Jean-Jacques Rousseau | Page 4

Jules Lemaître
dans
ma mémoire, autant et plus que dans la réalité. J'ai gardé toujours une

affection tendre pour un certain air du Conditor alme siderum qui
marche par ïambes, parce qu'un dimanche de l'Avent j'entendis de mon
lit chanter cet hymne avant le jour sur le perron de la cathédrale, selon
un rite de cette église-là... etc. (Livre III).
Mais je ne puis vous lire ainsi toutes les Confessions et je le regrette. Je
ne puis que les analyser; et combien de détails charmants, étranges,
émouvants ou irritants je laisserai de côté!--Pour plus de clarté, et pour
fixer vos propres souvenirs, il me paraît indispensable de faire un
sommaire très bref des faits principaux relatés dans ces six premiers
livres qui nous occuperont aujourd'hui.
LIVRE I.--Jean-Jacques naît à Genève le 28 juin 1712, d'un horloger.
Sa mère meurt en le mettant au monde.--Son père lui fait lire des
romans à sept ans. Il l'abandonne à huit ans, une affaire d'honneur
l'obligeant à s'expatrier.
On le met en pension, de huit à dix ans, à Bossey, chez le pasteur
Lambercier, qui lui apprend la religion. Ici se placent diverses
anecdotes, notamment celle de la fessée donnée par mademoiselle
Lambercier.
On le retire de Bossey. Il reste deux ou trois ans, à Genève, chez son
oncle Bernard. Il va de temps en temps à Nyon, où est son père; est
amoureux de mademoiselle Vulson et polissonne avec mademoiselle
Gothon. Il est ensuite placé chez un greffier pour y apprendre le métier
de procureur. Il s'en fait renvoyer et entre chez un graveur, qui le
maltraite. Un soir, après une promenade dans la campagne, il trouve la
porte de la ville fermée. Et il quitte Genève le lendemain pour courir
fortune à travers le monde.
LIVRE II.--Il rôde autour de Genève, se présente au curé de Confignon,
qui l'adresse à madame de Warens, à Annecy. Cette dame, nouvelle
convertie, l'envoie à Turin dans l'hospice des Catéchumènes. Il se laisse
convertir, cherche sa vie dans Turin, passe quelques semaines chez la
jolie marchande madame Bazile, puis est laquais chez la comtesse de
Vercellis. Ici se place l'histoire du ruban.

LIVRE III.--Après cinq ou six semaines passées sans occupation et
signalées par de singulières fantaisies sensuelles, il entre chez le comte
de Gouvon, toujours comme laquais, mais pour qui on a des égards. Il
est amoureux de mademoiselle de Breil, une des filles de la maison. Le
fils du comte, l'abbé de Gouvon, s'intéresse à lui, et lui apprend l'italien.
On se chargeait de son avenir: mais un beau jour il décampe avec un
camarade des rues (à près de dix-huit ans), repris par son besoin de
vagabondage.
Il retourne à Annecy, près de madame de Warens; se laisse nourrir,
mais lit, travaille. On le met au séminaire; il n'y reste pas. Il reçoit des
leçons de musique du professeur des enfants de choeur de la cathédrale,
un M. Nicoloz, qu'il appelle «M. le Maître». Il s'engoue d'une espèce de
musicien bohème, Venture. Puis, M. le Maître étant obligé de quitter
Annecy, Jean-Jacques l'accompagne jusqu'à Lyon, où il l'abandonne au
coin d'une rue en peine crise d'épilepsie, ou peut-être de delirium
tremens. (Ce M. le Maître était bonhomme, mais fortement ivrogne.)
Là-dessus, Jean-Jacques revient à Annecy, et n'y retrouve plus madame
de Warens.
LIVRE IV.--Il attend des nouvelles de madame de Warens à Annecy.
Ici se place la partie de campagne avec mesdemoiselles Galley et de
Graffenried.
Chargé de conduire à Fribourg la Merceret, femme de chambre de
madame de Warens, il passe par Genève, voit son père à Nyon (pour la
première fois, je crois, depuis huit ou neuf ans), et se rend de Fribourg à
Lausanne, où, sous le nom de Vaussore, il montre la musique sans la
savoir et donne même un concert (chez M. de Treytorens). Il va à
Vevey (patrie de madame de Warens), passe l'hiver de 1731-1732 à
Neuchâtel, où il continue de donner des leçons de musique. (Il finissait
par l'apprendre en l'enseignant.) Vie pénible, détresse. Il fait la
connaissance d'un archimandrite qui quêtait pour le «rétablissement du
Saint-Sépulcre»; va à Fribourg, à Berne, à Soleure, où M. de Bonac,
ambassadeur de France, le retient. Puis M. de Bonac l'envoie à Paris
pour être précepteur. Jean-Jacques fait la route à pied; ne s'entend pas
avec le père de son élève, apprend que madame de Warens est

retournée en Savoie, et repart à pied de Paris. Après quelque séjour à
Lyon, il arrive chez madame de Warens, qui venait de se fixer à
Chambéry. Elle lui obtient un emploi dans le cadastre.
LIVRE V.--Il donne des leçons de musique à des jeunes filles. Pour le
mettre en garde contre les séductions de certaines de ses élèves,
madame de Warens devient elle-même son initiatrice. Il se laisse faire;
il accepte même le partage avec
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