lumi��re que je porterai dans toutes les parties de mon oeuvre et que j'en ferai jaillir. Je me sens un peu ranim�� par cette esp��rance... J'ignore si c'est le froid, le ciel noir et le vent, qui siffle sur ces toits, qui tiennent mon ame captive; mais il y a des moments o�� je n'ai plus confiance en moi-m��me, et o�� je me demande s��rieusement si je ne ferais pas mieux de planter des choux que de m'��garer ainsi dans les apres sentiers de la m��taphysique.
CAHIER N��1. TRAVAIL.
QUATRI��ME QUESTION.
_Quelle sera l'��ducation des enfants_ dans ma r��publique id��ale?
C'est-��-dire d'abord _�� qui sera confi��e l'��ducation des enfants?_
R��PONSE.
A l'��tat. La soci��t�� est la m��re abstraite et r��elle de tout citoyen, depuis l'heure de sa naissance jusqu'�� celle de sa mort. Elle lui doit... (Voir pour plus ample expos��, mon cahier num��ro 3, o�� ce principe est suffisamment d��velopp��.)
INSTITUTION.
_La premi��re enfance de l'homme sera exclusivement confi��e �� la direction de la femme._
QUESTION.
_Jusqu'�� quel age?_
R��PONSE.
_Jusqu'�� l'age de cinq ans._
C'est trop peu. Un enfant de cinq ans serait trop cruellement priv�� des soins maternels.
_Jusqu'�� l'age de dix ans._
C'est trop. L'��ducation intellectuelle peut et doit commencer beaucoup plus t?t.
R��PONSE.
_ A partir de l'age de cinq ans, jusqu'�� celui de dix ans, l'��ducation des males sera alternativement confi��e �� des femmes et �� des hommes._
QUESTION.
_Quelle sera la part d'��ducation attribu��e �� la femme?_
Je l'ai trop exclusivement suppos��e purement hygi��nique. J'ai sembl�� admettre, dans le titre pr��c��dent, que l'homme seul pouvait donner l'enseignement scientifique. La femme ne doit-elle pas pr��parer, m��me avant l'age de cinq ans, cette jeune intelligence �� recevoir les hauts enseignements de la science, de la morale et de l'art?
Cela me fait aussi songer que j'��tablis a priori une distinction arbitraire entre l'��ducation des males et celle des femelles, presque d��s le berceau. Il faudrait commencer par d��finir la diff��rence intellectuelle et morale de l'homme et de la femme...
CAHIER N��2. JOURNAL.
27 d��cembre.
Cette difficult�� m'a arr��t�� court; je vois que j'��tais fou de vouloir passer �� la quatri��me question avant d'avoir r��solu la troisi��me. Jamais je ne fus si pauvre logicien. Je gage que le froid me rend malade, et que je ne ferai rien qui vaille tant que soufflera ce vent du nord!
Lugubre Paris! mortel ennemi du pauvre et du solitaire! tout ici est privation et souffrance pour quiconque n'a pas beaucoup d'argent. Je n'avais pas pr��vu cela, je n'avais pas voulu y croire, ou plut?t je ne pouvais pas y songer, alors que l'ardeur du travail, la soif des lumi��res et le besoin imp��rieux de nager dans les livres me poussaient vers toi, Paris ingrat, du fond de ma vall��e champ��tre! A Paris, me disais-je, je serai �� la source de toutes les connaissances; au lieu d'aller emprunter p��niblement un pauvre ouvrage �� un ami ��rudit par hasard, ou �� quelque biblioth��que de province, ouvrage qu'il faut rendre pour en avoir un autre, et qu'il faut copier aux trois quarts si l'on veut ensuite se reporter au texte, j'aurai le puits de la science toujours ouvert; que dis-je, le fleuve de la connaissance toujours coulant �� pleins bords et �� flots press��s autour de moi! Ici je suis comme l'alouette qui, au temps de la s��cheresse, cherche une goutte de ros��e sur la feuille du buisson, et ne l'y trouve point. L��-bas, je serai comme l'alcyon voguant en pleine mer. Et puis, chez nous, on ne pense pas, on ne cherche pas, on ne vit point par l'esprit. On est trop heureux quand on a seulement le n��cessaire �� la campagne! On s'endort dans un tranquille bien-��tre, on jouit de la nature par tous les pores; on ne songe pas au malheur d'autrui. Le paysan lui-m��me, le pauvre qui travaille aux champs, au grand air, ne s'inqui��te pas de la mis��re et du d��sespoir qui ronge la population laborieuse des villes. Il n'y croit pas; il calcule le salaire, il voit qu'en fait c'est lui qui gagne le moins, et il ne tient pas compte du d��n?ment de celui qui est forc�� de d��penser davantage pour sa consommation. Ah! s'il voyait, comme je les vois �� pr��sent, ces horribles rues noires de boue, o�� se refl��te la lanterne rougeatre de l'��choppe! S'il entendait siffler ce vent qui, chez nous, plane harmonieusement sur les bois et sur les bruy��res, mais qui jure, crie, insulte et menace ici, en se resserrant dans les angles d'un labyrinthe maudit, et en se glissant par toutes les fissures de ces toits glac��s! S'il sentait tomber sur ses ��paules, sur son ame, ce marteau de plomb que le froid, la solitude et le d��couragement nous collent sur les os!
Le bonheur, dit-on, rend ��go?ste... H��las! ce bonheur r��serv�� aux uns au d��triment des autres doit rendre tel, en effet. O mon Dieu! le bonheur partag��, celui qu'on trouverait en travaillant au bonheur
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