Horace, by George Sand
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Title: Horace
Author: George Sand
Release Date: October 7, 2004 [EBook #13671]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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[Illustration (sans l��gende)]
HORACE
NOTICE
Il faut croire qu'Horace repr��sente un type moderne tr��s-fid��le et tr��s-r��pandu, car ce livre m'a fait une douzaine d'ennemis bien conditionn��s. Des gens que je ne connaissais pas pr��tendaient s'y reconna?tre, et m'en voulaient �� la mort de les avoir si cruellement d��voil��s. Pour moi, je r��p��te ici ce que j'ai dit dans la premi��re pr��face; je n'ai fait poser personne pour esquisser ce portrait; je l'ai pris partout et nulle part, comme le type de d��vouement aveugle que j'ai oppos�� �� ce type de personnalit�� sans frein. Ces deux types sont ��ternels, et j'ai ou? dire plaisamment �� un homme de beaucoup d'esprit, que le monde se divisait en deux s��ries d'��tres plus ou moins pensants: les farceurs et les jobards. C'est peut-��tre ce mot-l�� qui m'a frapp��e et qui m'a port��e �� ��crire Horace vers le m��me temps. Je tenais peut-��tre �� montrer que les exploiteurs sont quelquefois dupes de leur ��go?sme, que les d��vou��s ne sont pas toujours priv��s de bonheur. Je n'ai rien prouv��; on ne prouve rien avec des contes, ni m��me avec des histoires vraies; mais les bonnes gens ont leur conscience qui les rassure, et c'est pour eux surtout que j'ai ��crit ce livre, o�� l'on a cru voir tant de malice. On m'a fait trop d'honneur: j'aimerais mieux appartenir �� la plus pauvre classe des jobards qu'�� la plus illustre des farceurs.
GEORGE SAND. Nohant, 1er novembre 1852.
A M. CHAULES DUVERNET.
Certainement nous l'avons connu, mais diss��min�� entre dix ou douze exemplaires, dont aucun en particulier ne m'a servi de mod��le. Dieu me pr��serve de faire la satire d'un individu dans un personnage de roman. Mais celle d'un travers r��pandu dans le monde de nos jours, je l'ai essay��e cette fois-ci encore; et si je n'ai pas mieux r��ussi que de coutume, comme de coutume je dirai que c'est la faute de l'auteur et non celle de la v��rit��. Les marquis d'aujourd'hui ne sont plus ridicules. Une couche nouvelle de la soci��t�� ayant pouss�� l'ancienne, il est certain que les pr��tentions et les impertinences de la vanit�� ont chang�� de place et de nature. J'ai tent�� de faire un peu attentivement la critique du beau jeune homme de ce temps-ci; et ce beau n'est pas ce qu'�� Paris on appelle lion. Ce dernier est le plus inoffensif des ��tres. Horace est un type plus r��pandu et plus dangereux, parce qu'il est plus ��lev�� en valeur r��elle. Un lion n'est le successeur ni des marquis de Moli��re ni des rou��s de la R��gence; il n'est ni bon ni m��chant; il rentre dans la cat��gorie des enfants qui s'amusent �� faire les matamores. Cette impuissante affectation des grands vices qui ne sont plus n'est qu'un tr��s-petit ��pisode de la sc��ne g��n��rale. Horace a d? traverser cet ��pisode; mais il partait d'un autre point et cherchait un autre but. Dieu merci, un seul ridicule ne suffit pas �� cette jeunesse ambitieuse, qui s'agrandit et s'��pure �� travers mille erreurs et mille fautes, grace au puissant mobile de l'amour-propre. Mon ami, nous avons souvent parl�� de ceux de nos contemporains chez qui nous avons vu la personnalit�� se d��velopper avec un exc��s effrayant; nous leur avons vu faire beaucoup de mal en voulant faire le bien. Nous les avons parfois raill��s, souvent repris; plus souvent nous les avons plaints, et toujours nous les avons aim��s, quand m��me!
GEORGE SAND.
I.
Les ��tres qui nous inspirent le plus d'affection ne sont pas toujours ceux que nous estimons le plus. La tendresse du c?ur n'a pas besoin d'admiration et d'enthousiasme: elle est fond��e sur un sentiment d'��galit�� qui nous fait chercher dans un ami un semblable, un homme sujet aux m��mes passions, aux m��mes faiblesses que nous. La v��n��ration commande une autre sorte d'affection que cette intimit�� expansive de tous les instants qu'on appelle l'amiti��. J'aurais bien mauvaise opinion d'un homme qui ne pourrait aimer ce qu'il admire; j'en aurais une plus mauvaise encore de celui qui ne pourrait aimer que ce qu'il admire. Ceci soit dit en fait d'amili�� seulement. L'amour est tout autre: il ne vit que d'enthousiasme, et tout ce qui porte atteinte �� sa d��licatesse exalt��e le fl��trit et le dess��che. Mais le
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