embrouill�� que la certitude de certains faits dans le pass��. Peut-��tre faudrait-il s'occuper un peu de chercher celle du fait id��al; si l'on songeait bien aux causes morales des ��v��nements, on d��terminerait peut-��tre d'une mani��re plus satisfaisante la marche de ces ��v��nements; si l'on mettait un peu plus de sentiment dans l'��tude de l'histoire, je crois qu'on devinerait beaucoup de choses qu'avec la seule ��rudition il sera peut-��tre �� jamais impossible d'affirmer.
_Deviner l'histoire_ de la pens��e humaine, voil�� en effet �� quoi nous sommes r��duits en ce temps de scepticisme, apr��s tant de si��cles d'hypocrisie. Que dis-je? l'hypocrisie et le scepticisme sont de tous les temps, et presque toujours l'histoire, surtout l'histoire des religions, a ��t�� ��crite sous l'une ou l'autre inspiration. L'��glise a ��crit l'histoire, c'est elle qui l'a le plus et le mieux ��crite dans le pass��: l'��glise a ��t�� forc��e de l'��crire selon ses int��r��ts, ses ressentiments et ses terreurs. Les souverains ont fait ��crire l'histoire, et les souverains ont fait comme l'��glise. Comme le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ont ��t�� aux prises ��ternellement, voil�� d��j�� de grandes contradictions entre les historiens des deux camps. Puis les philosophes et les h��r��tiques ont ��crit l'histoire: ressentiment et amertume contre les pouvoirs oppresseurs, crainte et jalousie entre les diverses sectes et les diverses philosophies, ignorance et pr��cipitation de jugement, voil�� ce qu'on trouve chez la plupart de ces historiens. Nouvelles contradictions! o�� est donc la v��rit�� de l'histoire au milieu de ce conflit? L'histoire n'existe pas, je vous le jure; que les p��dants en pensent ce qu'ils veulent!
Mais comme la Providence ne fait rien d'inutile, l'humanit��, sur laquelle et par laquelle agit chez nous la Providence, ne fait rien d'inutile non plus. Le pass�� a entass�� devant nous des montagnes de mat��riaux, l'avenir en profitera. Le pr��sent s'en effraie et y porte une main timide. Mais vienne le r��veil des grands sentiments, vienne un si��cle des lumi��res qui ne sera ni celui de L��on X ni celui de Louis XIV, mais celui de la justice et de la droiture, l'histoire se fera, et nos petits-enfants en auront enfin une id��e nette et bienfaisante.
Quoi, me direz-vous, nous n'avons pas d'histoire? Et qu'avons-nous donc appris dans nos couvents?--H��las! Mesdames, vous n'y avez appris que l'��vangile, et encore ne l'avez-vous pas compris. Vos filles pourraient commencer �� apprendre quelque chose, car on a commenc�� �� faire pour la jeunesse de bons ouvrages comparativement �� ceux du pass��. Quelques esprits ��lev��s ont jet�� de si��cle en si��cle une certaine clart�� progressive sur cet ab?me t��n��breux. De nos jours de rares intelligences ont indiqu�� la route; la notion d'une nouvelle m��thode sup��rieure �� l'ancienne s'est r��pandue et tend �� se populariser, en d��pit de l'hypocrisie sceptique de l'��glise et du scepticisme hypocrite de l'Universit��. Mais les seuls beaux travaux que nous poss��dions sur l'histoire ne sont encore que des aper?us de sentiment, des ��clairs de divination. Je vous l'ai dit, nous en sommes �� deviner l'histoire, en attendant qu'on nous la fasse et qu'on nous la donne tout expliqu��e et toute d��voil��e.
Je conviens que certains points principaux semblent ��tre du moins assez bien d��pouill��s de mensonge et d'ignorance pour qu'on puisse en juger. Si, sur tous les points, la besogne ��tait assez bien d��brouill��e, l'ouvrage assez d��grossi, pour que la raison et le sentiment n'eussent plus qu'�� se prononcer sur la cons��quence et la moralit�� des faits, nous serions d��j�� bien avanc��s, et il ne faudrait pas se plaindre: demain nous aurions nos H��rodotes et nos Tacites. Mais nous n'en sommes pas l��, et les plus instruits de nos ma?tres avouent qu'il y a des c?t��s (selon moi, ce sont les plus importants) o�� tout est plong�� dans un ��pais brouillard. Telle est l'histoire des h��r��sies; je ne vous citerai que celle-l��, quoique celle de la religion officielle qu'on vous a enseign��e et que vous enseignez �� vos enfants soit tout aussi menteuse, tout aussi obscure, tout aussi incertaine. Mais mon sujet m'impose de me borner �� la premi��re, et je vous demande si vous en savez quelque chose? Ne rougissez pas d'avouer que non. Vos professeurs n'en savent gu��re plus.
Et comment le sauraient-ils? Figurez-vous, Madame, qu'il y a l�� toute une moiti�� de l'histoire intellectuelle et morale de l'humanit��, que l'autre moiti�� du genre humain a fait dispara?tre, parce qu'elle la g��nait et la mena?ait. Il faut que j'essaie de vous faire bien comprendre de quoi il est question, et vous verrez ensuite que cette sainte m��re l'h��r��sie nous a engendr��s tout aussi l��gitimement, tout aussi puissamment que notre autre m��re la sainte ��glise. L'une nous a baptis��s, confess��s et dirig��s de si��cle en si��cle �� la lumi��re du jour; l'autre
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